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Kémi Séba : « Le franc CFA permet à l’oligarchie française et aux serviteurs de la Françafrique de prospérer »

Alors que jeudi 31 août, à l’Élysée, les présidents français et ivoirien ont réaffirmé leur attachement à la zone franc et souhaité son extension à tout l’espace CEDEO, Kémi Séba, militant anti-impérialiste relaxé la semaine dernière pour avoir brûlé un billet de CFA, appelle à une gigantesque mobilisation en réponse aux « vautours » qui défendent cette « servitude monétaire ».

Kemi Seba ong urgence panafricaniste

Il a répondu aux questions de Journal du Mali mardi dernier, alors qu’il venait d’apprendre que le ministère de la justice sénégalais faisait appel de sa décision de relaxe. Le lendemain, 06 septembre, il était de nouveau arrêté par la justice sénégalaise qui l’a expulsé manu militari vers la France.

 Le ministère de la Justice sénégalais à fait appel mardi matin de la relaxe décidée par les tribunaux à votre endroit. Comment réagissez-vous à cette nouvelle ?

C’est à mon sens lié à l’appel à la mobilisation que nous avons lancé pour le 16 septembre prochain, qui sera la plus grosse mobilisation de l’histoire contre le franc CFA sur le continent africain, mais aussi dans la diaspora, pour protester contre le néo-colonialisme émanant des élites politiques françaises. Quand j’ai été relaxé, ils pensaient que j’allais cesser le combat. Mais, à partir du moment où le Président ivoirien Alassane Ouattara, en partenariat avec le Président Macron, ont clamé leur volonté d’étendre le franc CFA à la CEDEAO, méprisant par là même les peuples qui s’opposent à cette servitude monétaire, cela nous pousse à lancer une nouvelle mobilisation et à faire notre possible pour que les voix des peuple soient entendues. C’est de la légitime défense.

Pourquoi, selon vous, le Président Alassane Ouattara, ainsi que d’autres, se posent-ils en défenseurs du franc CFA ?

Le franc CFA est quelque chose qui apporte à ces vautours un certain nombre de recettes substantielles, via les comptes d’opérations, et en aucun cas ils ne voudront couper le cordon. Car c’est ce cordon du franc CFA qui permet à l’oligarchie française et aux serviteurs de la Françafrique de prospérer, sur bon nombre de plans.

La solution pourrait-elle passer, comme évoqué par le Président Macron, par une « modernisation » du franc CFA ?

C’est comme moderniser les chaînes qu’ils nous font porter, en y mettant de la peinture dorée. Le peuple africain ne veut plus de servitude. Nous ne voulons pas de modernisation de la servitude, nous voulons la briser. C’est pour cela que la proposition de Macron, qui est peut-être vu comme progressiste, contrairement à celle de son serviteur Alassane Ouattara, qui est scandaleuse, n’est pas acceptable. Nous voulons une rupture définitive et complète d’avec ce franc CFA, une monnaie frappée chez nous, qui ne soit plus liée à la France, une monnaie africaine. Nous nous battrons pour cela.

Certains avancent que sortir du franc CFA pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les économies de ces pays ?

Il y a évidemment des scénarios catastrophiques, parce que le franc CFA est stable, qu’il est garanti par la France, qu’il a une homogénéité, une stabilité, sur un certain nombre de points. De la même façon, à l’époque de l’esclavage, il y avait une stabilité pour les esclaves, trois repas garantis, ce qui pouvait leur faire redouter de prendre leur liberté de peur de ne pas parvenir à se nourrir eux-mêmes. Mais il mieux vaut vivre libre dans l’incertitude que vivre dans le silence en étant dans un régime d’oppression.

Le projet de monnaie unique de la CEDEAO a été de nouveau repoussé. Y souscriviez-vous ?

On attendait de voir ce que cela allait apporter, s’il y allait avoir une rupture réelle d’avec le franc CFA, mais il y avait un grand manque de transparence. C’était un problème central. Mais, pour l’instant, on a aucun élément de réponse, a fortiori maintenant que ce projet a été de nouveau repoussé, alors que Alassane Ouattara veut étendre le franc CFA aux pays anglophones. Comme si on avait besoin de ça aujourd’hui !

Il y aura une grande mobilisation anti-CFA le 16 septembre. Nous ne comptez pas brûler des billets de CFA de nouveau ?

Ce n’est pas le projet. On a mis sur nos affiches un billet brûlé parce que c’est devenu le symbole d’une révolution. Le but n’est pas de lancer un appel à brûler des billets, mais de se mobiliser, avec toute la force et la pression sociale nécessaires, contre ce satané franc CFA et la servitude monétaire qu’il symbolise.

 

Source: journaldumali

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