Dans la précédente parution du journal Le Relais, nous avons fait cas d’un incendie à Kokoun, un village du secteur de Yorobougoula dans le Cercle de Yanfolila. Le bilan de cet incendie est de 78 maisons brûlées en quatre jours. Les sources de ces incendies restaient inconnues, mystérieuses. La population locale a vite informé le public que ces incendies sont dus aux démons du village qui sont en voie d’être délaissés par les êtres humains dont ils assuraient la protection.
Mais au bout d’un mois, nos investigations ont abouti à une révélation inédite. L’incendie de Kokoun n’était pas un fait des esprits invisibles mais plutôt une vengeance sociale, ou un règlement de compte au sein de la population du village. Voilà comment la situation a été créée.
Le village de Kokoun a un endroit sacré où habituellement la population du village faisait des offrandes : taureau et bélier, aux esprits invisibles pour la protection et la prospérité du village. Mais, le village avait commencé à abandonner cette pratique. Ce n’était pas interdit, mais la pratique tombait en désuétude.
Lorsqu’un fils de l’imam, (un musulman extrémiste) est venu de l’Espagne, ce dernier s’est lancé dans une campagne de propagation de la doctrine religieuse. Pas d’offrandes aux « djins », démons, pas de voyance etc. En outre, ce fils de l’imam du village accompagné d’autres personnes acquises à sa cause, se sont rendus dans le lieu sacré pour détruire tous qui restaient comme signes de témoignages des précédentes offrandes. Les récipients, qui contenaient les os des animaux sacrificiels, ont été tous saccagés. La frange de la population qui est favorable à la pratique traditionnelle a été frustrée et décida de laver l’affront.
C’est pour quoi, l’incendie a touché à beaucoup de cases du village, cependant, la famille de l’imam a été la plus touchée. Deuxième indice, les incendies se produisaient le plus souvent quand le muézin commençait a appelé les croyants à la prière. Dans ces conditions beaucoup d’heures de prières de la mosquée ont été aussi vandalisées.
Vu la multiplication des incendies, le chef de village de Kokoun a fini par offrir un bœuf et un bélier aux esprits invisibles du village. L’incendie ne se produit plus, les offrandes ont été faites aux démons, l’affront a été bien lavé.
En plus, de l’extravagance du fils de l’imam dans la pratique de l’islam, le village de Kokoun connaît diverses crises sociales au nombre desquelles figure la situation d’une communauté Minianka venue s’installer pour l’exploitation des sols agricoles qui a engendré beaucoup de mécontentements de nos jours.
Dans l’enquête sur cet incendie qui s’est produite de manières mystérieuses, le journal Le Relais, a, de fil à aiguille, découvert que les conflits sociaux se sont transformés en conflit des esprits invisibles.
Que l’entente et la paix reviennent dan nos communautés !
Seydou KONE