Les élections législatives à Ségou présentent de belles affiches notamment celle présentée par les candidats Mountaga Tall (du Cnid-Fyt) et Dramane Dembélé (candidat de l’Adéma-pasj à la dernière élection présidentielle). Si Dramane Dembélé, qui a été 3ème à l’issue du 1er tour du scrutin présidentiel de juillet dernier, est à son coup d’essai (à une élection législative), Mountaga TALL a par contre à son actif trois (3) mandats de député, tous au compte de sa région de naissance, Ségion. C’est donc un quatrième mandat qu’il veut décrocher.
L’affiche Mountaga Tall-Dramane Dembélé tient donc, du fait de la pointure de ses animateurs, le haut du pavé et jouit de fortes chances de raffler la mise à Ségou.
C’est contre une telle affiche que la chinoise maienne, Yu Hong Wei dite Astan Coulibaly, candidate sur la liste commune à trois partis politiques (dont le parti la Sadi de Oumar Mariko) baptisée « Ségou Kanou » (« L’amour de Ségou » en bambara), a décidé de faire du kung fu, pardon de croiser le fer. Quelles sont ses chances?
Âgée de 54 ans et née à Shanghai de parents chinois, Yu Hong Wei, devenue malienne et rebaptisée Astan Coulibaly, cherche à être élue députée à Ségou, où elle vit depuis 31 ans. Elle est arrivée au Mali à 23 ans et travaille dans le domaine médical.
Dans ce chef-lieu de région à près de 240 km au nord de Bamako, cette petite femme de 54 ans, visage rond et avenant, est reconnue et interpellée par les habitants. « Tout Ségou connaît cette femme! Elle était ici bien avant que je ne sois né », lance Mamadou Diarra, 23 ans.
À Ségou, personne n’avait connu avant elle de candidat à un scrutin national qui soit asiatique « à 100% », c’est-à-dire non métissé. « Depuis 1982, je suis installée à Ségou avec mon mari », raconte Yu Hong Wei dite Astan Coulibaly, s’exprimant clairement en langue nationale bambara. « Je n’ai vécu qu’ici. C’est pourquoi je veux aider notre ville et nos enfants à sortir de la pauvreté ».
QUELLES SONT LES CHANCES DE YU HONG WEI DITE ASTAN COULIBALY?
Si elle est élue, elle compte lancer des projets « qui aideront beaucoup les habitants de Ségou », en améliorant « les conditions de vie des femmes, des enfants et des jeunes sans emploi ». Elle n’exclut pas de demander l’aide de Chinois présents au Mali avec lesquels elle est en contact. « Il y a plus de cent Chinois dans la région de Ségou actuellement », précise Yu Hong Wei dite Astan Coulibaly.
C’est en Chine qu’elle a rencontré à la fin des années 1970 Amadou Coulibaly, alors étudiant dans le domaine de l’industrie textile. « Il m’a demandée en mariage et mes parents ont fini par accepter après quelques temps d’hésitation », raconte-t-elle, émue. Ils se marient à Shanghai en 1982 puis viennent s’installer à Ségou.
Aujourd’hui Amadou est à la retraite, Astan est toujours dans le domaine médical et a étendu ses activités au transport et à l’immobilier. Elle n’a pas coupé les ponts avec la Chine, où elle se rend chaque année. Le couple Coulibaly a quatre enfants dont le plus jeune a 13 ans, et un petit-fils. Son fils aîné, Ibrahima, soutient « sans réserve » sa mère.
Depuis l’ouverture de la campagne électorale, « j’ai compris que je suis aimée » dans la région, les habitants « me l’ont prouvé, village après village », soutient Astan Coulibaly.
A Dioro, localité au bout d’une piste à 60 kilomètres de Ségou, la candidate reçoit un accueil enthousiaste. Mais certains habitants voient surtout en elle un moyen pour accéder à l’aide de la Chine, de plus en plus présente dans la région. « On votera pour toi pour que les Chinois viennent faire la route Ségou-Dioro! », lance une femme.
Un de ses colistiers, Adama Diarra, opérateur économique, explique « la grande popularité » de Mme Coulibaly par ses actions sociales, notamment « auprès des personnes âgées qu’elle soigne gratuitement même dans les villages ». Pour la liste « Ségou Kanou », c’est un « avantage » certain, avance M. Diarra, qui fonde « beaucoup d’espoir sur elle pour gagner les législatives » dans leur circonscription.
Malgré des atouts réels, la question reste posée: quelles sont les chances de Yu Hong Wei dite Astan Coulibaly ? Surtout face aux candidats soutenus par les deux partis fondateurs, sinon pères fondateurs de la révolution de mars 1991 et de la démocratie malienne. La réponse au soir du 24 novembre courant.
Moussa TOURÉ
Source: Soir de Bamako