Le passage du projet de la Loi électorale du gouvernement devant le CNT qui a charcuté 92 de ses articulations continue d’être commenté. Cet épisode politique est vu par les uns comme une preuve de la maturation démocratique dans notre pays et par d’autres comme une alerte quant aux écueils nombreux qui hérissent le boulevard devant nous mener au retour à l’ordre constitutionnel normal. Des observateurs avisés ont, quant à eux, attiré l’attention sur le nécessaire fair-play dont doivent faire montre les acteurs politiques pour sauver l’essentiel : la République et l’État de droit. Ainsi, Cheick Sidi Diarra, diplomate chevronné qui a dans sa besace presque 40 de carrière l’ayant conduit au poste de secrétaire général adjoint des Nations-Unies, a donné un avis respectable dès le mercredi, 22 juin. Il a soutenu que “Malgré ses imperfections, cette Loi mérite d’être promulguée”. C’est ce que fera, en son âme et conscience, 48 heures après, le vendredi, 24 juin, le Chef de l’État, Colonel Assimi Goïta, alors que le Médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, se trouvait encore dans nos murs. Il serait intéressant pour nos concitoyens de lire la totalité du message de M. Diarra intitulé “Enfin une lueur d’espoir”.
Mais il convient, encore à présent, de rappeler les circonstances douloureuses dans lesquelles la Loi a été votée, qui ont consacré pratiquement une rupture entre deux institutions de la République ( la Primature et le CNT qui tient lieu de parlement ). Le vote de cette loi a mis à nu l’inimitié que le CNT, dans sa grande composante, a toujours porté au Premier ministre soupçonné de vouloir caporaliser la transition. Et cette guéguerre a mis, on le comprend, le chef de l’État dans une position délicate, un véritable guêpier d’où il est heureusement sorti avec une grande intelligence. En promulguant la Loi qui a suscité des commentaires rarement outranciers dans notre pays, le président Assimi Goïta à fait d’une pierre deux coups. Il est arrivé à calmer les ardeurs belliqueuses des partisans d’une fronde sans merci contre le Premier ministre et, en même temps, en maintenant celui-ci à son poste, au grand dam bien sûr des acteurs politiques traditionnels de l’équichier, il a signifié carrément à qui veut l’entendre qu’il garde toute sa confiance en ce dernier. De ce point de vue, Dr. Choguel Maïga n’a pas tout perdu malgré ce qui peut s’apparenter à une déconvenue politique, à un désaveu même. Beaucoup s’attendaient à son limogeage dans la foulée du vote et de la promulgation de la Loi électorale, mais son maintien à son poste lui permet de mesurer son poids réel dans l’architecture institutionnelle du pays et aussi de jauger sa côte d’amour et de considération auprès du Président Goïta qui s’est révélé être dans l’affaire un politique habile soucieux des équilibres. Finalement, bien que le projet de loi conçu par son gouvernement ait été laminé dans son essence, l’on peut affirmer que le Premier ministre s’en sort sans grands dommages et qu’il se retrouve même ragaillardi par l’épreuve. Le BLITZKRIEG que les politiciens ligués contre lui a lamentablement échoué. Après une longue bataille d’épithètes (PM clivant, partisan, pas neutre, etc.), ils y a eu contre lui plusieurs assauts mal pensés, et dernierement la bataille du M5-RFP radicalement engagée certes par de vieux dinausores politiques, mais qui ne sont malheureusement que des fantassins sans consistance politique et sans expérience à valider. Si ces politiciens obtenaient avec la guerre de la Loi électorale le départ de Choguel, Dieu seul sait si, dans les tout prochains mois, ce ne serzit pas la chasse à Assimi Goïta lui-même qu’ils auraient déclenchée, comptant sur les capacités de nuisance d’une France dont ils demeurent indeniablement les chevaux de Troie dans l’enceinte de la Transition. Le Colonel Goïta a montré qu’il sait prendre de la hauteur et se maintenir au dessus de la mêlée. Il reste donc, en tant que clé de voûte de toutes les institutions, la sentinelle vigilante en poste. Plutôt que de perdre leur temps à vouloir détruire Choguel, les partis politiques ont désormais intérêt à faire leur deuil d’une entrée dans le gouvernement de la Transition et consacrer alors leurs énergies à la conquête des électeurs qui les fuient comme s’ils ont le visage de la peste. Il n’est pas d’autre voie de salut pour eux.
Amadou N’Fa Diallo