Rien ne va plus au Mali croupissant sous des lourdes sanctions le pays de Soundiata Keita traverse aujourd’hui l’une des crises les plus graves depuis son indépendance. Si la crise sécuritaire ne date pas de l’après coup d’Etat, il est incontestable que l’économie malienne est entrée en récession en 2020 à cause non seulement de la pandémie, de la faible performance agricole ainsi que de la crise sociopolitique. Elle connaît aujourd’hui un changement négatif voir plus chaotique avec la suspension des décaissements de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD). Cette nouvelle avait été annoncée par le ministre de l’Economie et des finances, Alhousseiny Sanou, le 14 avril 2022. Les raisons avancées par le ministre Sanou est sans nul doute l’accumulation des échéances au titre du service de la dette publique pendant plus de 45 jours à cause du gel des avoirs du Mali à la BCEAO empêchant toutes transactions bancaires avec l’extérieur.
Dans une correspondance adressée aux coordinateurs des projets financés par les deux institutions. Cette décision qui est la suite logique des sanctions infligées au Mali par la CEDEAO et l’UEMOA impactera négativement le quotidien des maliens et surtout l’Économie du pays et ses Finances. Cette nouvelle serait celle qui aura un impact sur le plan socioéconomique surtout dans pays asphyxié. Pour rappel, le Mali est déjà sur le banc de suspendus voire des exclus dans beaucoup d’institution comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine (UA) ou encore l’organisation de la Francophonie. Toutes ces institutions et organisations exigent un retour à l’ordre constitutionnel. Cette lourde sentence de la banque mondiale est-elle prononcée voire faite à dessein pour parachever l’économie malienne déjà en agoni ?
Cependant, la Banque mondiale s’occupe du développement dans notre pays avec des engagements financiers de plus de 2 milliards de dollars US, soit approximativement mille milliards de francs CFA représentant la moitié du budget de l’Etat. Cette enveloppe couvre 31 opérations en cours d’exécution dans des secteurs comme l’éducation, la santé, l’agriculture, l’énergie, les transports, les infrastructures.
Quant à la BAD, elle intervient dans 25 opérations pour 488 milliards de francs CFA touchant le transport routier, l’agriculture, la gouvernance, l’énergie, l’industrie, l’eau, l’assainissement. A-t-on besoin de rappeler que de son adhésion à cette banque en 1964 à ce jour, que ce sont 118 projets qu’elle a financés au Mali pour un montant de 1500 milliards de francs CFA.
En effet, Ces montants sont les chiffres globaux que ces institutions financières ont dépensés au Mali comme pour dire que le trou abyssal qu’elles laisseront sera difficile à être comblé pour ne pas dire qu’elles sont irremplaçables surtout dans le contexte actuel marqué par une crise multidimensionnelle. Autrement dit la suspension des décaissements des deux institutions financières que sont la BM et la BAD met un coup d’arrêt à tous les projets de développement du Mali et surtout le bien-être de ses populations
Cette décision de la Banque mondiale renvoie le Mali et les institutions régionales dos à dos en s’appuyant sur les mesures économiques et financières à l’encontre du Mali pour suspendre ses décaissements. La décision de l’institution financière peut créer un effet « boule de neige » auprès des autres bailleurs comme (FMI, Banque africaine de développement, etc.) et des partenaires bilatéraux, notamment les investisseurs dans les secteurs minier et agricole.
Si l’inflation est devenue un phénomène mondial à cause de la guerre Russo- Ukrainienne et qui a sérieusement impacté l’économie mondiale, les sanctions cumulées de la CEDEAO et de l’UEMOA plus maintenant celle de la banque mondiale, asphyxieront l’économie malienne. Elles auront également pour conséquences la flambée des prix surtout dans le domaine du transport, des matières premières, des pièces de rechange, et surtout des denrées de première nécessité. Comme pour dire que des entreprises maliennes iront en faillite, et mettront la clé sous le paillasson, si ce n’est déjà le cas pour un grand nombre d’entre elles. Une autre conséquence serait le chômage de masse des, jeunes et même des adultes ayant perdu leurs emplois et ils seront des potentiels candidats et des proies faciles au recrutement des terroristes cette situation est à prendre au sérieux.
Qu’il soit dit en passant cette situation n’arrange personne à commencer par l’Etat lui-même qui ne sera confronté à d’énormes difficultés comme entre autres la diminution drastique de ses ressources douanières et fiscales et à son inaccessibilité au marché financier sous régional pas d’emprunts auprès de la BOAD , de la BIDC et pas d’émissions de bons du trésor. L’on se rappelle que depuis le coup d’Etat du 18 Août 202., beaucoup de bailleurs bilatéraux ont arrêté d’intervenir au Mali.
En somme, la situation financière du Mali est très critique. Le Mali a besoin aujourd’hui que les sanctions étouffantes des deux organisations ouest-africaines contre lui soient levées, sans plus tarder. Les autorités de la transition doivent agir dans ce sens. Ce n’est plus un choix pour elles mais une obligation pressante.
Assitan DIAKITE
Source : L’Alternance