Ce numéro spécial de L’ESSOR, votre quotidien national, la rédaction l’a conçu comme un hommage, modeste certes, à l’exceptionnelle résilience dont font preuve nos populations à travers tout le pays, en dépit du retard que prend manifestement la paix pour son retour définitif dans le pays. En hommage à toutes celles et tous ceux qui, et ils sont nombreux, gardent la foi en des lendemains meilleurs.
Il importe peu que cette édition ne rende pas compte de tous les efforts déployés pour faire face à l’adversité. Il importe ainsi peu qu’on n’y trouve pas tous les aspects de la vaste réforme en gestation dans le secteur de la sécurité (RSS) ; comme d’ailleurs on n’y fait qu’esquisser le renouveau en cours au sein de l’Armée. Ces chantiers- là ne se visitent pas en totalité. Non ! Ils s’imposent de par leur nécessité et parce qu’ils font consensus. Ce qui est un acquis incommensurable à bien des égards. Ce qu’on y trouvera par contre sans réserve, ce sont toutes ces avancées, rassurantes par les temps qui courent, et aussi les adaptations dans les secteurs aussi essentiels de l’économie, de l’agriculture, de l’élevage, de la santé, de l’environnement voire – et cela surprendra – du tourisme, qui ont remarquablement réussi à « intégrer » la crise et font preuve de résilience. Ainsi malgré les attaques armées à répétition, le plus souvent contre des populations civiles, le pays démontre une étonnante capacité de performance dans de nombreux domaines, notamment dans le sport avec la double réussite de nos sélections nationales A de football et filles U18 de basket-ball saluée comme il se doit par le Président de la République qui veut y voir un signe tangible du retour du pays sur la scène internationale. Un retour par la grande porte qui n’aura –c’est le cas de le dire !- échappé à personne. Le pays conjugue la performance encore avec la réussite de sa première cotation à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan, en ayant pu lever 100 milliards FCFA sur une première intention de 65 milliards. Dans ce cas, la performance se double d’une crédibilité largement reconnue auprès des investisseurs qui font confiance en la signature du Mali. De quoi conforter les avancées plus que notables faites sur le front de l’emploi (125.592 emplois créés au cours de ces trois dernières années). Ce qui demeure constant, c’est aussi cette surprenante capacité des Maliens à rebondir chaque fois que le pays se trouve en situation de difficulté extrême, s’il n’est pas donné comme irrémédiablement perdu. Comme déjà à l’éclatement de l’éphémère Fédération du Mali en 1960 et dont le souvenir demeure encore douloureux chez nombre de nos Anciens. A la séparation d’avec le Sénégal, le Mali s’est retrouvé sans aucun débouché sur la mer. Et il dut affronter, en plus du choc de cette séparation, les difficultés de ses choix politiques dans un environnement de moins en moins favorable. Les Maliens n’ont pas non plus cédé à la fatalité quand survint la grande sécheresse des années 1970 dans le Sahel. A l’image de ces paysans qui « attachent leur ventre » pour moins souffrir des affres de la faim durant les périodes de soudure, les Maliens ont fait face et ont persévéré dans l’effort. Résister, coûte que coûte, en attendant des jours meilleurs. Parce que cela apparaît comme la seule alternative de survie. C’est à cette formidable capacité de résilience que la Rédaction dédie la présente édition spéciale, comme l’expression de notre hommage à tous ces résistants anonymes, héros au quotidien, qui font notre force collective pour avancer et forger notre destin. Il nous est permis de chanter pour ces héros, ceux connus comme les anonymes, le « Janjo !», la chanson des braves. Abdoulaye Traoré
Source : Essor