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Interview exclusive de Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune : « Je ne regrette pas d’avoir apporté la paix à mon pays mais je n’accepterai jamais l’injustice ! »

Près d’une semaine après la conférence de presse qu’il a animée avec ses alliés du Ganda Izo et de la Plateforme afin de dénoncer vigoureusement une campagne d’exclusion qui se manifeste dans le processus de paix au Mali, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune nous a reçus chez lui à Bamako.  Concernant ses relations désormais bonnes avec son cousin Ibrahim Mohamed AG Assaleh, la problématique du Comité de Suivi de l’accord, la lenteur et les dysfonctionnements du processus en général, il a répondu à toutes nos questions. Interview.

Mohamed Ousmane Ag Mahamedoune rebelle touareg cma cpa mnla

Maliweb.net : On se souvient que votre décision de venir depuis le 15 mai singer l’accord à Bamako a été à l’origine d’une séparation entre vous et Ibrahim Mohamed Ag Assaleh (les deux chefs de la coalition pour le peuple de l’Azawad). Six mois après, où en êtes-vous ?

Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune : – Vous savez, avec Ibrahim Mohamed Ag Assaleh, nous avons juste eu une divergence de point de vues par rapport à la manière de conduire notre pays vers la paix. Il faut tout d’abord retenir qu’Ibrahim est un cousin à moi, il est aussi mon grand-frère, ensuite nous avons les mêmes réalités socioculturelles et les mêmes affinités. A un moment donné de notre histoire, nous ne nous sommes pas entendus sur la meilleure façon de sauver notre pays et nos populations, mais à l’heure où je vous parle, nous regardons dans une même direction pour notre pays, et à cette occasion je peux affirmer à l’opinion nationale et internationale que nous avons le contrôle à cent pour cent sur la force de la CPA et plus de 60% du mnla. Ce qui n’est pas à négliger.

Qu’est-ce que cette retrouvaille avec Ibrahim peut apporter à la Compis 15 ?

-Certainement ! Cette entente entre Ibrahim Ag Mohamed Assaleh ne peut que renforcer la Compis 15 qui est un espace de lobby et de plaidoyer pour défendre le caractère inclusif de l’accord. Elle (compus15) n’est pas que de la plateforme ou que de la CMA. Elle regroupe à la fois des dimensions de la CMA et de la plateforme et uniquement pour l’inclusivité. Et je suis mieux placé pour le témoigner, de toutes les rencontres du comité, Ibrahim a défendu le caractère inclusif de l’accord.

-Qu’en est-il de la mise en place effective du comité de suivi (CSA) ?

– Oui, jusqu’ici la représentativité au sein du Comité de suivi n’est pas définie. Ce qui fait qu’il y a eu ces problèmes à la veille de la mise en œuvre de l’accord. Mais, comme je l’ai dit la fois dernière, il y a une assemblée constitutive qui essaie de jouer le rôle du Comité toujours dans l’attente de sa vraie formation. Toutefois, aux dernières nouvelles, il en ressort que les sous-comités au sein de l’assemblée du comité, il y a un travail qui s’effectue sur les aspects commissions-DDR, commission-Défense, etc. Ce qui sous-entend mettre les charrues avant les bœufs, car aujourd’hui, il faut éviter à ce que l’histoire nous rattrape.  Je voudrais dire que, rien de pérenne ne peut être fait si cette question de représentativité n’est pas tranchée. Il faut donc éviter que ne monte l’exaspération

-Qu’en est-il donc du budget de ce comité ?

– A ce que je sache, le budget du comité de suivi n’est pas voté. Mais, il y a un dispositif intérimaire prenant en charge certains responsables en termes d’indemnités sous forme d’avance. Ce qui n’est pas le budget lui-même.

-Que dit alors la communauté internationale face à la lenteur de la mise en œuvre de l’accord ?

