C’est un Ibrahim Boubacar Kéita en pleine forme, costume sombre, chemise blanche, cravate noire, en compagnie de son épouse, Mme Kéita Aminata Maïga, toute de blanc vêtue, qui a prêté serment hier, mercredi 4 septembre 2013 au centre international de conférences de Bamako. C’est dans la grande salle des 1000 places, remplie pour la circonstance, au cours d’une audience solennelle de la Cour suprême, que le premier magistrat de la République a juré de respecter la Constitution, de défendre l’intégrité territoriale du pays, bref d’œuvrer pour « l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens « . Intervenant après cette prestation de serment, IBK a, avec fermeté, martelé que nul ne pourra désormais s’enrichir de manière illicite sur le dos du peuple malien. » Je mettrai fin à l’impunité. Une enquête approfondie sera menée pour établir toutes les responsabilités par rapport aux victimes des inondations « , a-t-il déclaré.
C’est à une cérémonie grandiose qu’on a assisté avec la présence de l’ancien président Moussa Traoré, des présidents des institutions, des membres du gouvernement démissionnaire avec à leur tête le Premier ministre Diango Cissoko, des membres du corps diplomatique, de tous les candidats malheureux à la dernière élection présidentielle y compris Soumaïla Cissé de l’URD et plusieurs autres personnalités.
Nul ne sera au dessus de la loi !
Après avoir salué l’ex-président Moussa Traoré, qu’il a maladroitement qualifié de » grand républicain » (les centaines de victimes des violences militaires de mars 1991 ont dû se retourner dans leurs tombes), le président Ibrahim Boubacar Kéita a loué Dieu sans lequel ce jour ne serait pas.
Il a rappelé brièvement » la nuit noire que le paisible Mali » avait traversé avec à la clé une transition meublée de difficultés inouïes, heureusement redressée grâce au » calme olympien » et à la sagesse d’un président intérimaire, le « grand-frère, Pr Dioncounda Traoré » à qui il a rendu un vibrant hommage. Et IBK de saluer vivement la communauté internationale pour la chaîne de solidarité inédite établie à l’endroit du Mali. » L’élection présidentielle aura convaincu le monde entier sur la détermination du peuple malien « à sortir de la crise. Pour prendre son destin en main, et, dira-t-il, reconstruire un nouvel Etat à hauteur de l’histoire du grand pays qu’est le Maliba.
IBK a alors réaffirmé sa volonté de restaurer « l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens » dans une dynamique de changement qui passera par de nouvelles méthodes de gouvernance. Il a dit sa ferme volonté de restaurer l’autorité de l’Etat, de lutter contre la corruption, de promouvoir la bonne gouvernance. Dans ce sens, le nouveau président de la République s’est engagé à faire entrer le Mali dans une nouvelle ère dans laquelle » nul n’est et ne sera au dessus de la loi « . Il a annoncé l’ouverture, dans les meilleurs délais, d’ »une enquête approfondie » sur les récentes inondations qui ont endeuillé Bamako, notamment les communes I et IV du district. Cette enquête sera menée, précisera-t-il, pour situer toutes les responsabilités par rapport aux victimes de ces inondations.
» Le président de la réconciliation «
« Je veux être le président de la réconciliation et, dès demain, des mesures seront prises pour aller vers la réconciliation des cœurs et des esprits. Je veux rassembler toutes les composantes de notre nation. Je veux rassembler les Maliens pour une paix et une justice durables… Je mettrai fin à l’impunité. On peut s’enrichir, mais nul ne pourra s’enrichir de manière illicite sur le dos du peuple malien. Je bâtirai un Etat fort, un Etat dans lequel les Maliens retrouvent foi en l’avenir… », a-t-il souligné avec autorité.
Le nouveau chef de l’Etat n’a pas manqué de prendre l’engagement de doter le pays d’une armée forte et digne de le défendre. Il a rendu hommage aux présidents François Hollande de la France, Idriss Déby Itno du Tchad, et à plusieurs dirigeants des pays amis qui ont aidé le Mali dans sa libération des mains des forces obscurantistes et jihadistes qui ont voulu l’anéantir.
Il n’a pas oublié de saluer son concurrent au second tour de l’élection présidentielle, Soumaïla Cissé, qui lui a rendu visite pour le féliciter pour sa victoire avant même la proclamation des résultats définitifs.
» Méfiez-vous des rats du palais présidentiel ! «
Auparavant, avant le cérémonial de prestation de serment et la décoration du chef de l’Etat, le Procureur général près la Cour suprême, Mamadou Boiré, avait, dans son réquisitoire, exprimé les désidératas du peuple malien. Il a rappelé que les aspirations profondes des populations portent sur la fin de l’impunité, une justice réhabilitée et réellement indépendante, « qui ne sera plus soumise aux groupes de pression « , la punition des auteurs de crimes, la fin des arrestations arbitraires et extrajudiciaires, la fin de la gestion patrimoniale de l’Etat une école apolitique, une agriculture moderne, des points d’eau potable, l’électricité, l’emploi pour les jeunes, la séparation de la gestion des affaires de l’Etat de la religion, etc.
Le peuple malien veut voir appliquer, a-t-il souligné, le principe « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut « . » Méfiez-vous des rats du palais présidentiel. Notre démocratie vient de très loin. Soyez fidèle au serment que vous allez prêter « , a-t-il martelé à l’endroit du nouveau locataire du palais de Koulouba.
Après le cocktail, la dernière phase de la cérémonie d’investiture du président Ibrahim Boubacar Kéita s’est poursuivi au monument de l’indépendance par un dépôt de gerbes de fleurs à la mémoire des pères de l’indépendance du Mali.
Bruno D SEGBEJDI