Le lundi 25 juillet 2022, s’est ouvert à l’Institut des Sciences Humaines (ISH) de Bamako, le colloque de trois jours initié par l’Association des Jeunes Docteurs et Doctorants du Mali (AJDM), avec la collaboration de l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako (ULSHB) et l’ISH. Placé sous le thème «insécurité et recherche au Mali», l’objectif visé par ce colloque est d’accroître les échanges entre les chercheurs et les doctorants sur les préoccupations, les problèmes et les réflexions en matière de recherche dans les situations de crise. L’ouverture des travaux a été faite par Dr. Amadou Ouane, au nom du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Il avait à ses côtes, le Recteur de l’ULSHB, Idrissa Soiba Traoré ; le Directeur de l’ISH, Baba Coulibaly ; la représentante de l’IRD, Mme Aissata Kounta.
Le président de l’AJDM, Youssouf Karembé, a justifié la pertinence de la thématique du colloque. Selon lui, le choix est dû au fait que l’insécurité a sérieusement et négativement impacté les activités de recherche, notamment pour les jeunes chercheurs doctorants. Certains, dit-il, ont retardé les délais, d’autres ont changé et ou abandonné le terrain à cause de l’accès impossible aux zones de collectes de données et de l’insécurité. Et Karembé d’ajouter qu’il y a ceux aussi qui ont intégré l’insécurité comme objet d’étude. Cette donne, indique Karembé, nous a poussés à organiser ce colloque avec nos partenaires qui partagent les mêmes objectifs que nous, pour débattre de cette insécurité afin d’apporter notre contribution au débat national sur les recherches de solutions au problème d’insécurité. «C’est ainsi que, dans l’objectif d’accompagner les jeunes chercheurs et doctorants, nous avons dédié le 3ème jour à des formations en méthodologie de la recherche et en rédaction scientifique», a fait savoir Youssouf Karembé.
Selon Dr. Amadou Ouane, les conflits armés et l’insécurité politique constituent un important défi pour le Mali comme pour beaucoup d’autres pays du Sahel. Outre le coût humain pour les populations, dit-il, les crises entraînent également des pertes importantes pour la recherche scientifique et le patrimoine national et international. L’impact sur la recherche de terrain et la production de connaissances est clairement visible par l’absence de chercheurs dans des zones géographiques considérées comme sensibles ou à risques. «Les chercheurs craignent pour leur sécurité et ne sont plus en mesure d’accéder aux financements leur permettant de mener leurs activités. Toutefois, ceux qui continuent à poursuivre leurs recherches réorientent souvent leurs terrains, mobilisent d’autres types de matériaux empiriques, et font davantage appel à des collaborateurs locaux en explorant de nouvelles méthodes de collecte de données. Le constat est que ces questions sont très peu documentées à ce jour, malgré l’urgence de la situation pour les pays concernés. Face à ce défi, le choix du présent thème de colloque se justifie », a-t-il dit.
La présidente de la commission d’organisation du Colloque, Mme Fatoumata Kéita, a souligné que ce colloque scientifique entend offrir une plateforme aux chercheurs malien et étranger d’échanger et de proposer de nouvelles perspectives et des pistes de recherche sur l’insécurité qui caractérise le Mali depuis une décennie. Selon elle, depuis 2012, le Mali fait face à une crise multidimensionnelle dont les soubresauts continuent d’affecter le quotidien des Maliens. Cette crise, à la fois politique, économique, sécuritaire et humanitaire, ajoute Fatoumata, est devenue aussi l’objet et le ferrement de la recherche scientifique au Mali. C’est la raison pour laquelle, dit elle, les différentes communications se pencheront sur cette problématique qui sera abordée dans une approche transdisciplinaire et multidisciplinaire afin de proposer des savoirs nouveaux et jeter un nouvel éclairage sur la question de l’insécurité et comment elle affecte l’objet et le sujet de recherche. Durant les trois jours d’échanges et de discussions, les axes thématiques proposés sont: insécurité-société; insécurité-éducation; insécurité-santé, insécurité-justice ; insécurité-patrimoine; insécurité-genre; insécurité-jeunesse-sport-loisir-divertissement; insécurité–migration ; insécurité-développement local; insécurité-média-communication-journalisme ; insécurité-agriculture-élévage-pêche ; insécurité-eau-électricité-énergie ; insécurité-expériences professionnelles-pratiques administratives ; insécurité-interventions d’ONG. Le second volet du colloque, ajoute Fatoumata, portera sur les questions de méthodologie de la recherche et l’écriture scientifique qui s’inscrivent dans la tradition de l’AJDM d’accompagner les doctorants en leur offrant des formations de renforcement de capacités. Le Recteur de l’ULSHB, Idrissa Soiba Traoré, a rappelé les défis que les docteurs et doctorants doivent relever : travailler pour donner plus de visibilité aux recherches ; mutualiser les travaux de recherche ; travailler en commun pour avoir plus de résultats ; être agressif, etc.
Hadama B. FOFANA
Source: Le Républicain