Cinq nouveaux chefs de Départements d’études et de recherche (DER), plus un ancien reconduit, c’est le résultat du vote du 2 juillet dernier pour le renouvellement des responsables des DER. Il y avait en lice une dizaine de candidats pour six fauteuils. « Agacés » par le comportement du Directeur Général, Dr Badra Macalou, selon leurs termes, cinq des six chefs DER ont décidé de jeter l’éponge, alors même qu’ils étaient très appréciés de leurs collègues qui les ont d’ailleurs priés en vain de ne pas abdiquer face à la « dictature et aux humiliations » du DG Macalou. Cette élection avait un double enjeu.
Premier enjeu, l’Administration, « aidée curieusement en cela par certains responsables syndicaux », voulait une équipe « à ses bottes ». « Le DG a voulu imposer des hommes à lui », dénonce un enseignant. Et c’est justement cette attitude qui a provoqué l’ire de nombreux enseignants, par ailleurs outrés du parti pris et de l’alignement de certains responsables syndicaux sur les « velléités dictatoriales et déstabilisatrices du DG. Dès lors s’est mise en place une sorte de coalition « anti Administration et Syndicat », second enjeu. Une rude campagne s’ensuivit, marquée notamment par la création de facto d’une « majorité pro administration » et d’une « opposition » sous la férule du chef DER sortant (Organisation et gestion des Administrations : OGO), Fofana. L’implication de Fofana, qui ne se représentait pas, était, du reste, prévisible. En effet, quelques jours plus tôt, lui et le DG avaient eu une violente dispute au cours de laquelle le DG Macalou avait déclaré que c’était son « dernier baroud d’honneur ». Une façon implicite de lui faire comprendre qu’il ne serait pas reconduit. Le DG s’y emploiera personnellement pour ce faire. Il fit proposer le Dr Ballo au poste de Fofana ; mena une campagne active auprès de certains enseignants, allant, d’après certains témoignages, jusqu’à leur « faire des propositions mirobolantes ». Comme si cela ne suffisait pas, il prit son téléphone et appela le professeur Dembélé pour « empêcher la participation au vote de celui-ci, sachant que son vote lui serait défavorable, puisque, depuis son arrivée à l’IUG, il avait écarté Dembélé de tout, du seul fait qu’il était proche de l’ex Directeur par intérim de l’IUG, Dr SalifBâh, qu’il a fait partir aussi de l’IUG et qui, par la grâce de Dieu, est devenu son supérieur hiérarchique, car désormais vice-recteur de l’université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako (USSGB) », rappelle un enseignant. Avant d’ailleurs ce coup de fil, qu’on peut qualifier de très maladroit et osé, le DG s’en serait pris à son adjoint, Dr Doclin (dont on ne peut compter le nombre de démissions du fait des agissements de celui-là même qui l’a nommé) « pour avoir mis le nom de Dembélé et ignoré celui d’un autre collègue, qui, lui, ne fait plus partie du personnel de l’IUG ».
