70,13 milliards de francs CFA. C’est ce que l’État malien a perdu à cause de la corruption, selon le rapport du Bureau du Vérificateur général (BVG), en 2017. Cette somme, estime Ousmane Makaveli, aurait pu servir à construire des écoles, des hôpitaux…
La corruption est omniprésente dans notre société. Elle s’est tellement intégrée dans les pratiques que nous la trouvons normale et nécessaire. En réalité, c’est notre boite de pandore. Elle érode nos valeurs sociétales et empiète sur le développement du pays.
La démocratie offre de nombreux outils aux citoyens pour surveiller ou contribuer à la gouvernance. Ces outils, bien utilisés, permettent de réduire les travers de l’appareil d’État. La société civile peut et doit se les approprier afin de jouer un rôle de veille citoyenne pour freiner et dissuader des actes de corruption.
Mais, pour cela, elle doit, elle-même, servir de modèle d’intégrité, car contrairement à une idée répandue, la corruption ne concerne guère que les fonctionnaires. « Il est nécessaire que les Maliens améliorent leurs connaissances sur la loi et prennent conscience de leur responsabilité, estime Amadou Sy, consultant en diagnostic économique et financier. Un citoyen qui ne connait pas la loi est sans doute le client idéal pour le corrupteur. »
La nécessité d’une éducation à la citoyenneté
Cette nécessité repose sur l’urgence d’éveiller, chez les citoyens, le sentiment d’appartenance à la communauté, à la nation, et de développer en eux la volonté de participer à la vie démocratique. Cela implique, bien évidemment, une prise de conscience des droits et devoirs afin d’agir de manière responsable pour le bien de la communauté.
Nos valeurs sociétales comme le respect, l’intégrité et l’honnêteté sont à cultiver chez les plus jeunes et à rappeler aux plus âgées. Elles incitent et conditionnent au respect de la loi, motivent par l’idée de faire le bien plutôt que par peur des conséquences judiciaires.
La bonne marche de la démocratie implique la confiance et la collaboration entre citoyens et dirigeants. Et pour ce faire, les citoyens doivent êtres outillés pour bien comprendre les tenants et aboutissants de la démocratie ainsi que leur rôle de citoyens. Tout ceci passe par la vulgarisation de l’éducation politique. C’est seulement fort de ces valeurs sociétales et principes démocratiques que la société civile pourra être un rempart contre la corruption.
Le contrôle citoyen ou comment dire non à la corruption
Le contrôle citoyen de l’action publique est le fait de pouvoir demander aux représentants officiels, aux fournisseurs de services de rendre des comptes. Ce qui implique qu’ils doivent répondre de leurs politiques, de leurs actions et de l’utilisation des fonds.
C’est un droit de regard sur la gouvernance, les citoyens ou les organisations de la société civile ont ainsi le droit d’activer ce levier pour contrôler l’action publique et, ainsi, encourager les gouvernements et les collectivités locales à leur rendre compte.
Moussa Kondo directeur pays d’Accountability Lab travaille sur les questions de redevabilité. A travers son programme Integrity Idol, il célèbre les fonctionnaires intègres chaque année. « Les citoyens sont les premiers bénéficiaires des services apportés par les fonctionnaires donc les mieux aptes à juger de la qualité », explique-t-il.
Le contrôle citoyen de l’action publique favorise la participation des populations à la formulation, à la mise en œuvre et au suivi-évaluation des politiques de développement. Il instaure donc un cercle vertueux de responsabilité, de rigueur et d’intégrité quant à la gestion des affaires publiques. Le contrôle citoyen exige plus de transparence et de démocratie dans la vie publique de la nation.
Les initiatives citoyennes comme Kouloubamètre, Integrity Idol, Mon élu témoignent avec éloquence que la lutte contre la corruption est déjà en marche.