L’évaluation du plan des accords de réadmission, le laissez-passer européen, les causes profondes de la migration et la problématique de la libre circulation dans l’espace CEDEA étaient, entre autres, sujets au centre d’une conférence de presse organisée, le Mardi 14 février 2017, par l’ Association malienne des expulsés (AME) à son siège sise à Djélibougou. Selon le registre de l’association, au total : 3353 maliens ont été expulsés en provenance d’Europe, d’Afrique et d’Asie.
Selon le conférencier, Ousmane Diarra et non moins président de l’AME, lors du Sommet UE-Afrique à la Valette les 12 et 13 novembre 2015, plusieurs points ont été soulevés sur la migration. A l’en croire, l’idée d’un document de voyage européen (laissez-passer européen) et la conclusion des accords de réadmission pour faciliter le retour des migrants en situation soi-disant irrégulière et leur réinsertion dans leurs pays d’origine ont été proposés. A la suite de ces propositions, notamment celle relative au laissez-passer européen, fera-t-il savoir, les pays africains présents ont pourtant manifesté leur opposition.
« En dépit de cette opposition vis-à-vis de l’utilisation de ce document de voyage, certains Etats membres de l’Union Européenne (la France et Suède) n’ont pas hésité à l’utiliser pour expulser les ressortissants des pays tiers qui seraient, semble-t-il, en situation irrégulière », a dit le conférencier. Avant d’ajouter qu’à titre illustratif, le Mali a accueilli sur son sol deux personnes détentrices de ce document de voyage au mois d’août 2016. Pour lui, l’AME, toujours à l’avant-garde concernant la défense des droits des migrants où qu’ils se trouvent, dénonce ouvertement la politique migratoire de l’Union Européenne dont l’objectif est de contrôler les flux migratoires au niveau des frontières (atteintes aux protocoles de libre circulation de la CEDEAO) et d’expulser les migrants qui se trouvent déjà sur leur territoire.
Selon M. Diarra, la récente rencontre du 3 février 2017 à Malte par les membres du Conseil européen concernant les aspects extérieurs des migrations va dans ce sens. Face à cette situation, dira-t-il, l’AME notamment félicite l’Union Africaine et des pays comme l’Egypte et le Nigéria qui ont beaucoup insisté lors de la réunion des hauts fonctionnaires des Etats membres de l’UE et des Etats africains des 8 et 9 février 2017 à Malte sur la nature déséquilibrée de la mise en œuvre du plan d’action de la Valette avec les pressions de l’UE pour le rapatriement des migrants irréguliers et la lutte contre les trafiquants en Afrique alors qu’aucun effort n’était fait de leur part au niveau de la mobilité légale ; déplore la division qu’on a pu constater entre Etats Africains lors de ladite réunion à Malte ; invite les Etats africains à s’unir pour la défense des intérêts des migrants ; interpelle, enfin, l’Etat malien à œuvrer pour la sauvegarde des intérêts des maliens de l’extérieur en ne signant aucun accord de réadmission et s’en s’opposant à l’utilisation des LPE par les Etats membres de l’UE.
Moussa Dagnoko