Les aboiements de l’Union Africaine, jeudi 17 janvier dernier, au sujet de l’élection présidentielle en RDC, n’ont pas vacillé ni le président sortant Joseph Kabila qui est resté imperturbable, ni la cour constitutionnelle qui a jugé le contentieux électoral et rendu son arrêt ce samedi 19 janvier en confirmant Félix Tshisekedi comme président de la république élu. Comme l’on peut le constater, la comédie de la bande à Paul Kagame exigeant la surséance de la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle en RDC par la Cour constitutionnelle n’a donc duré que l’espace d’un matin. « Autant le chien qui aboie n’empêche pas la caravane de passer, autant la caravane qui passe n’empêche pas le chien d’aboyer », voilà la logique que présente cette situation. Du coup, la visite annoncée ce lundi à Kinshasa de certains présidents africains devient inopportune. A moins qu’ils viennent assister à la prestation de serment du président Félix Tshisekedi prévue mardi…
En effet, s’il y a une personne qui ne peut pas prononcer le mot « démocratie » et prétendre donner sa leçon aux autres, c’est le président rwandais Paul Kagame. Lui qui a changé la constitution à la veille des élections et qui a fait emprisonner son challenger, une femme de surcroît. Mais hélas, c’est cet homme et sa bande non démocratiquement modelée de l’UA qui se sont permis de s’immiscer dans une affaire interne de la RDC, tentant ainsi de violer sa souveraineté. Mais très sereines, les autorités de Kinshasa ont vite compris que l’organisation panafricaine jouait la carte de l’Occident, surtout de l’Union européenne, sa pourvoyeuse des financements qui tient coûte que coûte en découdre avec le régime de Kabila. Comme tout le monde le sait, l’Union Africaine est toujours incapable de réunir un modeste budget de 800 millions USD pour son fonctionnement et dépend à 80% des financements européens. Donc, ce n’est pas elle qui a demandé la suspension de la proclamation définitive du président élu, mais plutôt ses donateurs et financiers qui lorgnent toujours sur les richesses de la RDC et voudraient en avoir mainmise.
Qu’à cela ne tienne, l’immixtion de l’UA dans le processus électoral en RDC étonne tout de même d’autant plus que celui-ci a conduit, non seulement à l’alternance du pouvoir qui bascule vers l’opposition, mais également à une passation civilisée attendue du pouvoir entre deux présidents de la république. Curieusement, on n’a pas vu l’UA condamner les élections contestées au Rwanda, au Congo-Brazzaville, au Gabon ou au Mali. Par contre, elle consolide les pouvoirs des dictateurs.
Quelle que soit l’opinion que l’on peut se faire sur la CENI, la Cour constitutionnelle et les élections qui viennent d’être organisées en RDC, aucun africain sérieux ne peut tolérer cette comédie jouée par MM Kagame, Mousta Faki et leurs compères de l’UA. Aussi étonnant que le Rwandais Paul Kagame et le Tchadien Idris Deby qui ne tolèrent aucune opposition dans leurs pays, aient des leçons à donner en matière d’élections démocratiques et des droits de l’homme et des peuples, à la plus grande joie de certains Congolais parmi lesquels des responsables politiques. Quelle est cette institution étrangère (ONU, Union Européenne, UA…) qui peut se permettre de donner des injonctions à la Cour suprême des Etats-Unis ou au Conseil constitutionnel français ?
Heureusement que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, n’est pas allé par le dos de la cuillère pour critiquer profondément la position de Paul Kagame et ses compères de l’UA en précisant que « ce n’était pas l’Union Africaine, c’était le sommet d’un groupe de pays invités par le président de l’Union Africaine ». Une façon pour lui de donner moins d’importation à leur déclaration.
Owandi.