Le principal événement, lors du sommet du G20 à Osaka, se tiendra en marge du forum.
Les présidents américain et chinois vont tenter de mettre fin à la guerre commerciale entre leurs deux pays.
Est-il encore possible de faire exister un forum multilatéral ? C’est bien l’enjeu du sommet du G20 qui s’ouvrira le 28 juin à Osaka, sous présidence japonaise. Ces grands sommets annuels rassemblent à la fois les grands pays industrialisés et les principaux émergents, comme l’Inde, l’Afrique du Sud ou la Chine. Durant deux jours, les chefs d’État doivent débattre au cours de sessions de travail au thème très large : emploi, développement, innovation, environnement…
Mais les yeux seront surtout tournés vers la rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, qui se tiendra en marge du sommet. Elle est présentée comme un moyen de mettre fin aux tensions économiques entre les États-Unis et la Chine.
La moitié des produits chinois surtaxés
Depuis son élection à la Maison-Blanche, en novembre 2016, le président américain a accru graduellement la pression sur son homologue chinois en exigeant un rééquilibrage des échanges commerciaux. Le déficit américain vis-à-vis de la Chine n’a cessé de se creuser pour atteindre le chiffre colossal de 378 milliards de dollars en 2018 (332 milliards d’euros). Parallèlement, les États-Unis reprochent à la Chine de fermer son marché aux entreprises américaines, de piller leur savoir-faire technologique et de fausser la concurrence en subventionnant largement les entreprises chinoises.
Fidèle à sa ligne de conduite, Donald Trump n’a qu’un objectif : « America first » (« L’Amérique d’abord »). Et pour se faire entendre des Chinois, il alterne les menaces envoyées via Twitter et les promesses de lendemains radieux.
Ses services ont orchestré une montée par paliers des taxes sur les produits chinois. Depuis mai 2019, la moitié des marchandises chinoises entrant aux États-Unis subissent une surtaxe de 25 %. De plus, il s’est attaqué au fleuron de la téléphonie, Huawei, pour lui interdire l’accès au marché américain.
Le risque d’une nouvelle escalade
Furieux mais déstabilisés par la vigueur de l’offensive américaine, les Chinois n’ont pas eu d’autre choix que d’adopter des surtaxes similaires, tout en tentant de maintenir ouvert un canal de discussion. Le rendez-vous d’Osaka doit mettre fin aux hostilités pour aller vers la signature d’un nouveau grand traité commercial. Mais en cas d’échec, il pourrait aussi marquer le début d’une nouvelle escalade.
Or cette tension entre Pékin et Washington a des conséquences sur l’ensemble de l’économie mondiale. Elle crée « des incertitudes permanentes à l’échelle du globe et un climat délétère pour la confiance et les investissements », selon Laurence Boone, économiste en chef de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui estime que cette crise pourrait coûter 0,6 point à la croissance mondiale.
Une « période difficile » pour le G20
Pour sortir de ce duel entre deux géants économiques, la France, tout comme le Japon, tente plutôt de promouvoir un dialogue multilatéral. Mais à Paris, on a conscience d’aller contre des vents contraires : « Nous voyons bien que le G20 traverse une période difficile, reconnaît l’Élysée. Il existe un risque que l’on se retrouve pour reprendre simplement les conclusions de l’année précédente, en tentant de les préserver… Or si le G20 ne sert plus qu’à cela, les citoyens vont un jour se poser la question de son utilité. »
Au G20, les Européens, qui ont cinq sièges (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni et UE), plaideront tous pour un renforcement du multilatéralisme et l’adoption de règles communes, avec un renforcement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ils auront le soutien du Canada, de l’Australie, du Mexique et du Japon. Mais il ne sera pas facile de faire entendre ce discours de la raison aux États-Unis de Donald Trump, au Brésil de Jair Bolsonaro ou même à l’Inde de Narendra Modi
Source: la-croix.com