Les initiateurs de la Rentrée littéraire, dans le cadre du 10ème anniversaire de leur évènement culturel, ont organisé, vendredi dernier à la Maison de la presse, une conférence de presse animée par le journaliste et écrivain Edwy Plenel, membre fondateur de la presse en ligne «Mediapart», sur le thème de la rentrée littéraire en rapport avec la presse, en particulier, et le rôle du journaliste au sein de sa société, en général.
C’était en présence de plusieurs journalistes, écrivains, mais aussi des étudiants de la nouvelle École supérieure de journalisme et des sciences de la communication et nombre d’invités. La conférence était modérée par notre consœur, Ramata Diaouré qui, d’entrée de jeu, a lancé un cri de cœur pour le sort des journalistes du site «Maliactu», assurant que l’affaire restait bien suivie par les organisations de presse.
Introduisant la conférence, la consoeur a expliqué qu’elle allait porter sur le parcours de l’un des plus grands journalistes et écrivains dont le journal en ligne est à l’origine de plusieurs révélations comme les dossiers de Betancourt, Kaddhafi et Sarkozy.
Elle a aussi fait mention d’investigations de Mediapart ayant conduit à de grands débats, notamment dans le journal «Le Monde» et du livre publié par le site sur la liberté d’expression.
Quant au conférencier, il a exprimé sa satisfaction de venir échanger avec les journalistes maliens. Il a expliqué n’avoir pas fait de longues études soulignant que cela ne faisait forcément pas le bon journaliste.
«Après mon baccalauréat, j’ai décidé de devenir journaliste», a relevé Edwy Plenel, visiblement très serein. «J’ai travaillé dans le desk éducation pendant longtemps en qualité de reporter avant d’assumer des responsabilités au sein du journal «Le Monde». C’est après que j’ai décidé d’être journaliste investigateur parce qu’exercer ce métier, c’est être au service de ses citoyens», a-t-il confié. «Je suis journaliste par engagement et c’est ce qui explique ma force. Durant plusieurs années, j’ai travaillé avec la police jusqu’à ce que tout le monde se méfiait de moi. Même les hauts gradés pensaient que je travaillais pour les services de renseignements. Après plusieurs années, j’ai décidé de créer Médiapart, une presse en ligne. Notre force, c’est notre autonomie, car notre journal dépend de nos lecteurs qui achètent. C’est une presse libre et responsable vis-à-vis de ses lecteurs», a poursuivi Edwy Plenel.
A l’en croire, «Mediapart» fonctionne à partir des ressources d’abonnés. «C’est à eux que nous devons des comptes mais pas aux pouvoirs publics», a-t-il expliqué. «La marchandise que nous proposons sur notre site d’information est un ingrédient démocratique essentiel comme l’expliquait Victor Hugo en 1848, affirmant que la liberté de la presse est l’autre face de la liberté du suffrage. C’est le soutien de nos membres et clubs qui fait vivre le journal et cela donne une force à traiter l’information de façon impartiale».
Par ailleurs, Edwy Plenel a soutenu que Médiapart est à la fois un journal et une plateforme de blogs où «nos lecteurs abonnés peuvent librement poster leurs réflexions, publier des tribunes, raconter leurs expériences et proposer des reportages».
Pour l’homme de médias, le droit humain doit être commun quelle que soit la nationalité. C’est pourquoi, le journaliste doit construire un lien entre les hommes. «Notre métier n’est pas de nuire ou faire plaisir, mais d’informer». Son livre, «Combat pour une presse libre», est un combat de principe parce que «le métier de journaliste est un enjeu pour relater les vérités, estime-t-il.
Les échanges ont surtout porté sur les grands dossiers du journaliste et son divorce d’avec «Le Monde». A toutes les questions, Plenel a apporté des réponses apaisées à ses confrères maliens.
Amadou SOW
Source: Essor