Le conflit qui affecte le Mali depuis quelques années, a engendré la hausse des dépenses de sécurité. Selon le président Ibrahim Boubacar Keita, l’investissement dans la guerre absorbe 24% des ressources budgétaires.
« Par la force des choses, mes chers compatriotes, l’investissement dans la guerre est devenu notre première source de dépenses. Ce secteur absorbe 24% des ressources budgétaires de notre pays où tous les investissements sont prioritaires et urgents. Mais vous le savez bien, c’est parce que la paix est la première des infrastructures, celle qui conditionne toutes les autres », a révélé le chef de l’Etat.
Il est d’avis que sans les bonnes nouvelles que sont une économie qui tient debout malgré la conjoncture difficile, sans le succès reconnu par tous du Dialogue national inclusif, 2019, aurait été une année noire, une véritable annus horibilis.
«A une échelle sans précédent, des localités entières de chez nous, qui furent jadis havres de paix et de tolérance, ont vu la haine tuer et brûler. Les heurts intercommunautaires, les violences motivées par la vengeance ou par le calcul d’installer la stratégie paralysante de la peur, nous ont confronté à des barbaries d’un autre âge, à des horreurs que nous ne croyions possibles que chez les autres. Je parle de Koulogo, Ogossagou et Sobané-Da, pour ne citer que ces monstrueuses tragédies imméritées », a déploré M. Keita.
Il a souligné que l’armée nationale, dans le même temps, a payé un lourd tribut à ce qui reste aujourd’hui plus que jamais, notre guerre de libération, notre grande guerre nationale. «A Guiré, Dioura, Bullikessi, Indelimane, Tabankort, nous avons subi des pertes douloureuses.
J’ai, comme vous le savez, désigné, cet été, le Pr Dioncounda Traoré, en tant que Haut Représentant du Chef de l’Etat pour les Régions du Centre. Notre frère Amadou Toumani Touré qui vient de regagner le pays l’accompagnera. Après une centaine d’auditions de parties prenantes et la mise en place de ses équipes, le Pr Traoré, ancien chef d’Etat, aborde la phase opérationnelle de sa feuille de route », a confié le président Keita. Selon lui, l’ennemi a atteint un niveau de sophistication et de violence sans précédent.
Il est passé à la phase ultime de son combat d’arrière-garde, répandant le sang sur son passage, non seulement au Mali, mais dans les casernes de plus en plus endeuillées du Sahel nigérien et burkinabé.
«Mais il y a ce que les flots n’emporteront jamais. Il y a ce qui ne peut être attaqué. Il y a ce qui ne peut être ni cédé ni concédé : c’est notre identité fondée, entre autres valeurs, sur la gratitude et le respect de l’hôte, à fortiori l’hôte venu se battre à nos côtés, pour notre liberté et pour la liberté du monde. Certains sentiments exprimés via les réseaux sociaux, certains articles de presse, ou par des voix connues, demeurent préoccupants car il est essentiel, voire vital, de ne pas se tromper d’ennemis », a-t-il martelé. Le président de la République a confié que le Mali reste sain dans sa majorité. Le Mali, a-t-il dit, garde encore ses valeurs de bienséance et sa force morale.
«Mais le Mali a une constitution et un territoire. Son combat doctrinal est qu’on lui permette de mettre en œuvre sa démocratie laïque, laïque, sans compromission aucune, je dis bien une laïcité sans compromission aucune. Son combat existentiel est qu’on lui permette de garder son intégrité territoriale, toute son intégrité territoriale. Parce que le Mali lui-même est ébranlé dans ses fondements, parce qu’il faut tout faire pour empêcher l’effondrement de notre Etat, une proportion de plus en plus importante du budget est consacrée à l’équipement, au recrutement, à la formation et la montée en puissance de nos forces de sécurité et de défense, face à des adversaires qui gagnent redoutablement en efficacité », a indiqué le chef de l’Etat.
Adou Faye
Lejecom