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La culture du chef

Le contexte sociopolitique en Afrique se caractérise depuis plusieurs décennies par la persistance des tensions sociales ainsi que la récurrence de l’instabilité politique et institutionnelle qui alternent avec des courtes périodes d’accalmie.

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La culture du chef innerve la société et semble avoir été renforcée par l’édifice constitutionnel qui concentre l’essentiel des pouvoirs entre les mains du Chef de l’Etat. Aussi, chaque acteur du jeu politique ne songe qu’à être le « grand chef » pour « régner sans partage ».

La culture du chef est si prépondérante qu’elle pousse souvent les acteurs politiques à avoir un ego démesuré qui se traduirait par la tentation de toujours rejeter la responsabilité sur l’autre et d’inscrire ses relations avec les autres dans une logique de rapport des forces. Dans ces conditions, et quel que soit le régime, les rapports quotidiens entre le pouvoir et l’opposition reposeraient non pas sur les mécanismes de la démocratie, mais sur « la force ».

Le dispositif administratif et institutionnel d’Etat qui devrait défendre l’intérêt général en évitant les dérapages s’avère rarement efficace et apparaît lui-même comme domestiqué.

La logique du rapport des forces pousse ceux qui sont au pouvoir à exclure les autres de la gestion de l’Etat dans un contexte où ce dernier est perçu par les acteurs politiques comme une rente qu’il faut défendre à tout prix. Ceux qui s’engagent dans le jeu politique aux côtés d’un candidat ou d’un parti politique s’inscrivent pour l’essentiel dans la logique d’accéder à la rente en excluant les autres.

Par voie de conséquence et en règle générale, ceux qui accèdent au pouvoir ne songent qu’à accumuler des richesses en créant des injustices et des frustrations. Pour cela, ils s’appuient notamment sur le contrôle de l’administration, du secteur privé, de la justice, des forces de sécurité au moyen des armes redoutables que sont les nominations et la commande publique. La gestion du pouvoir devient ainsi une affaire « de vie ou de mort ».

Or, quand les uns « mangent » et que les autres les regardent, il ne peut pas y avoir de paix sociale. Les frustrations qui en résultent chez les exclus conjuguées au sentiment que le jeu politique est fermé poussent ceux-ci à souhaiter le pire. Un tel contexte a contribué ces dernières années, à développer chez certains acteurs, à tort, la perception des coups d’Etat comme une passation de pouvoir.

Les préoccupations des acteurs politiques semblent s’inscrire dans une vision réductrice de la démocratie en ce qu’elles se focalisent sur la conquête du pouvoir ou sa conservation.

Sambou Sissoko

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