En fait, la communauté internationale souffre aujourd’hui d’un chantage de certaines parties qui menacent de vider la salle au cas où certaines mesures se prenaient. Il faut donc y mettre fin parce que ça ne peut pas et ne doit pas perdurer

-Vos combattants sont-ils concernés des patrouilles mixtes entamées depuis peu entre l’Armée régulière et les ex-rebelles ?

Il faut d’abord savoir qu’en signant cet accord, nous avons engagé des populations, et tant groupe armé, tant que l’intérêt de ces populations restent menacés, on ne peut parler ni de patrouilles ni du cantonnement, encore moins du retour des réfugiés. C’est à nous qui avons engagé ces populations de leur signifier être dans des dispositions nécessitant leur retour au cas où leur développement est assuré. Nous les avons engagées à la paix, et il faut tout d’abord que nous nous retrouvions dans un schéma encouragent et rassurant.

 Par ailleurs, s’il y a une chose que je ne regrette pas aujourd’hui, c’est d’avoir amené la paix dans notre pays, aux Maliens et à moi-même le 15 mai 2015. Par contre nous commençons déjà à nous poser des questions par rapport à certaines autorités de notre pays et cela doit changer.

A quoi faites-vous allusion ?

On a l’intention que le Gouvernement ne fait pas suffisamment d’effort pour jouer le rôle de représentant de tout le pays de Kayes à Kidal. A ce sujet, je regrette l’article 3 de l’accord qui fait prendre le Gouvernement comme étant une des parties alors qu’il lui revient de s’afficher comme représentant de tous les Maliens car l’accord appartient au Mali. Ici vous constaterez combien cet article touche à la souveraineté du Mali. Il faut revoir cet aspect également car le Gouvernement c’est le représentant de tout le Mali. Il n’est pas tenu de faire un consensus pour appliquer des décisions sur un processus dont il est artisan.

Alors donnez vos propositions pour que les choses puissent bouger ?

Il est impérieux que l’ensemble des acteurs ayant été des négociations au parachèvement en passant par la signature soient impliquées pour que cet accord qui est le seul élément pour la paix à notre portée, soit appliqué. A cela le gouvernement en a les moyens et prérogatives requis et doit le faire pour l’intérêt du pays. S’attarder à perdre du temps pour l’accumulation des frustrations n’est pas bon pour notre pays. La priorité aujourd’hui c’est de faire face à un malaise à régler. Il ne sert à rien de faire des conventions tendant à financer un système assis sur de braises.

La semaine dernière vous avez dénoncé une campagne d’exclusion qu’a menée Me Harouna Toureh, alors que lui reprochez-vous concrètement ?

– Je rappelle que personnellement, je n’ai pas de relations conflictuelles avec Me Harouna Toureh. Chacun de nous est dans son mouvement. Aujourd’hui, il se trouve qu’il a des problèmes avec sa communauté, son mouvement qui est la CMFPR. Et il a intérêt à ce que la cohésion y prévale afin de défendre les intérêts des communautés sédentaires. En ce qui me concerne, je coordonne une coordination au sein de laquelle se trouvent des ayant droit de la CMFPR 3 qui ont des problèmes avec Harouna en tant que premier responsable. Moi, je défends ce que le groupe me charge de défendre.

-Votre dernier message à l’endroit de tous ?

Au Gouvernement de comprendre que si on a amené la paix, c’est qu’on a la capacité de la maintenir. A cela, il faut de l’impulsion et ce rôle d’impulsion doit venir du Gouvernement. Il doit s’approprier du processus en travaillant avec ses partenaires, la Minusma, la France, etc. Faire en sorte que le Gouvernement oriente tous dans le sens de l’unité du pays et de l’inclusivité de l’accord. Et nous, en tant que mouvements armés, nous ne sommes pas aujourd’hui contre notre pays, mais nous n’accepterons pas de l’injustice de qui qu’elle vienne.

 

La rédaction

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