Elle va, entre autres, faciliter la prise en charge rapide des personnes blessées lors d’un accident
Le programme de large bande nationale est en termes clairs, la modernisation des installations du gouvernement en fibre optique. Cette fibre est le médium de transmission du siècle par le simple fait qu’elle transmette l’information à la vitesse de la lumière avec un débit de transmission très élevé.
Dans notre pays, le gouvernement a (une décennie avant le Sommet connect africa de 2007), adopté le 27 juillet 1998 une Déclaration de Politique Sectorielle des Télécommunications (DPS) fixant les grandes orientations de la réforme du secteur. Elle a été enrichie le 18 juin 2000, en précisant les objectifs visant notamment à accroitre l’offre de services téléphoniques et en facilitant l’accès au plus grand nombre. Il s’agit également d’offrir des services variés et de bonne qualité à des prix concurrentiels ; et améliorer l’utilisation des fréquences.
Construire un réseau national de télécommunication fiable et connecté aux autoroutes de l’information ; et promouvoir les télécommunications comme secteur économique essentiel à l’essor de l’économie compétitive, ouverte au monde sont d’autres objectifs visés par l’initiative.
Conformément à cette vision et aux différentes politiques nationales de développement et recommandations des forums régionaux et internationaux, le Département chargé des télécommunications/Tic a élaboré et poursuit la mise en œuvre du programme de réalisation d’infrastructure nationale « Large Bande » pour relier toutes les grandes villes du Mali et
les pays voisins.
Le gouvernement de la République populaire de Chine à travers son « projet de modernisation du Réseau Optique et d’Information du Mali », est un partenaire de taille de notre pays. Ce projet qui est en cours de réalisation par la société Huawei concerne la construction de réseaux de fibre optique entre d’une part Bamako-Sikasso-Ségou et Sikasso-Zégoua (915 Km de fibre optique d’un réseau local de plus de 40 km à Bamako). Les travaux ont démarré en juillet 2012 et vont bon train à Sikasso. Dans cette localité, le projet est salué par la majorité des observateurs interrogés.
Habib Maïga est professeur de philosophie au Lycée. Pour lui c’est une avancée notoire surtout dans un pays en proie à l’insécurité : « je salue l’initiative par le fait qu’elle va faciliter la prise en charge rapide des personnes blessées lors d’un accident. Nous souhaitons que cela puisse réduire fortement la petite corruption sur les axes routiers, les tracasseries policières. Il faut aussi que ceux qui auront la charge du centre de contrôle soient compétents, efficaces et rigoureux. Dans les régions nord, il va falloir concentrer les attentions tant le contexte sécuritaire reste tendu. »
Surpris de la capacité technologique dont le gouvernement sera doté à travers le projet « Large Bande », Boubacar Sidibé, étudiant en communication, réagit : « C’est impressionnant d’être surveillé au Mali surtout en pleine circulation. Il y’a quelques années je ne croyais pas à cette éventualité de sitôt. »
D’autres observateurs sont plus attentifs quant aux possibles conséquences du projet de large bande. Aboubacarine Hama, chargé d’éducation et de formation du Cnj-Mali, magnifie l’initiative qui permet au Mali d’entrer de plain pied dans l’ère numérique. Mais il s’interroge sur l’atteinte à la vie privée que la surveillance peut causer. Et de facto, il pense qu’il est nécessaire de choisir, dès le début, des ressources humaines qualifiées, dignes de confiance, capables de tenir le secret professionnel dans les centres de surveillance.
Une fibre optique de 915 km. Nathan Li est le Directeur général adjoint de l’entreprise en charge de la réalisation technique du projet « Large Bande », Huawei. Selon lui, le projet va réaliser une infrastructure nationale à fibre optique de 915 km qui assure des liaisons à haut débit. « La société met à la disposition du Mali des applications variées aux besoins de l’Etat (solution de sécurité, PTT, vidéo surveillance, VOIP et vidéo conférence à distance) ».
