Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères de la République française, a séjourné à Bamako, du 4 au 5 avril 2013. Au cours de son séjour, il a rencontré les autorités en charge de la transition et discuté avec les Présidents des partis politiques présents à l’Assemblée nationale. Mais, le clou de cette visite a été la conférence de presse qu’il a bien voulu animer en compagnie de son homologue malien.
« Dans un pays républicain et démocratique, il ne peut pas y avoir deux armées. Il y a une seule armée. C’est l’armée du Mali ». C’est en quelque sorte les propos que le ministre français des affaires étrangères de la France a tenus quand il parlait du MNLA, un groupe armée qui occupe Kidal. En venant au Mali, Laurent Fabius savait qu’il n’allait pas échapper à la question sur la situation de Kidal que personne n’arrive à comprendre aujourd’hui. Dans son soutien à l’armée malienne pour la libération des régions occupées par les Jihadistes au nord, l’armée française s’était toujours arrangée pour que les soldats français et les soldats maliens, entre en même temps dans les villes libérées. Ce fut le cas à Diabaly, Tombouctou et Gao, pour ne citer que ces exemples. Mais quand il s’est agi de la région de Kidal, les maliens n’ont eu leurs yeux pour constater que l’armée française a porté son choix sur les soldats tchadiens. Pourquoi, la France a décidé d’entrer dans la région de Kidal, sans des éléments de l’armée malienne, comme ce fut le cas pour Gao et Tombouctou ? Rares sont les Maliennes et Maliens qui ne se sont pas posé cette question, sans réponse. Face à l’ampleur que prenait cette question, les autorités militaires et administratives ont un moment cru rassurer les Maliens par l’argumentaire de manque de logistique.
Mais, aujourd’hui, avec la conférence de presse animée le 5 avril 2013 par Laurent Fabius, à la fin de son séjour bamakois, l’on en sait plus. Sans se prononcer sur les moyens logistiques de l’armée malienne, le ministre des affaires étrangères de la république française, a déclaré : « Quand vous avez 62 000 habitants dans une ville où un groupe armé en assure le contrôle, le maximum doit être fait pour que la situation évolue afin que Kidal retrouve la normalité et en même temps qu’il y ait le moins de perte humaine possible ». Il a ajouté : « Kidal fait partie du territoire malien », même s’il reconnait qu’ « il y a une situation spécifique qui est liée au fait qu’un groupe, le MNLA, y est présent avec des forces ».
Et pour mettre fin à toutes les supputations, il a indiqué que bien que les forces françaises sont présentes à Kidal, il n’y a aucune connexion entre elles et le MNLA. Et, pour effacer tout doute dans l’esprit des maliens quand au statut de Kidal où le MNLA parade sans inquiétude, le ministre française des affaires étrangères dira sans ambages : « Dans un pays républicain et démocratique, il ne peut pas y avoir deux armées. Il y a une seule armée, c’est l’armée malienne ». Convaincu qu’il ne sert à rien de se cacher la vérité, le ministre français dira, à propos de Kidal, qu’il y a un problème qui est posé. C’est, selon lui, celui de savoir comment arriver à une situation normalisée. En guise de réponse à cette question, il dira : « Nous pensons honnêtement, nous Français qu’il faut qu’il y ait un dialogue ». Selon lui les objectifs sont clairs : « dans un pays démocratique républicain, il ne peut pas y avoir deux armées. Il y a une seule armée qui est l’armée malienne. Et, le moment venu, il faudra que tout le monde, notamment le MNLA, remette les armes et accepte d’être cantonné et de renoncer à ses armes ».
Mieux, Laurent Fabius a indiqué qu’il y a un principe dans les discussions qui doivent avoir lieu. « Tous les partisans de ce dialogue doivent accepter l’intégrité du Mali », a-t-il ajouté. Mais, en même temps, il reconnait que pour arriver à ces solutions, : « entre gens de bonnes volonté qu’on puisse se parler ». Selon M. Fabius, la France sera en faveur de cette bonne volonté, car il a trouvé chez ses interlocuteurs la volonté de dialogue. « Le chemin est clair, c’est dans cette direction qu’il faut aller », a-t-il déclaré. « Il n’y aura pas de forces armées qui soient autonomes au Mali », même s’il admet qu’ « il peut y avoir des mouvements politiques libres de leurs idées. Cela est souhaitable ».
Pour que Kidal soit comme toutes les régions du Mali, sous le contrôle de l’Etat malien, le ministre français a été on ne peut plus clair : « Il faut que le chemin du dialogue soit trouvé ». Dans ses discussions avec les différents responsables, il a cru savoir que le dialogue existe déjà, même s’il n’est pas officialisé. « Souhaitons qu’il soit développé », a-t-il conclu. L’armée malienne ne libérera pas Kidal du joug du MNLA. La France a opté pour un dialogue politique pour la résolution de la question de Kidal. Et comme la commission dialogue et réconciliation a désormais ses trois premiers responsables, il n’y a pas de temps à perdre pour la nomination des autres membres afin que le dialogue commence officiellement pour voir Kidal revenir dans le giron national.
Assane Koné