Dans cinq ans, il est le remplaçant d’IBK, c’est le pacte, un secret de Polichinelle !
« Je te fais élire, à votre tour de me renvoyer l’ascenseur le moment propice ». Voilà le contrat IBK-SMB à moins que cela ne tourne au vinaigre, connaissant de quoi est capable chacun de ces deux Hommes. En revanche, ce qui est plus impressionnant, c’est de constater l’empressement de Soumeylou Boubèye Maïga à s’approprier le pouvoir politique sans même attendre l’investiture de la personne à qui il a remis la clé de notre destinée.
Bien sûr qu’un malaise demeure. Pour tout observateur avisé, on se demande pourquoi SMB redore son blason au lieu de s’occuper de l’image ternie de son mentor IBK qui en a plus besoin, lui qui est disqualifié aux yeux de son Peuple. Jamais, un Président de la République n’a été autant décrié. En principe, le Premier Ministre devrait tout d’abord soigner l’image de son « Protégé » et sauver ne serait-ce que le peu d’honneur du Mali s’il y en reste encore. Mais c’est tout à fait le contraire. Avec ces différents papiers publiés souvent sous forme de Tribune dans la presse et sur les réseaux sociaux ainsi que de petits groupes installés à son nom par-ci et par-là, qui Boubaye veut-il convaincre? De toute évidence, les Maliens ne sont pas dupes et sa reconduite par celui qui lui doit désormais le prestige, un prix inestimable pour un « Mandé Massa », était prévisible.
D’ailleurs, ça se chuchote dans tous les salons feutrés de Bamako: « Soumeylou Boubèye Maïga serait venu aux commandes pour une seule mission, celle de faire réélire IBK qui, en fin de mandat, lui renverrait l’ascenseur ».
Dans cette optique, dès qu’il s’est installé dans le fauteuil de Premier Ministre, le maître de la Primature a entamé plusieurs rencontres à l’extérieur. Rusé, la première stratégie de SMB a été axée sur plusieurs voyages à l’intérieur et à l’extérieur du pays pour rencontrer les vrais décideurs afin de les rassurer. Mission pleinement accomplie. Comment a-t-il pu les persuader ? Sans doute en prônant de ramener la paix au Mali.
Ensuite, il se crée une sorte de mythe « d’Homme fort du Mali », le Fiston National Karim le nommera ainsi «Le Tigre». Entourés de petits soldats à la solde du prince comme des mouches qui font le buzz autour du miel, des articles à caractère favorable parfois sous forme de Tribune ou publi-reportage pleuvent sur les réseaux sociaux, dans les colonnes de certains journaux, le qualifiant ainsi d’Homme de la situation, allant jusqu’à lui pressentir au faîte de la magistrature suprême du Mali. Selon les auteurs, il est le Super héros qui a tenu parole en organisant une élection présidentielle «crédible», et «transparente» en si peu de temps. Qu’à cela ne tienne !
« L’éloge ne corrige pas le visage où la beauté manque » William Shakespeare
La réalité est tout autre et loin du cadre à la tenue d’une élection équitable. Des fraudes électorales à ciel ouvert que personne ne peut contester allant jusqu’à des bourrages d’urnes de 100% pour son seul candidat. Un truquage grotesque ! Qui aurait pu imaginer un tel scénario ?
Cet épisode honteux dans l’Histoire de notre pays malheureusement n’a apporté que frustrations, injustice et désarroi envers un Peuple qui espérait mieux. Par conséquent, la jeunesse malienne a exprimé son indignation puis, très vite, les tensions inévitables ont surgi. Impuissants, des jeunes révoltés, estiment qu’ils ont été dépouillés de leurs votes par le Régime et délaissés par la Communauté internationale si bien que le ressentiment d’abandon s’est manifesté au sein du camp adverse et nombreux se sont retranchés derrière leurs positions et refusent de faire la moindre concession.
Pour la première fois au Mali sur l’ère IBK, les Maliens sont divisés à un certain point que la haine a pris le dessus. Plus que jamais, les activistes des deux camps se regardent en chiens de faïence, les Religieux qui étaient auparavant nos Guides spirituels ne sont plus crédibles ; les griots, nos conciliateurs en toute circonstance, sont devenus partisans ; tous, frappés par le syndrome SMB-IBK : «Diviser pour bien régner ».
La maison « Mali » va de mal en pis et cela dépasse les différences d’opinions. Désormais, personne n’est à l’abri.
Au Nord du Pays, les bandits armés sèment la terreur. Au Centre, rien ne va entre Peulhs et Dogons depuis l’arrivée du SMB à la Primature. Le conflit ne cesse de s’enflammer au risque de dégénérer. Et, aujourd’hui, ce sont les Bamakois qui sont atteints de répression par la sécurité d’État qui terrorise les citoyens suite à des pratiques dignes de films gangster. Des séries d’enlèvements orchestrés par les autorités dans une illégalité totale.
Qui appuie sur le bouton ? Probablement des personnes qui ont aussi peur…
De quoi ? Nul ne le sait.
Il va sans dire que l’autoritarisme du Régime n’arrange aucunement la situation et laisse certainement des traces indélébiles ; car, sans équité, il n’y aura jamais de paix.
Comment une maison pourrait-elle rester debout quand elle est divisée ? Le Mali ne peut être solidifié si IBK et son clan optent à moitié pour quelques Maliens et à moitié contre les autres. Aussi, toute nation divisée contre elle-même risque d’être dévastée. Le Premier Ministre fraichement reconduit le sait. Mais il joue quand même.
À quel jeu joue-t-il ? Nous le serons le moment venu.
Ce qui est sûr, c’est que, généralement, la division n’arrive pas par accident, elle est le résultat d’une tactique délibérée. Le but étant de détruire, d’offenser, de vaincre et de faire échouer l’autre. C’est tout un art que SMB sait manier avec subtilité et qu’il a utilisé sans modération lors de cette élection présidentielle 2018 dont le constat n’est guère réjouissant. Espérons qu’un jour, peut-être, nos différences seront résolues et l’unité restaurée.
Tout compte fait, il se pourrait même que cette élection présidentielle «imperdable» devienne «ingagnable» pour lui, après les poursuites judiciaires entamées contre la Cour Constitutionnelle par certains candidats malheureux.
N N C
Le Combat