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Justice malienne : Le Juge Ali Badara Bouaré de Nara fait ce qu’il veut !

Nara, chef-lieu du cercle, situé à 370 Km de Bamako, devient la forteresse de l’impunité et de la médiocrité. Et pour cause. Ali Badara Bouaré, Juge de Paix à Compétence Etendue de Nara semble complètement ignorer la morale judiciaire. Quoique  la constitution du Mali à son article 1, stipule que « ‘’tous les Hommes naissent libres  égaux en dignité et en devoir». Enquête.

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En retour d’une visite de terrain effectué par un journaliste du Soft, il est question de tout sauf la justice à Nara.

Vendredi 04 Décembre 2015, il est 10h12 minutes à Nara. Dans les locaux du tribunal et du bureau ouverts du palais de justice de la ville, règne un silence de cimetière. Il apparait que ni le juge, ni le greffier, encore moins la secrétaire n’avait encore regagné le bureau.

En ville où les commentaires vont bon train sur le caractère absurde de la méthode du Juge, les jugements sont parfois très sévères. Des jugements quelquefois endurcis par des victimes de ce qu’ils y appellent « les frasques d’un juge injuste ».

A les écouter,  au lieu de faire régner la vraie justice entre Citoyens,  pour favoriser la paix et la cohésion dans sa zone de service, l’évocation du simple nom du Juge Ali Badara sème panique, suscite désolation,  pessimisme et la méfiance au sein de la population par le fait de l’injustice de la justice qu’il pratique sur place.

L’argent et l’arrogance font la loi à Nara

En somme, les témoignages recueillis des Narois et périphéries à différents niveaux sociaux, illustrent aisément  l’image d’une justice à double vitesse où le pauvre a toujours tort.

« Depuis que Monsieur Bouaré est venu à Nara, la justice a cessé d’être juste même si son prédécesseur aussi à commis des gaffes », se désole un habitant de Nara dans l’anonymat.

A Goumbou, c’est la libération en catimini de Bassy Coulibaly, voleur de grand chemin qui va susciter l’alerte. Ce dernier se déguise en transporteur pour emporter du bétail d’autrui. Il avait été arrêté par la Brigade territoriale puis remis à la justice pour avoir volé du bétail des habitants de Mourdiah et de Koïra qu’il a vendu dans deux pays voisins. Quelques jours après, il sera libéré sous instruction du Juge Bouaré sans aucune forme de procès ou de dédommagement de ses victimes.

Dans la même série, deux (2) voleurs de bétail répondant au nom de Cheicknè et de Yamahelo furent également relâchés par le juge contre des sommes d’argent, nous a-t-on informés. « C’est le juge en personne qui conseilla aux voleurs de se rabattre en Mauritanie voisine ».

Nous sommes ici chez le chef du village de Koïra (village natal de Séssé Komé, le promoteur de l’Hôtel Radisson Blu), répondant au nom de Bakorè Komé s’insurge. Il nous a reçus après s’être rassuré que les plus hautes autorités du pays le liront.

LE CHEF DU VILLAGE DE KOÏRA INTERPELLE LE CHEF DE L’ETAT

« Si le Président de la République n’intervient pas… je te jure que le Juge Ali Badara Bouaré n’a pas peur de Dieu, mais il pourrait avoir peur de ses chefs hiérarchiques qui peuvent le faire muter, s’indigne le Vieux, qui ajoute, je n’ai plus confiance à nos autorités lorsque les étrangers viennent commettre des forfaits chez nous et notre justice les couvre au détriment des autochtones qui ont, de surcroit, raison. Tout cela parce que ces premiers payent de l’argent et les victimes ne sont pas dédommagés. Deux (2) Mauritaniens (Cheicknè et Yamahelo) sont venus voler notre cheptel ici à Koïra. Ils ont pris 5 bœufs, plusieurs moutons, chèvres et boucs dont on ne connait même plus le nombre. Voilà qu’ils sont relâchés pour une première fois. A leur seconde forfaiture, ils ont été arrêtés par les jeunes du village qui voulaient les lyncher. C’est moi-même qui leur ai dit de les remettre à la justice et le juge se permet de les relâcher et de leur dire de rentrer chez eux en Mauritanie. Je suis vieux et plus enclin vers la tombe que la vie mais je jure qu’à une prochaine fois, je n’interviendrai pas et les jeunes du village agiront comme bon leur semble… ».

