Un record historique : le nombre de personnes fuyant la guerre et les conflits internes est de 68,5 millions à travers le monde. Sur ce chiffre, on distingue 40 millions de déplacés internes, 25,4 millions de réfugiés et 3,1 millions de demandeurs d’asile. Cette information a été donnée par la représentante du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), Angèle Djohossou lors de la conférence sur « la problématique de la protection des réfugiés et déplacés internes dans le Sahel », tenue vendredi dernier à l’hôtel Sheraton.
Organisée par la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), cette rencontre s’inscrivait dans le cadre de la célébration de la Journée de l’Afrique, fêtée le 25 mai de chaque année. Pour rappel, cette journée a été instituée le 26 mai 1963 lors de la signature de la Charte de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue depuis 2002, Union africaine (UA).
L’ouverture de la rencontre a été présidée par le ministre de l’Intégration africaine, Me Baber Gano, en présence de son collègue en charge de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, Hamadou Konaté. L’on notait également la présence du Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya et de plusieurs diplomates.
Dans ses propos introductifs, Pierre Buyoya a d’abord indiqué que le Sahel est aujourd’hui la région la plus troublée de l’Afrique. « C’est aussi la région où la question des réfugiés et des déplacés internes dépasse toutes les limites», a ajouté le Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel.
« En organisant cette conférence, notre objectif est de partager l’information et au-delà, sensibiliser tous les acteurs pour que cette question soit prise en compte et que les populations concernées bénéficient de l’assistance nécessaire », a expliqué M. Buyoya.
Dans la même lancée, le ministre de l’Intégration africaine a estimé que le rythme actuel d’augmentation du nombre des réfugiés et des personnes déplacées internes au Mali est sans précédent. Les principales causes de cet accroissement exponentiel, a indiqué Me Baber Gano, restent essentiellement le niveau élevé de l’insécurité consécutif surtout au terrorisme, à l’extrémisme violent, aux nombreux conflits armés, aux effets néfastes du changement climatiques et à la persistance de l’extrême pauvreté.
Selon le ministre Gano, le Sahel est, de nos jours, au centre des préoccupations du monde entier et constitue à la fois une zone de passage, de tous les dangers pour les candidats à l’immigration clandestine et l’épicentre brûlant du péril terroriste qui plonge la région dans une instabilité chronique.
C’est là que se trouve la pertinence de la création du G5 Sahel qui a pour objectif de garantir des conditions de développement et de sécurité dans les espaces des pays membres, d’offrir un cadre stratégique d’intervention permettant d’améliorer les conditions de vie des populations, d’allier le développement et la sécurité, etc.
Par ailleurs, Me Baber Gano a estimé qu’en plus de la sécurisation physique des réfugiés et des personnes déplacées internes au Sahel, la création des conditions idoines leur permettant d’exercer les activités génératrices de revenus est d’une impérieuse nécessité.
Aussi, a souligné le ministre Baber Gano, les pays hôtes doivent veiller scrupuleusement sur leurs droits humains fondamentaux. Il a assuré ensuite que son département ne ménagera aucun effort pour s’assurer de la mise en œuvre intégrale des textes régionaux et sous-régionaux en faveur des réfugiés et personnes déplacées internes du Sahel, particulièrement la Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique.
Il convient de rappeler que 137.975 réfugiés maliens vivent encore au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger.
Le lendemain, samedi, toujours dans le cadre des festivités de la Journée de l’Afrique, la Misahel a offert, au même lieu, un cocktail – réception au corps diplomatique. C’était en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé Dramé, de son collègue en charge de la Défense et des Anciens combattants, Ibrahima Dahirou Dembélé, du Haut représentant du président de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya et de plusieurs autres personnalités.
Après l’exécution de l’hymne national du Mali et celui de l’Union africaine, Pierre Buyoya a retracé l’historique de la Journée de l’Afrique, avant d’apprécier l’Accord politique de gouvernance qui a été signé entre le Premier ministre et la classe politique, afin de répondre dans l’unité à la situation particulière que vit le pays.
« L’Union africaine est prête à donner sa contribution dans la consolidation de cette approche», a assuré le Haut représentant du président de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel. Pierre Buyoya s’est ensuite réjoui du fait que cet Accord politique donne une place de choix à l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger.
A sa suite, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a estimé que le 25 mai, c’est la Journée de l’Afrique, de l’unité africaine et de libération de l’Afrique « parce qu’à cette date là, à Addis-Abeba, se sont retrouvé les représentants des 32 Etats africains indépendants qui, en créant l’Organisation de l’unité africaine, ont concrétisé le rêve d’union des peuples africains et de leur prolongement à travers le monde (la diaspora africaine)».
Par ailleurs, Tiébilé Dramé est revenu sur la crise du Mali, tout en estimant que celle-ci se manifeste aujourd’hui sous la forme d’attaques terroristes multiples sur plusieurs parties de notre territoire. Devant cette réalité, le monde s’est mobilisé autour du Mali. « Les acteurs politiques maliens, prenant la mesure, de cette mobilisation internationale et la mesure des menaces qui pèsent sur notre pays se sont entendus autour d’un accord politique de gouvernance contenant une feuille de route », a expliqué le ministre Dramé. Cette feuille de route, a-t-il ajouté, place les principales préoccupations du Mali au cœur de l’action du gouvernement.
Bembablin
Doumbia