Pour le DG Macalou, chaque voix est capitale : « L’Opposition peut gagner à une voix près », aurait-elle martelé à son adjoint. Ce propos se passe certainement de tout commentaire. En effet, si le DG va jusqu’à classer son personnel en «Majorité » (Opposition supposant majorité) et en « Opposition », cela veut dire indéniablement que la cassure est consommée à l’IUG. Qui est responsable de cette situation à l’IUG ? « Sans doute le DG », confient de nombreux enseignants, pour lesquels Macalou voit partout « conspiration et magouille ». « Il faut que lui-même soit comme cela pour voir en tout le monde un conspirateur ou un magouilleur » accuse un enseignant. Le jour du vote, fidèle à sa détermination, le DG prendra lui-même part au vote. A quel titre ? « On l’ignore », déclare un enseignant qui rappelle que « seuls les permanents et les contractuels de l’établissement doivent prendre part au vote, sans compter que le DG, donc l’administration, devrait être au-dessus de la mêlée ». Il aurait également fait inscrire sur la liste le nom de son Secrétaire Général qu’il a fait venir d’ailleurs dès sa prise de fonction. Mais toute cette armada ne suffira pas face à la détermination de la majorité des enseignants, décidés de faire barrage à la « mainmise » que le DG voudrait faire de l’IUG. « Nous ne comprenons pas à présent que celui qui a bénéficié des faveurs de l’IUG pour avoir eu des heures supplémentaires en Cours du soir, chose qui a pu peser d’ailleurs dans sa nomination, puisse se transformer aujourd’hui en ennemi des enseignants de cette école. « Celui-là même qui l’avait aidé à obtenir des heures à l’UFP (cours du soir) l’a banni de sa vie ; cela en dit long sur la nature de l’homme) », analyse un autre enseignant. Quant au sieur Fofana, à qui d’ailleurs la dernière promotion OGO vient de donner son nom (on peut présumer que Macalou devrait être fou furieux en ce moment), l’échec du « machiavélique plan du DG » a été une véritable occasion de liesse. Il s’est mis à klaxonner bruyamment sa voiture dans la cour de l’établissement, tout en criant publiquement devant le bureau du DG : « Vous devez démissionner maintenant si vous êtes un ‘’hôron’’ ». Ses collègues le ramèneront à la raison par la suite, tout en étant, pour la plupart, de cœur avec lui. La morale de tout cela est que rien ne va plus à l’IUG. Le Dr Macalou qui s’était présenté en « sauveur » de l’IUG et qui, pour ce faire, a organisé un atelier dit de « diagnostic » des crises récurrentes à l’IUG, s’est visiblement transformé en « cancer » : « Le mal qu’il a voulu pompeusement diagnostiqué, sachant bel et bien qu’il n’y avait rien à diagnostiquer, tout étant connu, diagnostique à son tour un enseignant, a fini par gangrener le mal ; le remède est devenu plus nocif que le mal. Les cours à distance que le séminaire de diagnostic était censé dynamiser, sont moribonds. On n’est pas loin d’une année blanche à ce niveau alors que les auditeurs ont payé leurs sous. Les cours ont démarré il y a seulement une dizaine de jours (année universitaire 2017-2018) et les enseignants ont dû se rendre par car dans les régions, pendant que le DG circule avec l’un des 4×4 achetés à cet effet sur les fonds mêmes de l’UFP et non de l’Etat (budget national), ignorant superbement sa bâchée qu’il trouve propre à se rendre uniquement au champ et non à servir de véhicule de service à un DG. Tout cela se passe sans que, curieusement, le Syndicat ne lève le petit doigt. Ce qui explique en partie l’échec de son candidat, victime d’un vote sanction. D’où la question de la légitimité aujourd’hui de ce syndicat, et donc de la nécessité de mettre en place un nouveau bureau qui se préoccuperait véritablement de la défense des intérêts des seuls enseignants ».
En somme, le malaise est palpable à l’IUG où les uns se méfient des autres : « On ne sait plus qui est qui. Certains rodent uniquement pour écouter, voir et rapporter au DG. Il suffit de passer quelques minutes dans le bureau du reprographe pour devenir anarchiste ou membre de l’Opposition. Le reprographe, Bâh aussi, a eu aussi le malheur d’être proche du même Salif Bah (voir plus haut), d’avoir un chez-soi et de bien paraître malgré son niveau sur l’échelle de Macalou. Une vraie chasse aux sorcières…Le DG est visiblement atteint de ‘’complotite’’, si bien sûr ce mot existe. En ce qui concerne cette volonté de faire élire d’autres chefs DER, l’enjeu va certainement au-delà des aspects pédagogiques, puisque parmi les chefs DER partants certains ont l’habitude de refuser l’intégration sur des listes de paiement de noms fictifs, de personnes qui n’ont fait aucune prestation pour le compte de l’IUG…Comme quoi, derrière cet acharnement, il y a à boire et à manger… », Conclut, très intrigué, un autre enseignant.
Et nous de nous demander si nous sommes encore dans un milieu universitaire et de recherche. A moins que ce ne soit la recherche du seul gain ! A suivre.
Sory Haïdara
Source: Le Point