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Kadiolo : L’ORPAILLAGE, NUISIBLE A LA NATURE MAIS LUCRATIF A COURT TERME

Le cercle de Kadiolo compte une dizaine de sites d’orpaillage installées dans les communes de Misseni et Fourou. On dénombre des milliers d’individus, hommes et femmes, de nationalités malienne et étrangère, travaillant dans ces placers. Force est de constater que l’orpaillage, malgré ses conséquences néfastes sur l’environnement, a permis de réduire l’émigration des jeunes ruraux de la contrée vers les pays voisins. Au terme des travaux champêtres, les jeunes agriculteurs allaient travailler dans les plantations ivoiriennes afin d’aider leurs familles restées sur place. L’aventure ayant ses aléas, certains jeunes ont disparu dans les plantations ivoiriennes suite à des maltraitances.

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Dans le cercle de Kadiolo, ces dernières années, le trafic d’enfants entre la localité et les pays frontaliers se fait rare et a même tendance à disparaitre. Les familles n’ont plus besoin d’envoyer leurs enfants dans les pays voisins. Ils préfèrent les voir travailler dans les sites d’orpaillage où on peut gagner plus d’argent qu’à l’étranger.
Ainsi, beaucoup de jeunes diplômés évoluent aujourd’hui dans les sites d’orpaillage. Sans compter les jeunes ruraux qui parviennent à équiper leurs familles avec du matériel agricole performant avec l’argent gagné dans les mines artisanales.
Malgré tous les problèmes socio sanitaires, sécuritaires et environnementaux soulevés par les sites, les orpailleurs contribuent au développement de leurs communes respectives. Les responsables des communes concernées par l’orpaillage peuvent difficilement soutenir le contraire. Les données statistiques recueillies auprès des experts de la géologie et des mines, établissent que l’orpaillage produit 3 à 4 tonnes d’or par an malgré son caractère informel.
Mais du fait des dégâts considérables causés à l’environnement par cette activité, le gouvernement a décidé en 2010 de déguerpir manu militari les orpailleurs de la forêt classée de Lougani, dénommée site de Massiogo dans la commune de Misseni. L’orpaillage se développe, en effet, aux dépens de la flore et de la faune, avec le creusement de placers et la destruction des arbres de toutes les espèces.
Mais l’opération de déguerpissement, destinée à protéger la forêt classée, n’a pas permis de réparer les dégâts écologiques. Pire, la forêt classée de Lougani est à nouveau occupée par des orpailleurs depuis janvier dernier.
Cette situation aurait pu être évitée grâce aux recommandations du forum sur la réglementation de l’orpaillage organisé les 18, 19 et 20 septembre 2014 à Bamako. Cette rencontre visait à faire de l’orpaillage une activité génératrice de revenus financiers au niveau local, régional et national et même un levier du développement.
A l’issue de ses travaux, le forum avait formulé des recommandations sur l’application d’un ensemble de mesures relatives à la sécurité, à l’amélioration du cadre réglementaire et institutionnel, à la gestion de l’environnement des sites d’orpaillage, au respect des règles de sécurité et d’hygiène, au renforcement des capacités des acteurs et à la mise en place d’un programme d’accompagnement socio-économique des orpailleurs.
Le protocole de collaboration, signé le 20 mai 2014 entre la direction nationale des Eaux et forêts et la Chambre des mines du Mali, participait aussi de la volonté d’encadrer l’activité de l’orpaillage afin de limiter son impact négatif sur la nature.
L’application rapide des recommandations du forum et des termes du protocole pourrait permettre aux acteurs de la protection de l’environnement de réhabiliter les zones dégradées par l’orpaillage, et à l’Etat de tirer davantage profit des ressources de l’orpaillage et de réduire le chômage des jeunes.

C. BATHILY
AMAP-Kadiolo

source : L Essor

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