Voilà encore comment les paisibles populations de Nara de son Excellence Pr Dioncounda Traoré, du Contrôleur Général de Police Niamé Keïta et du Général Siriman Chef d’Etat-major des Armées (CEMA) sont des souffre-douleurs des jougs de la justice de chez eux.

En témoigne aussi l’affaire du puits à grand diamètre de Garne El Graique dans la commune rurale de Guiré C/Nara. Il s’agit d’un litige entre la population de Garne El Graique et Hamed Ould Billal Mouck, dit Hamed Billal, un Mauritanien qui s’est approprié du seul puits du village de sa mère (Malienne).

Dans une correspondance datant du 20 novembre 2015 adressée au juge de Nara, le chef du village de Garne El Graique avec Mohamed Lemine Ould Talib, Mohamed Lemine Ould Salim, Hadramé Ould Lackadaff, Ely Ould Messoudé et Baba Ahmed Ould Abeid, tous conseillers du village de Garne El Graique, certifient au juge que Hamed Billal n’a jamais été propriétaire du terrain où le puits est creusé, en contestation du jugement N°404 du 1er Octobre 2015 du tribunal administratif de Bamako fait à leur insu.

Dans la même correspondance, ils (chef du village et conseillers) disent que le père de Hamed Billal est venu de la Mauritanie et que le chef du village d’antan (Ely Mouck) lui a donné sa fille en mariage (la sœur cadette de l’actuel chef de village) Hindel Moctar Mouck. C’est de cette union qu’est né Hamed Billal et de ce fait, il ne peut être propriétaire des terres sur lesquelles est creusé un puits car ces terres également n’appartiennent pas à sa mère qu’il peut hériter si fait.

Tenez bien. C’est à la suite du jugement N°33 du 04 Avril 2014 attestant l’appartenance dudit puits à Hamed Billal, que le conseil de village conteste et dit que le terrain appartient au village et non à Monsieur Hamed Billal.

Malgré tout, le juge Bouaré lui, avait fait retrait de droit de propriétaire du puits aux villageois au profit du Sieur Hamed Billal (Mauritanien). Ce dernier refuse aux villageois de s’en approvisionner en eau.

Par la suite, le conseil du village s’est vu dans l’obligation de creuser un autre puits à Zerick (Hameau dudit village). Pour les en empêcher, Hamed Billal aurait versé une forte somme d’argent  alors que les travaux du puits avaient atteint soixante-sept (67) mètres de profondeur au péril de leur vie pour avoir de l’eau. Plus loin, le juge a ordonné de fermer le puits, malgré les différentes correspondances qui lui ont été adressées pour attester de la légitimité du puits par voies hiérarchiques. Notamment, la lettre N° 5259 PR-K du 15 juin 2015 du Procureur de la République près le tribunal de 1ère instance de Kati au Préfet du cercle de Nara ordonnant le creusage du puits arrêté par le juge de Nara le sommant à ne pas s’interférer dans les affaires administratives, fait prévu et puni par l’article 83 du code pénal.

Il nous revient que dans la même correspondance, le Procureur Général, évoquant l’importance du puits dans la zone, a demandé au préfet, autorité de tutelle de bien vouloir demander au maire de Guiré de poursuivre les travaux de creusement du puits dans le hameau de Zérick, au lieu indiqué. Chose que le préfet fera en référence à la lettre N 15-027 PCNA du 18 juin 2015 qu’il a adressée au maire de la commune rurale de Guiré. Ce faisant, le maire ordonna à Monsieur Hindel Moctar Mouck représentant la tribu Zinabzé (Garne El Graique) de continuer avec le creusement du puits qui avait été fermé par le juge sur demande du Mauritanien Hamed Billal. Sans succès.

En dépit de toutes ces correspondances, le juge de Nara fait front et s’oppose. Et jusque-là, le puits dont Le Soft a photo, est fermé sans connaitre une poursuite de travaux de creusage tel qu’il est souhaité par le procureur et les populations locales.

Affaire à suivre…

Sinaly M Daou

Source: Soft Hebdo

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