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Incidents de Gao et problématique des autorités intérimaires: le coup de gueule de l’opposition

Les partis politiques de l’opposition ont animé, le samedi 16 juillet, à la maison de la presse, une conférence de presse pour s’entretenir avec les journalistes sur l’incident survenu à Gao le 12 juillet et évoquer leur position par rapport à la problématique des autorités intérimaires. Les leaders de l’opposition ont largement dénoncé le tâtonnement dans la mise en œuvre de l’Accord de paix tout en exigeant la tenue d’une concertation nationale.

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Les conférenciers étaient le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla CISSE ; le président du parti FARE Anka wili, Modibo SIDIBE ; le président du PARENA, Tiébilé DRAME et le président du PDES, Sadou Harouna DIALLO, non moins maire de la ville de GAO.
Dans ses propos liminaires, le chef de file l’opposition a, au mon de ses camarades, réitéré les condoléances aux familles endeuillées et souhaité prompt rétablissement aux blessés.

L’opposition réclame des concertations nationales
Pour une énième fois, les responsables de l’opposition ont critiqué le fait que notre pays a été engagé dans un processus dit de paix et de réconciliation en Algérie sans au préalable réunir toutes forces vives de la nation. Le chef de file Soumaila CISSE a rappelé, qu’à la veille de la signature de l’Accord, l’opposition a fait un communiqué pour souligner que cet Accord contient des germes de partition du pays tout en rappelant que sa signature ne doit nullement occulter la situation sécuritaire inquiétante dans le nord et dans le centre du pays dont la résolution requiert de nécessaires dialogues entre les différentes composantes de la nation.
L’opposition, par la voix de son chef de file, trouve que l’immense campagne de sensibilisation du gouvernement autour de l’Accord n’a eu aucun effet bénéfique pour le pays si bien qu’on assiste à une recrudescence de la violence, avec son cortège d’attaques meurtrières contre les forces armées du pays, les forces de la MINUSMA et les populations civiles.
« La non pertinence de certains principes et engagements contenus dans l’Accord et ses annexes, notamment ceux relatifs à l’installation des autorités intérimaires dans les régions du nord est de plus en plus évoquée avec inquiétude par la classe politique, la société civile et les élus du Nord », a soutenu le président de l’URD.
Avant de rappeler que le 31 mars 2016, l’Assemblée Nationale a adopté la loi portant modification du code des collectivités pour y introduire l’institution des autorités intérimaires dans notre pays. Et qu’à la veille de cette délibération l’opposition avait tiré la sonnette d’alarme sur les dangers de cette modification du code des collectivités sur l’unité de notre nation.
Malgré ses avertissements, dénonce-t-il, le Gouvernement a signé le 19 juin 2016, en toute clandestinité avec les groupes armés, un document intitulé «Entente» qui précise les modalités pratiques pour la mise en place des autorités intérimaires.
Selon l’opposant en chef, aucune consultation de la classe politique, ni de la société civile n’a été menée en vue de les associer à l’élaboration du document de ladite «Entente», ni à sa tentative de mise en œuvre.
Selon les explications de Soumaila CISSE, se sentant marginalisés, des jeunes de Gao ont organisé une marche pacifique le mardi 12 juillet 2016 pour manifester leur mécontentement et demander leur implication dans la gestion de leur cité.
« L’opposition estime que notre pays doit à présent entamer une dynamique nouvelle, par un dialogue inter-malien fécond visant à forger un consensus national autour de la restauration de la paix et de la stabilité sur l’ensemble du territoire. Il sera le lieu d’une appropriation nationale, d’une «Malianisation» du processus de paix et de réconciliation. Ce dialogue national inter-malien doit s’étendre à tous les acteurs Maliens de l’intérieur et de l’extérieur », a déclaré l’honorable CISSE.

