Même si sa portée n’atteint pas encore celle du « nouchi » ivoirien, le lexique des rues bamakoises s’enrichit. Tchalé, kuma ka misin ou encore okelendo, ces mots, sortis souvent de l’imaginaire ou des interprétations de certains rappeurs, font fureur auprès des jeunes et donnent une saveur toute particulière aux conversations. Même si comprendre cet argot n’est pas indispensable, en connaitre quelques codes est un atout auprès de cette frange de la population. Petit glossaire, non exhaustif, de certaines des expressions les plus utilisées.
À quelques heures du début du week-end et à quelques jours de la fin du mois de février, celui de la Saint Valentin, kow bey (il se passe des choses) chez les jeunes bamakois. Entre negezi (potes branchés), ils planchent sur les sorties à venir. Mais, avant d’attaquer cette période, chacun essaie de faire le meilleur des djaté (affaires). Ils se promettent « an bé gnonkon ta kofè (on va se voir après). Une fois réglé, le plan validé impose le désormais cérémonial des photos partagées sur les réseaux sociaux. Téléphones en mains, ils font défiler les commentaires des images postées, à la recherche d’un adanden (top) ou kotila (tout va bien chez toi). Le capital confiance virtuel engrangé, ils vont désormais ka pan (bouger) vers leur destination, sans l’un d’entre eux toutefois, qui n’a pas réussi à décrocher du match de football qui est blokoutala (cool). Dans la boite de nuit, ou à la chica house, les regards scrutent et se baladent. La soirée est adando (superbe), encore plus quand le DJ lance la chanson du rappeur King KJ « adando an bé gnonkon bolo » (c’est le top, on est ensemble). Depuis la sortie du titre, l’expression est devenue un « must talk » chez les jeunes. Durant la soirée, ils se gardent de parler aux indous (colporteurs de ragots). L’expression provenant de la chanson éponyme du rappeur Bakarin Flow, dont le titre a rencontré un énorme succès au Mali. Plusieurs de ces expressions « tendance » proviennent de chansons de jeunes rappeurs comme Young Pô, qui a popularisé le tchalé (pote) ou encore Iba One, avec a kuma te kè (on n’en parlera pas, pour désigner ce qui est fun). Une fois la soirée finiet, pour s’éviter un lagassa pa (une situation bizarre), avec les popoman notamment (voleurs de motos), tous décident de rentrer en groupe. La proposition n’aura pas mis longtemps a décrocher le okelendo (accord) de tous.
Aminata Keita
Journal du mali