Les Jeux olympiques de Rio de Janeiro débutent le 5 août prochain. C’est la première fois que l’Amérique du Sud organise cet évènement international, où se retrouveront plus de 10 500 athlètes, venus de plus de 200 pays. Ces JO se dérouleront dans un contexte particulier : la présidente Dilma Rousseff a été écarté du pouvoir, l’Etat de Rio s’est déclaré en état de calamité financière et certains travaux n’étaient encore pas terminés en début de semaine.
Les installations sportives sont prêtes. Mais cette semaine, le village olympique, où sont logés les athlètes, n’était pas encore terminé. La délégation australienne s’est plainte dimanche dernier, en estimant que leur bâtiment était « inhabitable » en raison de problème de plomberie.
Dans la moitié des immeubles, des athlètes ont découvert les mêmes problèmes. Alors rapidement, celle qui a été nommée maire du village olympique, Janeth Arcain, ancienne basketteuse, a tenté de minimiser les problèmes. Interrogée par la TV Globo elle estime que « ce sont des choses qui arrivent ».
Selon Janeth Arcain, « le problème va être résolu et les athlètes vont se sentir très bien quand ils seront installés ici ». Suite aux doléances des Australiens, le maire de Rio, Edouardo Paes, s’était permis une boutade en expliquant qu’il allait « mettre un kangourou pour que les Australiens se sentent à l’aise ». « Nous n’avons pas besoin de kangourous mais de plombiers » avait répondu la délégation australienne. Le maire de Rio a également pointé des « failles dans le suivi, dans la gestion du comité organisateur, qui dispose d’une grosse équipe et qui est prêt à résoudre tous les problèmes ».
En urgence, une semaine avant la cérémonie d’ouverture le 5 août, 630 ouvriers sont arrivés au village olympique. Mais ces derniers n’auraient pas de contrat de travail, c’est le ministère brésilien du Travail qui soupçonne ces irrégularités.
Des promesses non tenues
Tout ce qui était prévu dans le dossier de la ville de Rio de Janeiro pour obtenir l’organisation de ces Jeux olympiques 2016 n’a pas été fait. C’est le cas de la dépollution de la baie de Guanabara, où se dérouleront les épreuves nautiques. Une baie mythique et magnifique, offrant une vue sur le Pain de Sucre mais qui se trouve être un égout à ciel ouvert.
La promesse de dépolluer la baie à 80% n’a pas été tenue, seuls 50% des eaux usées sont traitées. Les compétiteurs s’inquiètent des bactéries auxquelles ils vont forcément être exposés. D’après plusieurs analyses réalisées par les journalistes du New York Times, il suffirait d’ingérer trois cuillères de cette eau pour avoir 99% de chance d’être infecté, le journal conseille au sportif de «garder la bouche fermée ».
Des Jeux olympiques non voulus
La préparation des JO a été compliquée, d’autant plus que les Brésiliens y sont opposés. Selon un sondage Datafolha, la moitié des Brésiliens rejettent l’organisation des Jeux olympiques. Beaucoup sont déçus parce qu’ils se souviennent des coûts engendrés par la Coupe du Monde et d’infrastructures qui ne sont déjà plus utilisées.
Pour beaucoup de Cariocas, les habitants de Rio de Janeiro, il y a un sentiment de gâchis. «Beaucoup d’argent a été investi dans ces grandes infrastructures, mais tout cela ne servira jamais aux Cariocas. Les Jeux auraient dû permettre des transformations pour Rio, mais nous n’avons pas été consultés, les choses n’ont pas été faites de la bonne manière et il y n’y aura aucun héritage de ces Jeux pour nous les habitants de la ville », explique Rodrigo Arnaiz qui travaille pour l’organisation citoyenne Meu Rio. Une manifestation est prévue le 5 août, le jour de la cérémonie d’ouverture des JO, pour protester contre la tenue des Jeux mais aussi contre ce que certains appellent « un coup d’Etat ».
Un contexte politique brésilien particulier
La présidente Dilma Rousseff a été écartée du pouvoir il y a quelques mois. Elle a dit à RFI le 26 juillet qu’elle ne voulait pas participer à la cérémonie d’ouverture dans un «rôle secondaire ». Les Jeux olympiques vont donc se dérouler, pendant que les sénateurs brésiliens décideront de la poursuite de la procédure de destitution de Dilma Rousseff et alors que régulièrement les Brésiliens descendent dans la rue pour s’opposer à Michel Temer, le président par intérim, ou pour manifester contre la présidente écartée du pouvoir. Une manifestation des « anti-Dilma » est d’ailleurs organisée ce dimanche 31.
Des inquiétudes en matière de sécurité
Une première inquiétude est liée au virus Zika. Le Brésil est le pays le plus touché, mais sur l’antenne de RFI, Dilma Rousseff s’est voulue rassurante. Elle a expliqué que « l’Organisation mondiale de la santé elle-même a déclaré que cet hiver avec des températures plus basses que la moyenne, n’était pas la période propice pour la prolifération du moustique. Et jusqu’à il y a au moins deux mois, il y avait un système de confinement du virus Zika mis en place par les autorités compétentes ». D’après la présidente écartée du pouvoir « toutes les conditions sont réunies pour que les Jeux se déroulent dans un climat de tranquillité ».
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De plus, depuis plusieurs semaines le risque d’attentat terroriste existe. Jusqu’à présent le Brésil était considéré comme un « pays neutre » pour les terroristes mais avec l’organisation d’évènement d’ampleur internationale les risques ont changé. Rio s’apprête à recevoir plus de 500 000 touristes.
En un mois, une dizaine de personnes soupçonnées de liens avec l’organisation Etat islamique ont été arrêtées. Les autorités reconnaissent que la menace existe. Après l’attentat de Nice, toutes les mesures de sécurité de la ville de Rio ont été revues, 85 000 militaires et policiers assureront la sécurité, le double du dispositif de Londres en 2012.
La police devra également gérer les problèmes de violences dans certaines favelas, qui n’ont toujours pas été pacifiées.
Source: Rfi