Une maxime nous enseigne « dis mois qui tu fréquentes je te dirai qui tu es ». Par analogie, la circulation malienne révèle, dans bien des cas, les caractères intrinsèques au quotidien de la population malienne. Rien qu’à voir l’état de la circulation routière à Bamako. On se croit au marché.
En effet, un étranger qui arrive dans un pays se fait, à priori, une première idée de ce pays à travers l’état de sa circulation routière. Bien évidemment, cette circulation routière le renseigne sur le degré de civisme et d’organisation de la société. Mais, aussi, les vrais caractères des citoyens de ce pays.
En guise d’illustration, les circulations routières de certains pays comme la Chine, le Vietnam, le Ghana, le Burkina Faso, etc. donnent leurs degrés de civisme.
Quelqu’un te dira non c’est parce qu’on est pauvre ou pays sous-développé, alors quid du Burkina Faso, du Ghana, tout près ! Ces pays ne sont-ils pas semblables au nôtre ? Sommes-nous pas tous interpellés à quelque niveau que ce soit ?
En clair, la circulation routière à Bamako donne très souvent l’impression d’une chienlit dans laquelle les taximans, les sotramas, et les motocyclistes (ou les djakartas) s’adonnent à une véritable foire d’empoigne pour passer le premier parce que tout le monde est soit disant pressé. On retrouve, en conséquence, des injures par ici, des injures par là. Des altercations verbales par ici et par là. Des constats de policier en pleine circulation par ici et par là. Des goudrons trouillés par ici et par là. Des déchets par ici et par là. Des vendeurs par ici et par là. Des mendiants ça et là. Des piétons qui traversent n’importent où et n’importe comment. Des sifflets de policiers ça et là. Des gros porteurs défaillant qui bloquent toute une circulation à des heures de pointes. Des motos trois roues, qui débordent partout, dont les chauffeurs connaissent à peine les codes de la route. Des chauffards ayant des permis de conduire douteux. Le tout sous un soleil ardent accompagné d’une chaleur de plomb. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour arriver à des situations d’énervement, d’altercations et de conflits routiers.
Par ailleurs, ce désordre à tous les niveaux (autorités et usagers) aboutit aussi malheureusement à des cas d’accident graves qui, toutefois, avec une petite dose de civisme, de patience et de tolérance mutuelle permettrait de fortement réduire le taux d’accident journalier.
A y voir de plus près, on détecte un état d’esprit d’ensemble du malien qui se matérialise sous ces formes sus évoquées (impatience, manque de tolérance, et incivisme routier).
Dans le cas bamakois, le constat qui s’impose est que la circulation routière, est évidement caractérisée par le manque d’infrastructures routières, le manque d’organisation routière, l’incivisme des conducteurs, le manque de patience et de tolérance des conducteurs, etc.
A ce titre, le problème se pose à deux niveaux (Autorités et Citoyens) avec des responsabilités, bien entendu, partagées. Le premier niveau « Autorités » concerne la construction et la mise en l’état des infrastructures routières ; l’organisation de la circulation routière ; la formation des usagers de la circulation routière et une bonne politique d’urbanisation de la ville. Il s’agit ici d’une mission permanente, de nos autorités, de mobiliser les ressources adéquates pour financer les constructions d’infrastructures routières et leurs entretiens surtout à l’approche de la période hivernale. Quant à l’organisation de la circulation routière, elle demande plus de policiers sur le terrain ou plus de feux tricolores à différentes intersections de la ville. La formation des usagers de la circulation routière doit s’inscrire dans une action d’éducation et de formation permanente (le civisme routier permanent : autorités et citoyens). Enfin, concernant la politique d’urbanisation de la ville, son application sur le terrain doit correspondre aux grands axes définis et au schéma directeur d’urbanisation dégagé.
Le second niveau « Citoyens » met en relief le civisme routier c’est-à-dire le respect des codes de la route, la patience, la tolérance, le port de casques pour les motocyclistes, le respect des horaires de sortie pour les gros porteurs, etc.
Ce point est très important car il repose sur le comportement des usagers de la circulation routière au delà des prescriptions des codes de la route. Les uns et les autres doivent s’armer de bons sens dans la vie quotidienne en fait la promotion du respect de l’autre. Le citoyen doit aussi s’informer et se former en permanence aux bonnes pratiques issues des codes de la route. En somme, on comprend aisément que nos autorités ainsi que les citoyens doivent s’impliquer ensemble davantage pour que notre circulation reflète une bonne image de nous-mêmes. La pauvreté n’explique pas tout car un adage nous apprend qu’on ne peut pas verser le bébé avec l’eau du bain. Tout n’est pas mauvais. Tout n’est pas lié au sous-développement. Justement, le développement est avant tout un état d’esprit, un changement de mentalité et de comportement, et in fine, les infrastructures suivront. Le Mali est une société de grandes valeurs historiques fondamentalement basée sur les vertus du travail.
Donc, la construction de ce pays revient indubitablement aux citoyens et aux autorités du Mali. Ensemble, nous construirons un lendemain meilleur pour les futures générations. Ainsi va la vie. Nul ne construira ce pays à notre place. Ressaisissons-nous pendant qu’il est encore temps !!!
Tidiani SIDIBE.