Décidément, la machine des discussions inclusives inter-Maliennes semble grippée. Toute la communauté internationale et les amis du Mali tentent de tout faire pour la relancer, mais rien n’y fait. Après quatre jours de tractations, les pourparlers n’ont toujours pas débuté entre les représentants du gouvernement malien et ceux des groupes armés du nord. Prévus pour être lancés depuis le mardi après l’ouverture officielle effectuée la veille, ces échanges tardent à s’amorcer. Seule raison invoquée : l’absence de certains représentants des groupes armés notamment dans le camp des séparatistes. Ces derniers sont accusés par le camp adverse (celui proche des autorités maliennes) de saboter la rencontre en cherchant à gagner du temps.
Personne ne comprend donc les raisons réelles de ce retard qui devient interminable. Les différentes délégations présentes à Alger depuis dimanche 31 août n’ont toujours pas commencé les pourparlers proprement dits. Ils se croisent à longueur de journée, car tous logent dans le même hôtel, contrairement à la première phase des pourparlers où ils étaient hébergés dans des endroits différents. Seuls les représentants de la société civile malienne résident ailleurs. Officiellement, le retard observé est dû à l’absence de certains éléments de groupes armés issus de la coordination politique des mouvements de l’Azawad qui réunit le MNLA, le HCUA et le MAA).
Selon une source bien informée, ces derniers n’auraient aucun document de voyage en leur possession. D’où l’idée d’un sauf-conduit collectif que les partenaires aux discussions tentent de leur établir. C’est quand même étrange que seule cette coordination de séparatistes entraine un retard du processus.
Certains redoutent qu’il ne s’agisse d’une énième manœuvre dilatoire des séparatistes pour plomber ces discussions. Pourtant, des observateurs avertis estiment qu’il ne devrait pas y avoir de blocage car la première semaine concerne d’abord et avant tout les représentants de la société civile et des communautés à la base. Les vraies discussions entre le gouvernement et les groupes armés n’auront lieu qu’après. Approchés par nos soins, certains d’entre eux nous ont indiqué qu’au-delà des acteurs de la société civile dépêchés par le gouvernement, les groupes armés ont également leur propre société civile dont certains n’ont toujours pas pu faire le déplacement.
Les organisateurs espèrent, en tout cas, que les discussions pourront commencer ce jeudi 4 août. Pourtant, lors du lancement de ce second round des pourparlers, certains avaient souligné que c’est uniquement l’absence du patron du MNLA, Bilal Ag Cherif, qui préside la coordination de séparatistes, qui a entrainé le retard dans le démarrage des travaux. Ce dernier est arrivé depuis mardi et la situation n’a pas bougé d’un iota. C’est donc à des surenchères continues que semblent se livrer le groupe des séparatistes pour ne pas démarrer les pourparlers.
Dans son discours d’ouverture, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, dont le pays assure le chef de file de l’équipe de médiation, a souligné qu’au cours de cette seconde phase « des négociations substantielles » auront lieu.
Des questions cruciales pour ramener la paix dans notre septentrion doivent être évoquées conformément à la feuille de route à laquelle les parties sont parvenues les groupes armés lors de la première phase des pourparlers d’Alger, en juillet dernier. Est -ce la raison pour laquelle les séparatistes tentent de gagner du temps, considérant qu’ils sont en position de force depuis la visite du premier ministre Moussa Mara à Kidal le 17 mai dernier ? Rappelons que les participants à ces pourparlers sont appelés à se prononcer sur les quatre thématiques qui y seront développées et relatives aux questions politiques et institutionnelles, sécurité et défense, justice et réconciliation ainsi que le développement économique.
Des questions, certes, qui fâchent, mais qui ont le mérite de poser les vrais problèmes auxquels notre septentrion est confronté mais qui devraient permette d’aller vers une paix juste et durable.
Maciré DIOP, Envoyé spécial
SOURCE: L’Indépendant