L’ancien président de la République du Mali de 2002 à 2012, Amadou Toumani Touré (ATT), a accordé une interview à l’Office des radiodiffusions et télévisions du Mali (ORTM), diffusée le lundi 21 septembre 2020. Dans cette interview de près d’une heure de temps, l’ex président ATT, qui a dirigé la transition au Mali en 1991, a parlé des atouts et des faiblesses du Mali. Comme atout, il a parlé de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) et comme faiblesse, il a mis l’accent sur les coups d’Etat interminables au Mali. « De 1960 à 2020, il y a eu 4 coups d’Etat, je suis très mal placé pour en parler, j’en ai fait et j’en ai subi. Je ne suis pas convaincu que c’est par les coups d’Etat que nous allons sortir notre pays du gouffre », a-t-il dit.
Répondant aux questions du directeur général de l’ORTM, Salif Sanogo, l’ex président Amadou Toumani Touré (ATT) a fait savoir que la bravoure au Mali est une vertu. Avant de préciser que l’histoire du Mali est riche. Parlant de la situation sécuritaire au Mali, ATT a indiqué qu’en 2006, il a tout fait pour convaincre ses homologues présidents de la sous région afin de trouver une solution transfrontalière aux problèmes transfrontaliers mais en vain. Ce n’est qu’en 2017, dit-il, soit 11 ans après que le G5 Sahel a pu être mis en place. Néanmoins, il a rappelé que le Mali a envoyé ses troupes par le passé pour assurer la paix dans des pays comme la Sierra Leone, le Libéria etc. Il a exprimé sa satisfaction par rapport à la réalisation des infrastructures routières, à l’accès à l’eau potable et à l’énergie pendant qu’il était au pouvoir de 2002 à 2012. A l’en croire, l’une de ses belles réalisations est l’Assurance maladie obligatoire (AMO). En plus de cela, ajoute-il, ce sont les logements sociaux. Pour ATT, la gestion de la transition est difficile. « J’ai fait la transition dans des conditions extrêmement difficiles, c’est pourquoi lorsque je vois tout le monde courir derrière la transition aujourd’hui, je suis surpris. Ils ne savent pas ce qu’il ya la-dans. Ce n’est pas facile. S’il ya un point où j’ai énormément souffert, c’est la transition au Mali. Le plus important ce que nous l’avons amenée au bon port. On ne fait pas le Mali avec la transition mais ce qu’on fait avec la transition, c’est d’aider à finir la transition. Finir la transition, c’est de mettre un président démocratiquement et convenablement élu », a-t-il dit. Par ailleurs, ATT a fait savoir qu’aucun effort ne sera épargné pour la libération de Soumaïla Cissé, enlevé le 25 mars 2020 dans le cercle de Niafunké (Région de Tombouctou) par les hommes armés. « Je remercie Soumaïla Cissé pour les 400 forages qu’il avait donnés à notre pays lorsqu’il était président en exercice de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine)», a-t-il souligné. A entendre parler ATT, l’une des tares du Mali est le coup d’Etat qui est antinomique à la démocratie. « De 1960 à 2020, il y a eu 4 coups d’Etat, je suis très mal placé pour en parler, j’en ai fait et j’en ai subi. Je ne suis pas convaincu que c’est par les coups d’Etat que nous allons sortir notre pays du gouffre. Il faut qu’on mène les débats jusqu’au bout. Mener les débats en partie et laisser les militaires venir régler notre problème, ce n’est pas une solution. Nous ne devons pas être aussi carrent de ne pas pouvoir mener un débat où nous devons trouver des réponses politiques aux questions politiques, mais lorsqu’on donne des réponses militaires à des questions politiques, c’est difficile à expliquer », a déclaré l’ancien président ATT qui a perpétré un putsch contre feu général Moussa Traoré le 26 mars 1991 avant d’être, à son tour, renversé le 22 mars 2012 par le capitaine Amadou Aya Sanogo. Pour la bonne organisation des scrutins au Mali, ATT a souhaité la mise en place d’un organe indépendant, correct et équipé. « Tout le problème que nous avons aujourd’hui, c’est la mauvaise organisation de nos élections. Et vous avez vu que la dernière a causé comme tort…Tant que le ministère organise, le gouvernement en place ne perdra jamais », a-t-il dit. Selon lui, un indépendant au Mali n’aurait pas dû gagner les élections. Il a mis l’accent sur la lutte contre la corruption en évoquant la mise en place du vérificateur général. « Tant qu’il y aura l’impunité, il y aura la corruption », a-t-il dit. Enfin, ATT a fait savoir que parmi les qualités que le président de la République doit avoir c’est l’exemplarité et la retenue.
Aguibou Sogodogo
Source: Journal le Républicain-Mali