La corrélation entre la religion et la politique est aujourd’hui au centre de tous les débats surtout avec les récentes passes d’armes entre le Premier ministre et certains leaders religieux. C’est ainsi que plusieurs observateurs n’ont pas manqué d’apporter leur touche à cette réflexion. C’est ainsi que le Professeur de Droit à la Faculté des droits privés (Fdpri), Ibrahim Ikassa Maïga, se prononce sur la question.
A l’entame de ses propos, il dira qu’aucune disposition légale ou autre n’empêche un Malien, fût-il leader religieux, de se prononcer sur les différents aspects de la vie de la Nation : politique, éducation, sécurité, agriculture, religion, culture, paix, réconciliation, justice…
Bien au contraire, précise-t-il, l’article 2 de la Constitution proclame qu’aucune discrimination, aucune limitation de droits individuels et collectifs ne peut être fondée sur la religion… De son point de vue, le problème se situe ailleurs. “Si les politiques font mal leurs actions, si les tenants du pouvoir gèrent mal les affaires publiques, autant les religieux, mais aussi les jeunes, les femmes, les paysans, les syndicats, les transporteurs, les usagers de l’administration, le citoyen lamda… se poseront des questions, les critiqueront et leur demanderont des comptes, à coup sûr”, a-t-il martelé.
Il rappellera qu’hier encore, sous le régime du Général Moussa Traoré, cela s’est passé ainsi où des élèves et étudiants, les enseignants, des syndicalistes, des journalistes, des associations (Adema et Cnid), des chômeurs, des organisations de défense des droits de l’homme (Amdh)… l’avaient fait, sans qu’ils soient ” politiques ” ou autorisés à l’être par la loi. “A fortiori aujourd’hui, ce droit ayant été enlevé de haute lutte, tous les citoyens ont droit de regard sur les affaires publiques… et les politiques n’ont qu’à bien se tenir, le pays appartient à tous. Aussi, nous sommes tous politiques puisque nous sommes des électeurs, et sans électeurs que valent les partis et les hommes politiques”, a laissé entendre le professeur d’Université. Selon lui, au demeurant, si les choses politiques sont bien gérées, il n’y a aucune crainte que ces “intrus” fassent des incursions insolites, car ils seront bien occupés à traiter leurs soucis quotidiens, mais si la mauvaise gouvernance les “empêche de dormir”, alors ce sera l’affaire de tous et personne n’y peut rien. “C’est un devoir pour chacun de jouer la sentinelle de la République, c’est une obligation… à défaut, le réveil sera brutal”, a-t-il conclu.
Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourd’hui-Mali