Dans une tribune intitulée «Lettre ouverte à la jeunesse malienne», au regard de l’ampleur de la détresse que celle-ci vit, le Président du Mouvement pour un Destin commun (Modec) non moins ancien ministre et ancien député, Konimba Sidibé, fait plusieurs interpellations.
«En passant devant un commissariat l’autre jour, mes larmes ont brusquement coulé, quand j’ai vu une foule dense de jeunes en rang serré (dont de nombreuses jeunes filles assises ou couchées par terre, totalement épuisées apparemment par de longues heures d’attente, depuis l’aube pour beaucoup m’a t-on dit) juste pour avoir un document administratif. A quelle fin ? Juste pour passer des concours de recrutement dans les forces de défense et de sécurité… ».
Selon Konimba Sidibé, trois ans après la grande ferveur, née de la chute du régime du Président Ibrahim Boubacar Kéita, «Nous sommes loin de la mesure réelle de l’ampleur de la détresse que vit notre jeunesse. Une véritable «bombe sociale» si elle devrait rester en l’état pendant des années encore !!! », avertit-il.
A ses dires, «le bout du tunnel, dans cette longue traversée de la nuit par le Mali : nous n’en verrons jamais la couleur si la gouvernance du pays reste en l’état. L’assourdissant vacarme terrorisant des mercenaires, sur les réseaux sociaux, la propagande de souverainistes à deux sous, les mensonges savamment distillées et la terreur organisée n’y changeront rien».
L’ancien ministre appelle les jeunes du Mali à se poser des questions simples. «Depuis trois ans de transition qu’est-ce qui a vraiment changé dans ma vie ainsi que dans celle de mes parents, camarades, amis et simples connaissances ? Où en sommes-nous avec les injustices et inégalités criardes, la corruption et l’impunité qui font des ravages dans notre pays depuis des décennies ? Ai-je aujourd’hui plus de chances de mener une vie meilleure, qu’au cours des décennies passées, chances d’accès à l’éducation, à la santé, à l’eau potable, à l’électricité, à la justice dans les tribunaux, et tout simplement de meilleures chances de joindre les deux bouts ? » Pour répondre à ces questions, il appelle les jeunes à faire leur bilan personnel sans se laisser influencer par personne.
‘’Ce que je reproche aux autorités de transition dans tout ça ?’’
«Ce que je reproche aux autorités de transition dans tout ça, ce n’est pas d’en être la cause, mais c’est surtout d’avoir maintenu la gouvernance du pays dans cette voie qui prive notre pays et notre jeunesse d’avenir depuis des décennies, la voie de l’effondrement programmé du pays. D’avoir fait rater une occasion historique de mettre les prédateurs de notre pays hors d’état de nuire et jeté notre révolution refondatrice dans les poubelles de l’histoire. Je ne doute pas qu’il y’ait parmi les élites dirigeantes de cette transition (civiles et militaires) d’authentiques patriotes comme dans toutes les catégories socio- professionnelles du pays), mais ma conviction est que sa frange prédatrice de ressources publiques reste largement hégémonique, (dominante) comme par le passé».
Il appelle la jeunesse à sortir des lamentations et gémissements, afin de prendre son destin en main. «Sachez que les critiques stériles, les lamentations et gémissements en privé, ne changeront rien à votre situation dramatique. Sachez que CE PAYS EST A VOUS car vous représentez plus de 75 % de sa population et IL NE SERA QUE CE QUE VOUS EN FEREZ ! Sortez de l’instrumentalisation dans laquelle vous êtes enfermés par les gouvernants depuis des décennies, sortez de la peur et PRENEZ VOTRE DESTIN EN MAIN, SOYEZ LES SUJETS ACTIFS DE VOTRE HISTOIRE, ET D’UNE NOUVELLE AVENTURE GLORIEUSE POUR LE MALI. ENGAGEZ-VOUS POUR VOUS- MEMES ET POUR LE MALI. AGISSEZ POUR L’AVENEMENT DU MALIKURA», conclut-il.
Chiaka Doumbia
Le challenger