International Crisis Group (ICG) tire la sonnette d’alarme sur la situation dans le centre du Mali. Dans un rapport publié ce mercredi 6 juillet intitulé « Mali Central : la fabrique d’une insurrection ? », le centre de recherche s’inquiète de la montée des violences dans la région de Mopti et de Ségou. Depuis l’année dernière, un nouveau groupe islamiste fait parler de lui dans la région : le Front de libération du Macina. Pour les chercheurs d’ICG, ce mouvement agrège de nombreuses frustrations qui ne sont pas forcément liées au jihadisme.
Difficile de distinguer ce qui relève du banditisme, des vendettas locales et de l’action des groupes radicaux, déclarent les chercheurs. Pour eux, ce qu’on appelle le Front de libération du Macina serait en fait constitué d’une nébuleuse de petits groupes armés non structurés. Des groupes qui profitent d’un terrain rendu fertile par la corruption des élites et la défaillance de l’Etat suite à l’occupation armée de la région en 2012.
Le rapport pointe leurs motivations plurielles : radicalisme religieux, mais aussi litiges fonciers, tensions communautaires, particulièrement entre Bambaras et Peuls, ou encore ressentiment à l’encontre des élites urbaines. C’est d’ailleurs pour ses critiques virulentes de l’Etat et des élites locales qu’Hamadoun Koufa est devenu célèbre. Ce prédicateur peul est présenté comme le leader du Front de libération du Macina. Cependant, selon le rapport d’ICG, il n’est pas clairement établi qu’il ait survécu aux frappes françaises de janvier 2013.
Les violences répétées de ces derniers mois ont en tout cas fait fuir les autorités maliennes qui ont pratiquement déserté la région de Mopti. Aujourd’hui, les responsables locaux sont tentés de répondre à l’insécurité en soutenant des groupes d’autodéfense à base communautaire. C’est une pente dangereuse, préviennent les experts.