La Commission européenne dénonce “la désinformation”, souligne la diminution drastique des arrivées de migrants, mais oublie qu’une nouvelle vague d’arrivées la laisserait pareillement désemparée.
Dimitris Avramopoulos est en colère. “Au milieu de la dénformation, des contrevérités et des fausses informations, il est parfois difficile de savoir ce qui se passe réellement quand il s’agit de migration en Europe”, a déclaré mercredi le commissaire européen chargé justement des migrations. Selon lui, il est temps de dire que la crise migratoire est finie.
Deux fois moins de demandes d’asile
Le commissaire a raison. La migration vers l’Union européenne est “revenue aux niveaux de 2013”, très loin des pics atteints lors de la crise de 2015.
Le nombre de demandes d’asile dans l’UE est tombé à 634 700 en 2018, en baisse de 10 % sur l’année précédente. Au plus fort de la crise, il a culminé à 1,4 million en 2015. L’agence européenne Frontex faisait récemment le même constat de diminution drastique des flux à propos des entrées illégales.
Pression maintenue sur l’Espagne
Frontex pointait cependant un point faible en Espagne. Le nombre de passages illégaux en Méditerranée occidentale a doublé l’année dernière pour dépasser 57 000. Et le nombre pourrait encore augmenter, cette route étant désormais privilégiée par les migrants de l’Afrique subsaharienne, qui passaient auparavant par la Méditerranée centrale vers l’Italie.
“La migration est toujours en tête de l’agenda politique”, reconnaît le commissaire Dimitris Avramopoulos. Surtout en Espagne, où se tiennent des élections législatives le 28 avril. Le parti d’extrême droite Vox, déjà donné à plus de 10% dans les sondages, fera ce qu’il faut pour maintenir le sujet dans l’agenda.
Nouveau risque en Syrie
Ce n’est pas la seule menace pointée par Frontex. L’agence avertit du risque d’un “nouvel afflux de migrants de grande ampleur” venus de Syrie. Et plus précisément du dernier réduit des islamistes dans la région d’Idlib, sous le feu des forces du régime de Bachar el-Assad et de son allié Vladimir Poutine.
Et l’Europe n’est pas prête. Les ministres de l’Intérieur ont constaté jeudi l’échec de l’Union à adopter le paquet de mesures décidées après la crise de 2015. Pas de réforme du droit d’asile, pas d’entente entre Etats sur la répartition des réfugiés…
“Ce dont nous avons besoin, c’est de volonté politique, nous ne pouvons pas continuer à compter sur des mesures ad hoc”, avait admis dès mercredi Dimitris Avramopoulos. C’était juste reconnaître que l’Union serait démunie si le flux de migrants reprenait. la crise est finie ? Elle est peut-être devant nous.