On ne peut pas faire la paix à Gao sans la jeunesse de Gao
Le maire de Gao, Sadou Harouna DIALLO, affirmé avoir récupéré plus de 3 000 armes individuelles et 40 armes collectives auprès des jeunes de Gao après la libération des régions du nord. De l’avis de l’édile de la cité des Askia, s’il y a aujourd’hui un recrutement ou un recasement, les jeunes de Gao doivent être pris en compte. Cela, pour avoir fait face aux occupants pendant que l’Etat n’était pas présent dans les régions du nord.
Il a tenu à rectifier qu’il y a eu trois morts au lieu de quatre comme le font croire certaines sources.
« Un mois avant la marche, les jeunes sont venus me voir au bureau, je leur ai dit que l’organisation d’une marche est un droit constitutionnel mais qu’en raison de l’état d’urgence je ne peux pas leur donner une autorisation. Ainsi, j’ai décidé de les aider à organiser la marche. Ils ont déposé leur document à la MINUSMA et au gouvernorat un mois avant la marche. Le jour de la marche je n’étais pas au Mali. Quand je venais du Brésil, j’ai fait une escale au Maroc où j’ai appris à travers l’internet ce qui s’est passé à Gao. J’ai appelé des élus communaux puis le président des jeunes de Gao, Moussa YORO, qui m’a informé que l’armée a fait irruption à leur domicile quand ils étaient en train de préparer la marche à minuit. Que les forces de l’ordre ont enlevé une vingtaine de personnes dont deux jeunes de Gando izo qui étaient armés juste pour assurer la sécurité de leurs camarades. Ceux-ci ont été désarmés et ils ont été conduits à la gendarmerie où ils ont été maltraités dont 12 jeunes sont gravement blessés. Lors de la manifestation, il y a eu 35 blessés par balles plus les 12 blessés par bastonnades la veille de la marche », a expliqué le maire de Gao.
Le maire Sadou Harouna DIALLO a sévèrement critiqué l’incident survenu dans sa ville tout en indiquant qu’il y a eu aucun tire venant de la foule et que sa maison n’a ni été vandalisée ou brulée par les manifestants.
« Nous n’avons rien contre l’Accord d’Alger, mais nous ne sommes pas d’accord pour la forme et les faits du gouvernement aujourd’hui. Cet accord ne nous a jamais été expliqué. Et on ne peut pas faire la paix à Gao sans la jeunesse de Gao qui a gardé la ville quand l’Etat n’était pas présent. Au retour de l’administration nous avons tout fait pour rendre crédible les représentants de l’Etat aux yeux de la population.
Par rapport à la question des autorités intérimaires nous n’avons pas été informés. Moi on ne va pas m’enlever parce que quand on m’enlève on ne pourra pas commandé mon peuple. C’est mon peuple à moi, c’est ma jeunesse à moi », a lancé le maire de Gao.

Mettre en œuvre les aspects sécuritaires contenus dans l’Accord
Le président des FARE, Modibo SIDIBE, est revenu sur l’appréciation de l’opposition sur l’Accord de paix et de réconciliation.
Selon lui, cet Accord n’était pas ce qu’il fallait parce qu’il n’apporte aucun projet politique d’avenir pour le Mali dans son entier et le peuple du Mali pour son avenir. Le président des FARE soutient que le présent Accord de paix, tel qu’il a été conçu, ne peut pas être une réponse aux problèmes du Mali.
« Nous avons dit que cet accord ne traite pas les questions fondamentales, à savoir la question du terrorisme, du narco trafic, des données socioculturelles et intracommunautaires… Par conséquent, nous avons signalé que l’Accord contient un ensemble d’éléments qui mettent en cause la Constitution et la République. Si l’on veut aller vers une paix durable, il faut venir à la base. Nous avons toujours été clairs à dire que l’approche doit être globale. Aujourd’hui si on veut trouver une solution il faut que tous les aspects sécuritaires dans l’accord soient mis en œuvre pour garantir la sécurité sur l’ensemble du territoire ; s’engager dans un dialogue national refondateur du Mali ; et enfin assurer la présence des services sociaux de base. La seule initiative robuste aujourd’hui c’est d’aller vers un débat public pour que les Maliens deviennent acteurs de leur avenir. Le gouvernement a fait trop de propagande autour de l’Accord au détriment de l’explication dont les Maliens ont besoin. Les autorités intérimaires sont venues dans l’accord en catimini. Et on est en train de faire une révision de la Constitution en catimini. Un comité d’expert a été mis en place et il a été dit que la première mission de ce comité d’experts est de prendre en compte les dispositions de l’Accord de paix qui ont valeur constitutionnelle…», a fustigé Modibo SIDIBE.
Pour sa part, le président du PARENA Tiébilé DRAME, a dénoncé que depuis trois ans le président de la République et le gouvernement sont dans une fuite en avant par rapport à la question de la restauration de la paix et de la stabilité au Mali. Pour lui, le processus qui a abouti à la signature de l’Accord n’a pas été inclusif.
« Ce qui s’est passé à Gao le 12 juillet montre à suffisance qu’il n y a pas eu d’inclusivité parce que des acteurs majeurs de la vie publique dans la région de Gao ne sont pas d’accord avec ce qui se passe. Toutes nos propositions ont été accueillies avec mépris et le pays est aujourd’hui dans l’impasse. Nous n’avons pas demandé d’annuler l’Accord signé mais nous réclamons des concertations inter maliennes autour de cet Accord pour son appropriation nationale afin que les Maliens se mettent d’accord sur les conditions dans lesquelles cet Accord peut être appliqué.

PAR MODIBO KONE

 

Source: info-matin

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