Au Cameroun, le président Emmanuel Macron a proposé la régionalisation comme solution à la crise anglophone. Les séparatistes réclament leur indépendance.
Emmanuel Macron, était cette semaine au Cameroun pour la première étape de son voyage en Afrique. S’il s’est montré prudent sur la crise anglophone, une guerre civile qui ravage le pays depuis 2016 et qui a fait plus de 6.000 morts et plus d’un million de déplacés selon l’ONG International Crisis Group, il a toutefois prononcé une petite phrase qui a fait réagir au Cameroun.
“Je demeure convaincu que la régionalisation demeure la réponse à la crise qui affecte le Cameroun dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et que c’est par ce processus politique de dialogue, de réforme, qu’une solution durable pourra être trouvée”, a déclaré Emmanuel Macron au cours de sa visite au Cameroun.
Par ces mots prononcés ce mardi (26.07) à Yaoundé, Emmanuel Macron a présenté une possible solution dans la crise anglophone qui divise le pays.
Pas de fédéralisme
Il n’a pas prononcé le mot de fédéralisme, considéré comme tabou par le président Paul Biya, mais plutôt celui de régionalisation, une solution intermédiaire qui pourrait offrir plus d’autonomie aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest anglophones.
Un concept qui existe pourtant déjà et est considéré comme erroné par Simon Magloire Ntonga, analyste politique. Pour lui, ni le fédéralisme ni la régionalisation ne peuvent être une solution.
“La France elle-même a un groupe de revendication séparatiste qu’on appelle le mouvement corse de libération. Depuis lors, on n’a jamais vu la France passer au fédéralisme tout simplement parce qu’il y avait eu des émeutes ou mouvements de crise”, explique Simon Magloire Ntonga.
L’analyste politique ajoute qu’ “En réalité si ce n’est que s’arrêter au concept de fédéralisme, ça ne sert à rien parce que la décentralisation telle qu’amorcée par le Cameroun est déjà un mode de fédéralisme”.
Une autonomie jamais traduite dans les faits
En effet, les régions anglophones du Cameroun bénéficient, dans la Constitution de 1996, d’un statut spécial qui leur accorde en théorie une plus grande autonomie. Mais celle-ci, dans les faits, ne leur avait jamais été reconnue jusqu’au lendemain du dialogue national, en 2019, à partir duquel un véritable processus de décentralisation s’est mis en place.
Eric Leonel Loumou, conseiller stratégique et politique, estime pour sa part que le véritable message du président français réside dans une réforme nécessaire de l’Etat :
“Lorsqu’on parle de réforme, il s’agit de réforme soit d’une condition, soit d’un document… et ici la seule la seule chose qui pourrait être réformée c’est la Constitution et à deux niveaux. Dans un premier temps, sur la forme de l’Etat et dans un second temps, il ne reste plus que le partage du pouvoir avec l’institution d’un poste de vice-président. Maintenant comment cela va se faire ? Quels vont être les mécanismes ?”
En effet, le choix d’un vice-président issu des régions anglophones pourrait apaiser la crise actuelle et le sentiment d’injustice ressenti par les populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Mais jusqu’alors, le président Paul Biya a soigneusement évité de se prononcer sur cette question.
Source : DW