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La situation reste tendue à Bangui au lendemain d’affrontements

La tension restait vive jeudi à Bangui au lendemain d’une journée de violences marquée par la mort de soldats tchadiens de la Misca et par des affrontements meurtriers dans plusieurs quartiers de la capitale centrafricaine.

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Quarante-quatre corps ont été ramassés par la Croix-Rouge dans les rues de Bangui et le bilan pourrait encore s’alourdir, les organisations humanitaires n’ayant pu se rendre dans certaines parties de la ville, a averti Georgios Georgantas, chef de la délégation du Comité International de la Croix-Rouge (CICR).

“La violence a atteint un niveau extrêmement élevé”, a-t-il dit à Reuters au téléphone. “Nous avons été informés de la présence d’autres corps dans certaines parties de la ville auxquelles nous n’avons pas eu accès en raison de l’intensité des combats”.

Les quartiers de Miskine et de Boy-Rabe restent selon lui inaccessibles.

Le procureur de Bangui, Ghislain Grésenguet, a par la suite annoncé qu’une trentaine de cadavres avaient été découverts mercredi près du camp militaire de Roux, aux abords de la capitale.

“Certains corps étaient ligotés, certains avaient (…) de grosses plaies qui laissent entrevoir des tortures avant la mort”, a-t-il déclaré sur l’antenne de Radio France Internationale.

Plus de 50 personnes présentant des blessures par balles ou par machette ont été reçues depuis mercredi soir au principal hôpital de Bangui, a indiqué de son côté un représentant de Médecins sans Frontières (MSF).

Les quelque 4.000 soldats de la force africaine Misca et les 1.600 soldats français de la mission Sangaris déployés depuis début décembre en Centrafrique peinent à rétablir la sécurité dans ce pays plongé dans le chaos et les violences intercommunautaires depuis le mois de mars.

Mercredi, des soldats tchadiens ont été attaqués par des milices chrétiennes “anti-balaka” dans le quartier de Gobongo, près de l’aéroport, a dit à Reuters un porte-parole de la Misca, Eloi Yao. Cinq soldats sont morts sur le coup et un sixième a succombé à ses blessures jeudi matin, a-t-il ajouté.

PIC DE TENSION

Un journaliste de Reuters a vu les cadavres de trois civils gisant dans un quartier du nord de la ville où des combats ont été signalés mercredi.

Les Tchadiens sont accusés par une partie des Centrafricains de soutenir les ex-rebelles de la Séléka, à majorité musulmane, auteurs d’une série d’exactions depuis leur prise de pouvoir en mars dernier.

Des milices chrétiennes, les anti-balaka, se sont constituées pour se défendre face aux combattants de la Séléka et se sont elles-aussi livrées à “des atrocités”, selon Human Rights Watch (HRW).

Jeudi matin, plusieurs centaines de soldats français de la force Sangaris étaient déployés sur les principaux axes menant à l’aéroport et dans plusieurs quartiers de la capitale.

“Le dispositif global n’a pas changé, nous continuons de protéger un certain nombre de points fixes comme les quartiers où se trouvent nos ressortissants et l’aéroport, mais on s’adapte à la situation”, a dit à Reuters le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l’état-major des armées françaises.

“En raison des évènements survenus ces dernières 48 heures, nous avons réorienté l’effort sur les quartiers dans lesquels la tension a connu un pic, dans le quartier de Gobongo et le quartier de Bacongo”, près de l’aéroport, a-t-il ajouté.

Après plusieurs jours d’accalmie mi-décembre, les tensions intercommunautaires ont à nouveau dégénéré dans certains quartiers de la ville.

APPELS OECUMÉNIQUES

Dans une tribune publiée dans Le Monde daté de vendredi, l’archevêque de Bangui Mgr Dieudonné Nzapalainga et le président de la communauté islamique de la république centrafricaine, l’imam Omar Kobone Layama, mettent en garde contre une “dynamique irrépressible et dangereuse” si “rien n’est fait”.

“Si les forces françaises et africaines ont donné à notre pays la possibilité d’amorcer un nouveau départ, les progrès réalisés sont fragiles, et les troupes ne sauraient porter ce fardeau à elles seules”, estiment les deux responsables religieux.

“Seule une force onusienne de maintien de la paix disposera des ressources nécessaires pour protéger nos civils de manière satisfaisante”, disent-ils. “L’Onu devrait de toute urgence convenir d’envoyer sur place une telle force”.”

La résolution votée début décembre au Conseil de sécurité de l’Onu envisage la transformation éventuelle de la Misca en force de maintien de la paix de l’Onu quand les conditions le permettront et sous réserve d’un feu vert des Nations unies.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a trois mois pour préparer un rapport sur ce sujet.

A Paris, le colonel Jaron a indiqué que si aucune attaque coordonnée n’avait été lancée contre la force Sangaris, les soldats français essuyaient toutefois “des tirs sporadiques auxquels ils ripostaient à chaque reprise.”

SOURCE / REUTERS

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