Au lieu d’être une source de bonheur, les ressources minières font aujourd’hui le malheur des habitants de Kéniéba. Et pour cause : les mercenaires chinois ont décidé de rendre la vie plus dure aux populations qui n’ont que leurs yeux pour pleurer. Comment ?
« Si les habitants de Kéniéba avaient le pouvoir de faire disparaitre toutes les ressources minières que regorge leur sous-sol, je peux vous confirmer qu’ils ne réfléchiraient pas deux fois pour le faire, tant il est aujourd’hui difficile de vivre dans cette contrée », confie un membre de la famille autochtone de la ville.
A en croire notre interlocuteur, depuis l’arrivée en grande masse des orpailleurs chinois dans la ville, Kéniéba est devenue invivable pour ses habitants qui côtoient les maladies et la vie chère. Kéniéba est devenu un enfer pour ses populations. « Car, ces Chinois impérialistes sont différents des orpailleurs ordinaires. Ce sont des vraies entreprises minières déguisées en orpailleurs. Ils disposent des matériels très sophistiqués qu’un orpailleur ordinaire ne peut s’octroyer », explique notre interlocuteur.
Selon lui, les Chinois, avec la bénédiction de certaines autorités communales qui leur offrent des permis au détriment des populations autochtones, ont transformé Kéniéba en un empire chinois. Incroyable ! « Les Chinois se croient même être les propriétaires des lieux. Ils n’ont peur de personne. Ils n’écoutent personne. Ils n’ont d’yeux que pour leur profit. De ce fait, ils s’attaquent violemment à notre environnement, à nos champs, à nos femmes et enfants. Et il n’y a personne pour les arrêter », regrette le membre de la famille fondatrice de Kéniéba.
Pour rappel, le lundi 12 avril 2021, lors d’une conférence de presse à la Maison
de la presse de Bamako, les membres de l’association « Ba Dambé » et plusieurs autres associations du cercle de Kéniéba, ainsi que leur avocat, dénonçaient l’attitude des entreprises minières chinoises qui, selon les habitants, sont en train de dépasser les bornes en se comportant en maitre des lieux, au vu et au su des autorités maliennes.
Au cours de cette conférence de presse, la présidente de Ba Dambé de
Kéniéba, Mariam Niagaré Diallo, affirmait que les Chinois règnent en maitres absolus dans le cercle de Kéniéba, et dictent leur loi à la population locale. Selon elle, ils exploitent les sites qu’ils veulent, utilisent les produits dangereux pour la santé humaine et animale, tels que le cyanure, le mercure et autres.
Au regard de l’ampleur de l’agression de l’environnement, Mariam Niagaré Diallo s’exprimait en ces termes : « A ce rythme, la ville de Kéniéba est appelée un jour à disparaitre de la carte du Mali ».
A l’en croire, les Chinois sont en train d’accaparer tous les moyens de survie des populations locales. « Les Chinois exploitent le lit du fleuve et utilisent tous les produits nuisibles à l’environnement et ont même osé toucher aux espaces réservés aux jardins maraîchers des femmes de Camarala, dans la commune rurale de Faraba », a expliqué Mariam Niagaré Diallo.
A cela s’ajoute le fait que les Chinois ont provoqué la vie chère dans la commune de Kéniéba. « Logements, nourritures…, tout est actuellement cher dans cette ville », c’est le cri du cœur d’un fonctionnaire en service dans la localité. Selon cet agent de l’Etat, si servir à l’intérieur du pays est un privilège pour un fonctionnaire au point de vue des avantages qu’il peut en bénéficier de par le coût de la vie, c’est loin d’être le cas à Kéniéba. La mort dans l’âme, il est obligé de payer le loyer plus cher qu’à Bamako. Il est donc urgent que l’Etat prenne ses responsabilités avant qu’il ne soit trop tard.
Moussa Diarra
Source: La lettre du Peuple