«Promouvoir les chaines de valeur régionales en Afrique, un moyen pour accélérer la transformation structurale, l’industrialisation et la production pharmaceutique», tel était le thème international de la Journée industrielle de l’Afrique, célébrée la semaine dernière. Parallèlement, un thème national adapté à notre contexte et aux enjeux actuels a fait l’objet de réflexion entre les acteurs du secteur public et privé à travers le concept «Made in Mali».
Dans le cadre de l’événement, des débats ont eu lieu, samedi dernier, au Parc des Expositions de Bamako sous la présidence du ministre de la Réforme de l’Administration et de la Transparence de la vie publique, Safia Boly, représentant le Premier ministre. Etaient également présents, le ministre du Développement industriel et de la Promotion des Investissements, Moulaye Ahmed Boubacar, le président de l’Organisation patronale des industriels,(OPI), Cyril Achkar, la représentante pays de l’ONUDI, Sow Habi Traoré, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, Youssouf Bathily et de nombreux autres invités.
Deux panels de haut niveau ont été organisés avec une session technique et une session institutionnelle sur le concept «Made in Mali». L’événement a été marqué par la projection d’un film qui a plongé l’assistance dans l’univers des industriels maliens et une communication de l’ONUDI sur le thème international. Selon la représentante pays de l’ONUDI, Traoré Habi Sow, il s’agit aujourd’hui pour l’Afrique de jeter les bases pour l’atteinte des objectifs du développement durable 9, intitulé «bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation». Ce thème vise également l’atteinte de l’objectif 3.8 des ODD intitulé «accès à des médicaments et vaccins sûrs équitables de qualité à un coût abordable pour tous», a t-elle ajouté.
Plusieurs questions relatives à la protection des produits fabriqués localement, à la lutte contre la concurrence déloyale, à la protection du «Made in Mali», au concept Made in Mali, aux potentialités et atouts du Mali non exploités ont été soulevées. Il s’est agi pour les conférenciers de promouvoir la production locale, de mettre en exergue le génie industriel malien qu’il importe d’encourager et surtout de valoriser par le canal d’une consommation locale plus structurée. Concernant les atouts et potentialités non exploités, les panélistes ont cité, entre autres, l’or (premier produit d’exportation du pays et gros contributeur à l’économie) et le coton.
Le Mali, possède aussi l’un des cheptels les plus importants dans la zone Afrique de l’ouest. Il dispose d’un patrimoine touristique merveilleux et divers et d’un savoir faire mondialement reconnu dans l’Artisanat. Pour eux, tout est là, mais il faut agir pour que le Made in Mali devienne une réalité. Les panélistes ont par ailleurs, déploré que 50% des besoins en riz de notre pays soient importés, 80% des besoins en sucre aussi. Le pays importe également 50.000 tonnes de lait en poudre par an et 80% de son huile alimentaire. Il compte par ailleurs moins d’un millier d’unités industrielles, contre 3 à 5 fois plus dans des pays voisins.
Le ministre du Développement industriel et de la Promotion des Investissements a rappelé les actions entreprises par le gouvernement pour la redynamisation et le développement de nos industries à travers la création de l’Agence malienne de normalisation et de promotion de la qualité (AMANORM), du Bureau de restructuration et de mise à niveau des entreprises industrielles (BRMN), du Centre malien de promotion de la propriété industrielle (CEMAPI) et de l’Agence pour la promotion des investissements (API). Il a souligné l’amélioration du climat des affaires avec l’adoption de la loi sur les BTP et la loi d’orientation du secteur privé.
«Sans industrialisation, il n’y a pas de développement», a-t-il dit. «Nous sommes un pays essentiellement agricole et dans notre politique budgétaire les autorités ont accordé 15% du budget national à l’agriculture. Le Made in Mali, c’est aussi pour que le secteur agricole soit exploité. Le Mali a suffisamment d’espace, d’eau, une population jeune et nous sommes des agriculteurs à 85-90%», a-t-il ajouté. Par ailleurs, Moulaye Ahmed Boubacar a remercié les organisateurs avant de réaffirmer que son département ne ménagera aucun effort pour accompagner le développement industriel au Mali.
De son côté, le ministre de la Réforme de l’Administration et de la Transparence de la vie publique a, elle, estimé que la promotion de l’industrie va non seulement aider à la création de richesses, mais aussi permettre l’accomplissement des fonctions régaliennes de l’Etat. Safia Boly a félicité les organisateurs pour la bonne organisation de la journée.
Amadou GUÉGUÉRÉ
L’Essor