L’audience solennelle de la rentrée des cours et tribunaux 2013- 2014 s’est déroulée, le jeudi, sous la présidence du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita, président du Conseil supérieur de la magistrature. Toute la famille judiciaire était au rendez-vous.
Le thème de cette année est «pouvoir et contre-pouvoir en démocratie». Un thème qui a été largement développé par les intervenants. Il a fallu plus de deux heures d’horloge au rapporteur de cette audience pour développer, dans toutes ses dimensions, la notion de contre-pouvoir et ses vertus pour la démocratie.
A l’entame de l’audience, le président de la Cour Suprême, Nouhoum Tapily, a rappelé l’historique de l’institution judiciaire avant de parler de l’importance des contre- pouvoirs dans un état démocratique.
Les contre-pouvoirs, dit-il, permettent de réguler, contrôler, de freiner le pouvoir central pour l’empêcher de faire des abus. «Un vrai pouvoir démocratique se mesure à l’aune des contre-pouvoirs. Un pouvoir sans contre-pouvoir, conduit à l’abus. Tout être à qui, il est donné un pouvoir, est souvent tenté d’en abuser. Les contre-pouvoirs sont donc indispensables pour le bon exercice du pouvoir», a affirmé le président de la Cour suprême. Il y a, ajoute-t-il, plusieurs types de contre-pouvoirs qui se regroupent en contre-pouvoirs institutionnels (Assemblée nationale, la justice), contre-pouvoirs politiques (les partis politiques, l’opposition) et contre-pouvoirs sociaux (les syndicats, les ordres confessionnels, l’armée).
Il considère la presse comme un contre-pouvoir très puissant dans les démocraties modernes. Pour lui, les contre-pouvoirs doivent être dotés de moyens pour les permettre d’exercer pleinement leur rôle. Car, l’affaiblissement, indique-t-il, des contre-pouvoirs renforce le pouvoir central. Ce qui a fait dire au rapporteur de l’audience solennelle que les contre-pouvoirs doit être protégés par le pouvoir pour leur permettre de subsister d’abord, et ensuite d’exercer pleinement leurs rôle.
Le bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Issiaka Kéita abonde dans le même sens que ses prédécesseur avant d’interpeller le président de la République sur l’épineuse question de Kidal qui n’est pas encore devenue la ‘’propriété’’ du Mali, malgré les promesses faites par IBK aux Maliens à la veille de son élection à la magistrature suprême. «Les Maliens ne comprennent pas et veulent comprendre la situation de Kidal. Aussi, les Maliens veulent que justice soit rendue à toutes les victimes de la crise du nord et à celles des différents évènements de Kati » a-t-il lancé.
C’est le président de la République qui a bouclé la boucle de l’audience solennelle de la rentrée des cours et tribunaux. Il n’a pipé mot sur la situation de Kidal, sur laquelle il a été interpellé par le bâtonnier. Il s’est contenté de dire que thème du jour reflète l’une des préoccupations principales des Maliens. «Tout pouvoir légitime non régulé porte en lui-même les germes de sa nuisance », a-t-il affirmé. Mais pour lui, le pouvoir et le contre-pouvoir sont complémentaires et doivent exercer leurs activités dans le strict respect de la légalité.
Cette rentrée judiciaire a été un véritable cours magistral sur la démocratie. Il reste à traduire ces beaux discours en actes concrets. Car, nul n’ignore que le vrai contre-pouvoir semble être le maillon manquant dans la démocratie malienne.