Depuis environ deux mois, la Mairie du District de Bamako, à travers une décision a interdit certaines parties de la ville de Bamako aux conducteurs des tricycles communément appelés « Katakatatani ». Si cette décision a été saluée par les populations, elle est perçue par les conducteurs de tricycles comme un encouragement pour les rackets des policiers.
A titre de rappel, ces interdictions concernent sept (7) voies et artères de Bamako ainsi que les trois ponts. S’ils peuvent circuler sur le pont Fahd de 10 h à 15h et le 3ème pont de 6h 19h, par contre sur le pont des martyrs, c’est l’interdiction formelle. C’est-à-dire en aucun moment au motif que c’est un pont qui n’est pas trop grand et supporte beaucoup de charges, selon les explications d’un responsable de la Mairie du District. Pour les routes, les interdictions concernent la route de l’aéroport, l’Avenue de l’OUA, la route des 30 mètres allant de la Tour de l’Afrique à Niamakoro, la route de Sébénicoro, Koulouba, la route passant par l’Hôtel Salam et l’Avenue de l’Indépendance au motif que ces routes sont des voies stratégiques dans la fluidité de la circulation. A toutes ces interdictions s’ajoute celle de rouler la nuit sur les voies goudronnées car sans phare et donnant l’impression de deux motocyclistes en circulation.
Si la décision a été appréciée par la grande majorité des Maliens pour le fait qu’elle tend à stopper l’effet dévastateur de ces engins dans la circulation car étant la source de plusieurs accidents de la route, force est de reconnaitre que la mesure est en train de dévier de son objectif principal de fluidité de la circulation et de réduction du nombre d’accidents par ces engins.
En effet, certains policiers de la Compagnie de Circulation Routière (CCR) en en vu l’occasion de se faire de l’argent, surtout que la majorité des conducteurs de ces engins ne sont pas suffisamment informés sur cette mesure d’interdiction. Il s’agit des artères sur lesquelles ils peuvent ou ne peuvent plus circuler. Et du coup, certains policiers véreux n’hésitent pas à profiter de cette ignorance pour procéder à des rackets contre ces conducteurs de tricycles qui dans la majorité sont des agents chargés de livraison à la solde des commerçants.
En plus, un constat saute à l’œil. Malgré la mesure, l’on voit toujours ces engins dans la circulation en empruntant les voies qui leur sont interdites moyennant de l’argent donné à certains policiers de la Compagnie de la Circulation Routière (CCR).
C’était le cas le jeudi dernier sur le pont Fahd aux environs de 18h30mn où une dizaine de tricycles étaient alignés sous l’échangeur jusqu’à l’entrée du pont. Selon des témoins, ils avaient été stoppés par la police et cherchaient un règlement à l’amiable avec comme proposition de payer 1000 f chacun pour pouvoir traverser ce pont. Et en même temps, d’autres passaient tranquillement sur ce même pont. Lorsque nous avons voulu en savoir plus, certains conducteurs nous ont clairement répondu que ceux qui sont en train de circuler librement sur le pont ont déjà réglé la facture de la police, c’est-à-dire le laissez-passer.
« Les policiers profitent de cette mesure pour nous racketter même sur les voie que l’on peut emprunter. Car nombreux sont les conducteurs qui ne maitrisent pas la mesure », explique un conducteur. Et un autre d’ajouter qu’avec les policiers, pour ne perdre en temps et argent, il vaut toujours mieux leur donner quelque chose et passer car c’est la seule solution.
«Avant, on avait toutes sortes de problèmes avec les policiers dans la circulation, mais la mesure d’interdiction de la mairie a exacerbé la situation. Et du coup, ces policiers en profitent pour faire toutes sortes de rackets », a conclu notre interlocuteur.
Modibo Dolo
source : Tikan