Le cauchemar de Barkhane est le genre de mobilisation qui a eu lieu à Mopti contre la présence des forces étrangères au Mali. Comme pour apaiser les esprits, on a appris que l’armée malienne avec la force Barkhane a infligé une lourde perte aux terroristes. C’est dire que le statut de Kidal qui est savamment organisé par les troupes françaises ne pourra pas être levé sans le soulèvement de la population.
La France a beau aimé s’ériger en protectrice de « supposés Touareg opprimés », elle éprouve une grande gêne d’être contestée par les populations civiles dans la rue. Ange gardien de la ville de Kidal, Barkhane ne se décidera à lever les obstacles à la présence militaire du Mali dans la ville que si les Maliens étalaient aux yeux du monde entier que les soldats français ne sont plus les bienvenus sur le territoire malien.
Ce qui s’est passé à Mopti n’est que l’avant-goût de ce qui attend les forces étrangères, principalement Barkhane. D’ailleurs, certains slogans des manifestants en disent long sur l’intention de la population locale d’en découdre avec soldats de la Minusma et de Barkhane. Chaque fois que de lourdes pertes seront infligées aux soldats maliens, l’homme de la rue s’en prendra aux forces internationales.
Avant Mopti, il y a eu Bamako où le même discours hostile aux forces étrangères a été servi aux jeunes sortis massivement pour un meeting de soutien aux soldats maliens. Réunis sur l’esplanade de la Bourse du travail de Bamako en septembre dernier, des jeunes avaient promis de saccager des biens appartenant à des entreprises françaises dont Total et Orange. Cette rencontre s’est tenue dans la foulée d’attaques graves contre le Mali.
Malheureusement, les responsables de Barkhane n’ont pas su tirer Les leçons de certaines déclarations qui étaient les prémices de ce qui s’est passé à Sévaré. La Minusma qui aussi visée n’a pas vu venir cette fronde populaire qui ne cesse de s’agrandir. Même après l’incendie du matériel de la Minusma à Sévaré par la population, rien n’indique que les protagonistes ont pris conscience de l’émergence d’un nouveau front.
Cette fronde est menée par de simples citoyens fatigués de compter les morts dans leurs villages et villes alors que des forces disposant d’armements sophistiqués semblent les narguer. La France et l’ONU ont laissé la situation pourrir au Mali à tel point que la théorie du complot qui faisait rire certains est devenue une conviction ferme, même pour les sceptiques. Et la situation n’est pas sur la voie d’être inversée.
Les organisations de jeunesse et de la société civile s’organisent actuellement en vue de libérer Kidal du joug des milices indépendantistes. On ignore encore comment ils vont s’y prendre, mais du Nord au Sud du Mali, il y aura des actions pour que les lignes bougent. Rien ni personne ne semble dérouter les jeunes, mêmes les assurances données par les autorités maliennes qui ont promis que ce qui s’est passé à Sévaré ne se reproduira plus
La Sirène