Le président de la République a tranché : le garde des Sceaux, Me Mohamed Ali Bathily, et le procureur général près la Cour d’appel, qui ne s’apprécient pas beaucoup, sont condamnés à collaborer dans l’intérêt de l’affirmation de la justice au Mali.
Tenu hier à Koulouba sous la présidence du président de la République Ibrahim Boubacar Kéita, le Conseil supérieur de la magistrature a provoqué un grand chamboulement dans les instances judicaires avec 80 % de changements de poste dans les juridictions de la capitale.
Toutefois, le garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Me Mohamed Ali Bathily, a échoué dans son projet d’évincer le procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Daniel Tessougué avec qui il a eu maille à partir à maintes reprises sur des questions d’interprétation du droit.
Comme annoncé, le Conseil supérieur de la magistrature dont la décision la plus attendue serait l’affectation des magistrats, a provoqué hier un véritable séisme dans les juridictions du Mali et une particularité pour le district de Bamako où le chamboulement s’est traduit par plus de 80 % de changements de poste.
Les procureurs des six tribunaux de la capitale ont été mutés à l’exception de la Commune VI. Le procureur du Pôle économique et financier, Mohamed Sidda Dicko, avec Me Bathily avait croisé le fer en janvier dernier au sujet du maire du district de Bamako que le ministre de la Justice voulait renvoyer en prison, a été débarqué.
On avait cru que l’affaire du PDG de PMU qui aurait déjà quitté le territoire national, allait sceller le sort du procureur général près la Cour d’appel de Bamako. Mais, le président de la République a démontré qu’il tient à garder ce magistrat probe, qui ne jure que la bonne administration et distribution de la justice.
L’on pensait logiquement que le ministre, qui a soumis hier un projet de mutation au Conseil supérieur de la magistrature, avait l’occasion de débarrasser des magistrats « insoumis » qui ne parlent pas le même langage que lui. Interrogé par nos confrères de « L’Indépendant », le procureur général Daniel Tessougué, dont le poste était visé dans ce projet, s’était même résolu à partir.
« A aucun moment, je n’ai violé les textes. Si je dois partir, je partirai la conscience tranquille ». Les deux « poids lourds » vont devoir accorder les violons et la déception du procureur général près la Cour d’appel de Kayes, Bagayoko, annoncé à la Cour d’appel de Bamako, doit être grande.
Y. C.