Jamais la neutralisation ou la mort d’un terroriste n’a fait l’objet d’autant de communiqués des cellules de communication de divers ministères et d’Etats – Majors des armées opérant au Mali depuis 2013. Il s’agit bien sûr du terroriste Amadou Koufa ou Hamadoun Kouffa, chef jihadiste opérant au centre du Mali et qui s’est lui-même proclamé vassal d’Iyad ag Ghali, le chef d’Ançardine Eddine dont l’objectif déclaré est de faire du Mali un état islamiste où la charia sera appliquée dans toute sa rigueur.

En lisant les divers communiqués (cf. page 3), on est ahuri par la tendance de chacune des parties, maliennes et françaises à vouloir s’attribuer le mérite de cette opération.

Ainsi le vendredi 23 décembre, la cellule de communication de Barkhane, depuis N’Djamena écrit : « Dans la nuit du 22 au 23 novembre 2018, dans la région de Mopti au Mali, les forces françaises de l’opération Barkhane ont frappé durement un groupe terroriste de la Katiba Massina. » Puis, après avoir parlé des moyens logistiques colossaux utilisés, la cellule précise : « A ce stade de l’évaluation de l’opération, il apparait qu’une trentaine de terroristes a été mise hors de combat, parmi lesquels figurent probablement le chef de la katiba Massina, Hamadoun Kouffa, et ses principaux cadres. » Dans la même veine, la ministre française des Armées, Florence Parly note dans son communiqué de presse : « Dans la nuit du 22 au 23 novembre 2018, http://bamada.net/elimination-damadou-kouffa-les-otages-soungalo-kone-et-le-cb-diawara-aussi-seraient-victimes les armées françaises engagées au Sahel au sein de l’opération Barkhane ont mené une action d’ampleur, complexe et audacieuse qui a permis de neutraliser un important détachement terroriste au sein duquel se trouvait probablement l’un des principaux adjoints de Iyad ag Ghali, Hamadoun Kouffa chef de la Katiba Massina ».

Et que disent les autorités maliennes ? Primature et ministère de la défense du Mali parlent d’opération coordonnée FAMAs / Barkhane et certifient la mort de Hamadoun Kouffa.

L’analyse de ces différents communiqués, porte à croire que du côté français, tout le mérite de cette opération reviendrait uniquement aux forces françaises, bien qu’en filigrane, le communiqué de Barkhane laisse apparaître la participation des FAMAs à leur côté. En effet au 3ème paragraphe de son communiqué on y lit : « Cette action illustre l’efficacité de la force Barkhane, aux côtés des forces partenaires locales et de la MINUSMA, et ses capacités à agir en tout temps et tout lieu contre les groupes terroristes. » Et du côté malien, on souligne que cette opération n’aurait pas été une réussite sans l’action des FAMAs, notamment l’infiltration du groupe jihadiste par le renseignement militaire malien qui aurait été déterminante.

Dans cette collaboration entre armées pour la pacification et la stabilisation du Mali, pour l’efficience des opérations, il serait dommageable que l’une des partenaires ait une attitude condescendante envers les autres. Et, au regard de l’énormité des tâches qui restent à accomplir, bien que la neutralisation de Hamadoun Kouffa soit un succès significatif, elle n’est pas décisive. A nos yeux, elle n’est qu’une gloriole qui ne mérite pas qu’on se dispute la paternité.

Wamseru A. Asama