En termes d’avantages il y’en a plusieurs. Sur le plan médical, des accidents de la route peuvent rapidement être pris en charge. En termes de trafic, les bouchons et les lieux d’embouteillages peuvent facilement être repérés. Elle va aussi favoriser la couverture des grands évènements », indique Nathan.
Parmi les équipements et infrastructures : des centres de surveillance, PTT Trustar (téléphones portables multi services) pour les policiers et militaires, des points de vidéo-surveillance (déjà à Bamako et Sikasso), des systèmes de vidéoconférence et des centre d’appel IP.
A travers les Trustars (PTT), les militaires comme les policiers pourront se tenir au courant des situations de sécurité et de trafic en combinant et échangeant avec les techniciens basés aux différents centres de surveillance pour la surveillance 24 heures sur 24. C’est le même cas avec les régions sensibles. Le système de télé-présence permet d’organiser la vidéo conférence à distance. Il se fait par le contact via VOIP, autrement dit la communication gratuite par réseau IP, de l’avis de Nathan Li.
Le chef en charge de la fibre optique au sein de la société précise que le projet va bénéficier largement au grand public : « Il s’agit par ce projet de désenclaver l’ouest comme le nord du pays en renforçant la communication mutuelle, en dotant l’Administration d’une infrastructure à large bande propre pouvant assurer le transport sécurisé des signaux, données, images, voix sur IP entre Bamako et les différentes capitales régionales avec une économie d’échelle importante sur le réseau, et en réservant la possibilité d’accès aux opérateurs principaux, entreprises, organisations sociales même au grand public et les faire en profiter. »
Le choix de Huawei Technologies Ltd n’est pas fortuit. Il est le premier équipementier de télécommunications au monde, le leader mondial des TIC. Huawei est présent dans plus de 170 pays à travers le monde, avec 28 centres d’innovation conjoints, 15 sièges régionaux, 45 centres de formation, 150 000 employés à travers le monde. Dans la sous-région, elle est présente au Sénégal, Gambie, Tchad, Niger, Guinée Bissau, Cap Vert, et le Mali où elle emploie 100 personnes.
Huawei ne traite pas seulement avec le gouvernement. Avec la Sotelma, il est chargé de la construction d’un réseau CDMA à Kayes en servant des services de voix et d’internet, de l’extension du réseau GSM et la modernisation du réseau de la société après la privatisation, d’une proportion de 80% dans le réseau de la Sotelma (Nokia-Simens 20%). Avec Orange Mali, il est chargé des extensions du réseau régulier, de la fourniture à 100% des équipements de Cœur Réseau, et à 50% de Radio (Alcatel-Lucent 50%).
Le développement des contenus et des applications « large bande » exige une grande largeur de bande et une infrastructure adaptée. Sans oublier la nécessité de mettre en œuvre une stratégie appropriée et un environnement adéquat propices à l’évolution des services et à la création de nouveaux contenus.
D’autres défis que ce programme de « large bande » entend relever incluent l’accès des services publics comme la santé et l’enseignement. Ils devraient tirer parti des connexions à grande vitesse, en particulier si l’accès en est étendu aux communautés rurales et aux groupes mal desservis. C’est bien cette vision que les autorités ont de la « large bande ».
Par ailleurs, la « Large Bande » fait son apparition à une époque où le potentiel de l’Internet n’a pas encore été pleinement exploité. De l’avis de plusieurs experts, l’Internet est déjà à l’origine de plusieurs applications nouvelles : navigation sur le web, messagerie instantanée, partage de fichiers, e-commerce, courrier électronique…
Ainsi, avec l’émergence de la « Large Bande » et ses connexions plus rapides, l’intégration des technologies de l’Internet dans la vie de tous les jours s’accélère. Elle offre en effet une qualité améliorée de l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication à des cibles élargies.
Alhoudourou A MAÏGA
SOURCE : L Essor