La semaine dernière, le Premier ministre était à Mopti pour deux jours. Pour ce énième déplacement depuis sa nomination, Dr Boubou Cissé a multiplié les initiatives. Installation du Comité régional du Cadre politique de la gestion de la crise au centre, lancement du DDR, après la nomination du Haut représentant du Président de la République pour le centre. Pour quels effets ?
Depuis sa nomination, il y a six mois, le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, a accordé une attention particulière à la situation au centre du pays. En plus des visites à répétition, les initiatives pour ramener la paix et la stabilité s’enchainent. Le 10 octobre, le Chef du gouvernement a présidé la première réunion du Comité régional du Cadre politique de la gestion de la crise au centre. Le lendemain, il lançait l’opération de démobilisation, désarmement et réinsertion (DRR), qui ambitionne de désarmer les détenteurs d’armes et de ramener la quiétude dans la région. En juin déjà, le Pr Dioncounda Traoré avait été nommé Haut représentant du Président pour le centre. Mais depuis, il semble être en sourdine.
Sur le terrain, la situation reste préoccupante, avec des attaques contre les forces armées maliennes et internationales et les populations. La tension est palpable, suscitant des manifestations, violentes parfois. « Jusqu’à là, les différentes initiatives sur le terrain n’ont pas donné l’effet escompté. À chaque fois qu’il y a des visites, il y a une réaction négative. C’est ce qui est dommage », affirme Salia Samaké, analyste politique. Pour Fodié Tandjigora, il y a une présence d’acteurs trop institutionnels par rapport à la réalité du terrain. « On ne sait pas aujourd’hui le rôle que joue exactement le Haut représentant du Président de la République pour le centre. On ne peut le différencier de celui du Premier ministre, qui se rend ces derniers temps régulièrement sur le terrain. Il y a peut-être un problème de leadership », estime le sociologue. Il souligne que depuis la nomination du Pr Dioncounda Traoré, il n’y a eu aucune action coordonnée, en dehors de la stratégie globale pour le centre existante. « Ce dont les populations ont besoin aujourd’hui, ce ne sont pas les visites et les discours, mais un mécanisme pour arrêter les violences qu’elles sont en train de subir ».
La mise en place de ce Comité régional, qui assurera le suivi des actions de stabilisation pour le retour de la paix et de la cohésion, et le lancement du DDR pourront-ils constituer le déclic de la sortie de crise ?
Acherif Ag Ismaguel
Journal du mali