La légèreté en matière de sécurité à l’Aéroport International de Bamako Senou ne se raconte pas, elle se vit plutôt. Comme le marché de Bamako, cet important lieu tient la triste réputation en matière de vols, de laxisme et de manque de professionnalisme de son personnel. Depuis deux semaines des experts de la CEDEAO sont en mission en ce lieu stratégique. Pourquoi ?
Aéroports Bamako-Sénou
Vitrine du pays, point d’arrivée et de départ de tous les grands visiteurs et étrangers, l’aéroport international de Bamako-Senou peine à redorer son blason. Manque de professionnalisme des agents, vols de toutes natures, dispositif sécuritaire souple et voué à la corruption… La liste est longue et le tableau sombre. Qu’est ce qui est à la base de cette situation délétère ?
Difficile d’y répondre, car chacun de peur de perdre son emploi tire la couverture sur soi et renvoie la responsabilité sur l’autre. Du coup, la responsabilité est devenue une « merde » dans un tissu en soie. Mais ce qui reste évident est qu’aucune action d’envergure n’est entreprise pour soigner l’image de cette structure, la plus importante en terme d’aéroport du pays. C’est avec la mort dans l’âme que les soldats de la force Serval constatent, présents à Senou, certaines scènes de laisser-aller à l’aéroport de Bamako-Sénou. Surtout lorsqu’il s’agit de l’aéroport principal d’un pays en proie à l’insecurité et sous la menace d’un terrorisme à visage découvert.
Dans notre parution de la semaine dernière, nous évoquions le vol des bagages d’un opérateur économique dont le courage a parmi d’arrêter ses voleurs dans le lot des agents de l’ASAM. Après cette publication, nous avons reçu des réactions qui prouvent à suffisance qu’à l’aéroport de Bamako-Senou, la plaie frôle la gangrène. Si l’on ne prend pas des mesures idoines pour y faire régner l’ordre et la discipline, les conséquences seront néfastes pour notre pays.
Le personnel sur leur pied de guerre contre la mesure de la mise en concession, n’entend endosser une quelconque responsabilité dans cette situation. En tout cas, en l’espace de deux ans, cette structure a changé de directeur mainte fois.
La CEDEAO en rescousse !
L’objet de la mission des experts de la CEDEAO, serait de contrôler l’ensemble des dispositifs sécuritaires en place à l’aéroport de Bamako Sénou. Cette expertise de la Cedeao intervient deux ans après une expertise américaine initiée par une compagnie américaine qui voulait s’implanter au Mali. C’était avant le début des travaux de rénovation de l’Aéroport de Bamako Sénou dans le cadre du Millénium challenge. Mais le hic a été que les conclusions du rapport produit par les experts américains ont été négatives sur tous les plans. Pour cause, dans ce rapport des enquêteurs américains, il ressort qu’ « un soir, quand les enquêteurs se sont rendus nuitamment à l’aéroport et ils ont surpris certains agents de sécurité (des gendarmes et des policiers) et de sûreté en faction entrain de dormir ». Conséquence la dite compagnie américaine a renoncé à son projet de s’installer au Mali car selon ce rapport « l’Aéroport de Bamako Sénou ne répond pas aux normes de sécurité du standard international».
En attendant, nombreux sont aujourd’hui des passagers qui arrivent à Bamako-Senou le sourire aux lèvres pour repartir les larmes aux yeux. L’appât du gain facile, la spoliation et le vol des passagers sont érigés en règle par certains agents de sécurité et de sûreté. Pour ce faire, des cellules sous forme de bureaux de contrôle sont aménagées afin d’effacer toutes les traces des poissons tombés les mailles. Et certains agents de sécurité d’Etat sont reconnus comme de véritables hommes de paille.
En 2011, une arme a été découverte sur un passager dans un avion en provenance du Mali à l’Aéroport de Dakar. En 2012, c’est un fou qui s’est engouffré dans la cabine de pilotage d’une compagnie étrangère.
Comment ces individus ont-ils pu défier le dispositif sécuritaire au Mali ?
Au-delà de cet état de laxisme sécuritaire, les autres maux qui minent les services de l’aéroport international du Mali sont nombreux. Pour preuve, de nombreuses compagnies ont dressé des rapports pour décrier le service dérisoire de cette structure. Des rapports, restés lettre morte dans les tiroirs. Notamment la lenteur dans la dotation en kérosène. Assurée par un seul véhicule, selon certaines sources. Pourtant le marché serait octroyé à deux compagnies : Star Oil et Total. Malgré tout, des avions accusent souvent des dizaines de minutes à l’attente sur le tarmac. Que dire de la qualité des repas servis au Mali ?
A suivre.
Thierno Thiam