Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Le backlash suite à la menace de la CEDEAO

La CEDEAO fait face à une énorme réaction contre sa menace d’utiliser la force militaire pour inverser le coup d’État au Niger. En effet, la réaction et décisions mal réfléchies de la CEDEAO et surtout son inscription dans un rapport de force qui semble être imposé de l’extérieur ont réveillé l’esprit patriotique chez les nigériens. Les organisations syndicales et politiques du pays, ces derniers jours, ont toutes dénoncé l’approche militaire de la crise et appellent au sursaut patriotique.

Les dirigeants maliens et burkinabés ont juré de venir à la défense des militaires nigériens si la CEDEAO recourait à la force, ce qui laisse entrevoir la perspective d’un conflit régional majeur. La Guinée refuse d’appliquer les sanctions et certains pays comme l’Algérie continuent à avertir à propos de l’usage de la force militaire au Niger.

Les sanctions infligées par la CEDEAO aux nigériens ne reçoivent pas l’assentiment des peuples africains et surtout ceux de la sous-région. Aussi, la plupart des hommes politiques, des syndicalistes et des entrepreneurs bien que condamnant le coup d’état se désolidarisent des mesures de la CEDEAO contre le peuple nigérien et ils continuent à fustiger les sanctions de l’organisation qu’ils jugent contraire à la légalité ou sans base juridique. Ils considèrent les mesures suicidaires et pensent qu’elles ruineront l’économie des pays et rendra l’intégration économique difficile ou même impossible dans ces conditions. Le Bénin semble être la première victime de ces sanctions économiques. D’où la discrétion récente de son président. Les critiques affirment aussi que la coupure d’électricité au Niger sur ordre du Président Tinubu est en violation du traité qui avait permis au Nigeria de construire un barrage sur le fleuve Niger.

L’ultimatum avec un délai de sept jours était évidemment non réaliste étant donné que le Nigeria et les autres pays de l’organisation doivent non seulement obtenir l’approbation de leurs Parlements, mais aussi, celui de la CEDEAO avant le déploiement de toute force militaire. Entre temps, le Sénat nigérian a montré une forte opposition à une intervention militaire lors de sa session à propos du sujet, malgré le fait qu’il soit contrôlé par le parti du président Tinubu. La possibilité d’une guerre a également été condamnée dans tout le pays. Il est clair que M. Tinubu n’obtiendra pas le soutien de l’Assemblée nationale afin d’un déploiement de troupe, compte tenu de l’opposition à laquelle il est déjà confronté.

La CEDEAO doit rester fidèle à ses propres valeurs et à l’esprit de ses pères fondateurs. Il nous faut, pour cela, rester unis mais aussi maintenir une ambition collective intacte, une ambition pour continuer de transformer les pays de notre communauté face à la tentation de l’esprit de règle et de divisions, sur lesquelles se sont toujours appuyées les puissances étrangères pour 1

mieux asseoir leur domination. Nous ne devons jamais perdre de vue l’impératif d’unité de la sous-région que nous formons tous ensemble. Nous souffrirons tous des conséquences de notre échec si nous ne nous unissons pas pour répondre aux menaces et urgences dans nos sociétés comme de solides projets de sécurité nationale, de développement économique durable ou l’instauration d’une vraie culture démocratique.

L’un des moyens les plus importants d’accroître la démocratie et la sécurité est de chercher à améliorer la vie des peuples, à travers la sous-région, qui constatent que leurs gouvernements ne répondent plus à leurs besoins. Nos populations ne descendent dans les rues que pour exiger que les gouvernants répondent à leurs besoins fondamentaux, qu’ils donnent à chacun une chance équitable de réussir et qu’ils protègent leurs droits innés à la dignité et la sécurité. Et tandis que nous nous efforçons d’améliorer la vie de nos populations, nous devons travailler avec une détermination renouvelée pour mettre fin aux terrorismes et conflits qui causent tant de douleur et de souffrance dans nos pays. Nos forces militaires ne doivent pas être dirigées contre une nation sœur de notre communauté, mais plutôt contre le terrorisme qui continue à déstabiliser la sous-région. Il continue toujours à conduire à de nouveaux déplacements des populations, à de graves violations des droits de l’homme, à l’exacerbation des problèmes ethniques. Nous devons redoubler de diplomatie et nous engager à recourir à la négociation politique, et non à la violence militaire ou économique contre un pays frère, comme outil privilégié pour gérer les tensions dans notre sous régions. Nous devons rechercher un avenir de paix et de sécurité accrues pour tous les peuples de la CEDEAO. Dans la longue histoire de nos nations, il y eut des générations pour résister, d’autres pour reconstruire, nous devons être ceux qui étendrons la prospérité conquise.

Cheick Boucadry Traore

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance