La problématique de développement communautaire est une réalité qui affecte plusieurs localités maliennes. Kaarta-Bagué en est un exemple en la matière. C’est pourquoi ses ressortissants ont dénoncé cette situation dont ils sont victimes depuis plusieurs décennies.
Situé dans la région de Kita, Kaarta-Bagué est un ensemble d’une dizaine de villages constitués majoritairement des Malinké et Kaakolo. Il s’agit de Kourounikoto, Sarangolé, Badinka, Farena, Dindanko, guétala, Kobokoto, Seroumé, Blissibougou, Sagafing et Garangou. Cette localité de plusieurs milliers d’âmes souffre du manque d’infrastructures scolaires, sanitaires, et routières. Et à la place de l’Etat, ce sont les ressortissants de la localité résidents à l’étranger qui se donnent la lourde tâche de prendre en charge les questions de développement de leur terroir.
Par leur engagement et attachement à leur localité d’origine, les expatriés de Kaarta-Bagué s’organisent pour financer des infrastructures sociales de bases. “Chaque année, les ressortissants de Kaarta-Bagué cotisent et financent les actions de développement dans leurs villages, que ce soit les centres de santé, les forages et même les ambulances. Ils contribuent à tous les niveaux, même les banques de céréale dans les différents villages sont financées par les expatriés”, témoigne Békaye Kéita, ressortissant de Kourounikoto.
Face à cette situation de laisser pour compte et compte tenu de l’enclavement de la localité, les populations interpellent l’Etat. “L’Etat malien a oublié le Kaarta, nous, on ne peut pas imaginer que le Kaarta soit toujours à la traîne et que l’Etat s’en moque éperdument. C’est une situation révoltante que l’Etat doit parer rapidement”, prévient l’enfant de Kourounikoto.
Moussa Kéita, cet enseignant de Garangou va plus loin et nous informe que tout ce qui est fait à Kaarta est l’œuvre de ses ressortissants. “Si vous voyez que nous sommes heureux ici, c’est grâce à la solidarité de nos ressortissants résidents à l’étranger qui font tout pour améliorer notre qualité de vie en construisant des écoles, des CSCom, et même des forages et des puits à grand diamètre”.
Manque de classes et d’enseignants
Les salles de classes construites par l’Etat dans le Kaarta-Bagué généralement dates de la période coloniale et très peu après l’indépendance. A cela, s’ajoute le manque cruel d’enseignants pour les dix villages de Kaarta-Bagué. Face ces situations, c’est encore les expatriés qui prennent en charge le plus gros des travaux en finançant la réalisation des salles de classe dans les villages de Kaarta-Bagué. “A part quelques écoles construites par le colonisateur et l’ANICT, toutes les autres salles de classes ont été construites par les expatriés. Nous pouvons même dire que les colons ont mieux fait que l’Etat malien ici à Kaarta-Bagué en la matière”, a déclaré Békaye Kéita, ressortissant de Kourounikoto.
Le manque de classes et d’enseignants font que Kaarta-Bagué vit une situation particulière dans l’instruction des enfants. La majorité des villages s’en sortent de cette insuffisance avec la double division. Cette pratique très en mode dans la localité. Autrement dit, un seul enseignant a en charge, les cours de deux classes dans une salle et en même temps. La situation de Seroumé est une situation particulière dans la localité. Fort de ses six classes, le Village Kaakolo ne dispose que de deux enseignants pour tous les cours. A ces problèmes s’ajoute la non-couverture de la zone par les réseaux téléphoniques.
Inverser la tendance
L’une des préoccupations des ressortissants de la localité, précisément ceux de France, c’est d’inverser cette malheureuse tendance dans leur localité. Pour ce faire, ils décident de se réunir en association dénommée “Kaarta initiative pour le développement” (Kaarta ID) afin d’engager des actions de développement dans leur localité.
Pour réussir leur combat, l’association s’investit en un premier temps dans l’éducation à travers leur programme de distribution des fournitures scolaires aux élèves des dix écoles de Kaarta-Bagué. Ce programme intitulé Fourni’sco a permis de distribuer gratuitement 7 000 cahiers, autant de stylos et 3500 crayons de papier.
L’équipe de distribution avait la lourde tâche de sensibiliser les parents sur l’importance de l’école. Le but est qu’ils puissent inscrire leurs enfants à l’école et maintenir ceux qui s’y trouvent. Ici, dans l’entendement des membres de Kaarta ID, la scolarisation est le soubassement de tout développement.
Youssouf Coulibaly