La Russie, implicitement mise en cause, se prononce enfin sur le rapport de l’ONU relatif aux événements de Mourra en affirmant que c’était une nouvelle tentative politique motivée pour discréditer les efforts maliens de lutte contre l’extrémisme.
C’était à l’occasion de la réunion de sécurité des Nations unies sur l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel tenue le 16 mai à New York. Encore, cette rencontre n’a pas échappé aux passes d’armes comme d’habitude des États membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies sur la question des droits de l’homme.
La diplomate russe, Mme Anna M. EVSTIGNEEVA, au cours de cette rencontre, dans une déclaration à elle adressée, a d’abord indiqué que malgré les efforts le terrorisme demeure l’un des problèmes panafricains les plus urgents surtout dans la zone des trois frontières considérées comme l’épicentre de la violence.
« Nous comprenons les motivations du retrait du Mali du Groupe des cinq pays du Sahel et de sa Force conjointe (JFC), qui a entraîné une réduction significative des capacités politiques et militaires de la coalition. Dans ces conditions, une transformation profonde de l’approche de l’organisation de la coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme est nécessaire », a souligné la représentante adjointe de la Russie au conseil de sécurité.
Elle est convaincue que le rôle principal dans le maintien de la paix et de la sécurité au Sahel doit revenir aux États de la région, avec l’aide efficace de la communauté internationale.
De même, a-t-elle continué, l’assistance internationale fournie aux États du Sahel devrait être basée sur le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures, le respect de la souveraineté nationale et le principe “problèmes africains – solutions africaines”.
Selon elle, les États du Sahel devraient avoir le plein contrôle, non pas en théorie, mais en pratique, sur la prise de décision en matière de lutte contre les terroristes, car la situation en matière de sécurité est une priorité pour toutes les capitales sahéliennes.
« Lorsqu’il y a une menace terroriste, il y a une réponse militaire évidente qui nécessite une réaction rapide. Si un accord bilatéral entre les forces armées des pays est le plus efficace, il ne peut qu’être soutenu. Dans une telle situation, toutes les considérations politiques et plus encore géopolitiques passent au second plan », a-t-elle indiqué pour se défendre des accusations contre le rapprochement entre le Mali et son pays dans le cadre de la lutte contre le terroriste.
Ainsi, au cours de la réunion, elle n’a pas fait l’économie de répondre aux délégués de certains pays, dont les USA et la France qui indexent la Russie dans l’affaire dite de Mourra.
En effet, dans un rapport d’enquête de l’ONU publié le 12 mai, les forces armées maliennes et des forces étrangères, allusion faite aux russes, sont accusées d’avoir commis des exactions sur des civils.
Si le gouvernement malien a réagi le lendemain en qualifiant le document de ‘’rapport biaisé’’ reposant sur un ‘’récit fictif’’, la Russie, de son côté, estime que c’est une nouvelle tentative de dénigrement de son assistance au Mali et à d’autres pays du continent.
« Il semble d’ailleurs que ce soit désormais le thème principal des discours américains au Conseil de sécurité et le sujet favori des soi-disant “médias américains libres”. Il est regrettable que les États africains, dont le Mali, qui est aujourd’hui confronté à de graves défis dans tous les domaines, en particulier dans celui de la sécurité, soient également attaqués », a accusé la déléguée russe.
Pour elle, le rapport sur Mourra est une nouvelle tentative politiquement motivée pour discréditer les efforts maliens de lutte contre l’extrémisme.
Elle dit avoir l’impression que le HCDH, au lieu de s’engager directement avec le gouvernement du Mali de manière objective et impartiale pour établir les circonstances de ce qui s’est passé à Mourra, s’est rangé docilement à l’avis de certains pays qui ont exigé des résultats ici et maintenant.
Cela affecte, a-t-elle reproché, l’ensemble de l’enquête d’établissement des faits menée par le HCDH, qui repose sur le témoignage de personnes anonymes et sur le fameux critère du ” hors de tout doute raisonnable “. Sans parler du fait qu’aucun des experts qui ont préparé le rapport ne s’est rendu physiquement à Mourra.
PAR SIKOU BAH
Source ; Info Matin