Le Mali vit le plus grand tournant de son existence, celle de sa réhabilitation. Après qu’il soit tombé de son piédestal à cause de douloureux événements. Notamment le putsch du 22 mars 2012 avec son corollaire d’instabilité sociopolitique, l’occupation des 2/3 du territoire par des djihadistes terroristes. Alors, élu avec une majorité écrasante des suffrages exprimés, IBK fait face à trois grands défis majeurs pour relever le Mali. Il s’agit de la gestion militaire, de celle religieuse et puis de celle du terrorisme. Comment s’y prendre donc ?
Agé aujourd’hui de 68 ans, le président malien n’a pas la même marge de manœuvre que lorsqu’il était jeune Premier ministre. Et puis, PM, il avait été nommé mais aujourd’hui il a la lourde responsabilité devant l’histoire en tant qu’élu de la nation. Alors, il a du pain sur la planche au moment où il fut élu par des méthodes peu orthodoxes dans un pays comme le Mali. D’où depuis, des remous.
En devenant le 3ème président élu de l’ère démocratique, IBK s’attend plus à de la quinine que plus que du beurre. Car, le pays vient de très loin pour pouvoir se reconstruire. Pour cela donc, il doit cesser d’être amorphe avec toujours des discours de rigueur sans suite logique. Puisqu’il se trouve face à trois défis majeurs pour redémarrer les batteries d’une machine presque totalement noyée.
D’abord, la gestion militaire. Le coup d’état dernier n’est pas le premier que le Mali a connu. D’ailleurs, celui-là est plus un abandon de poste d’un président fatigué, déboussolé qui cherchait un point de chute. Pour autant, Kati est devenu une République dans une autre. Des jeunes putschistes ayant mis tout le monde au pilori. S’adonnant au pillage, aux humiliations et au total laisser-aller. Le peuple meurtri n’avait aucun pouvoir pour s’opposer car ceux qui l’ont tenté ont tous ou presque été, à la limite, humiliés. Donc, IBK doit d’abord remettre les forces armées et de sécurité (FAS) à leur place. C’est-à-dire au service de la Nation mais sous commandement des autorités de la République. Pour ce faire, il faut totalement réhabiliter les bérets rouges, faire déguerpir Sanogo et son clan de Kati en réorganisant totalement cette garnison combien importante dans la défense nationale. Aussi, en leur tenant le langage de la vérité car eux seuls ne pouvaient nullement le faire élire sinon ils l’auraient fait dès le 1er tour. Car, c’était le scénario qui avait été préparé et monté en toute pièce. Comme il l’a si bien dit dans son adresse à la Nation : « Que la hiérarchie prévale ! Que les chefs militaires s’assument ! Que la chaîne de commandement se fasse obéir ou qu’elle s’avoue impuissante et incompétente, alors ce qui doit être fait le sera, et ce sans délai. Je n’ai pas été porté à la tête de ce pays pour l’affaiblir, le trahir, le piller, en faire la risée du monde ou le laisser aller à la dérive. Je suis là pour servir avec foi, ardeur et détermination constantes ce peuple du Mali qui me fait confiance, une confiance totale et sans faille. Rien ne me divertira donc de mon devoir. Aucun danger, aucun risque, aucune intrigue. L’Etat de droit, le pays porteur des plus belles opportunités ne sera pas facile à construire. Mais, pour qu’il soit demain, il faut que nous en posions le socle dès aujourd’hui. Je n’ai pas promis, non plus, un pays clé en main, vous le savez. Que cela soit clair, Kati ne fera plus peur à Bamako ni à Koulouba. »
Ensuite vient la gestion des religieux. Notre pays est à grande majorité musulmane. S’il est vrai qu’il y a eu des appels à voter IBK, il faut reconnaître aussi que tous les autres candidats ont eu leur part de militants. Parmi lesquels votants, il y a aussi bien les chrétiens, les animistes et bien sûr les musulmans. Il est donc opportun qu’IBK se démarque vite de ceux-là qui crient d’être à l’origine de son élection. Notamment certains religieux qui d’ailleurs continuent à se démêler pour annoncer de pouvoir lui offrir une majorité à l’Assemblée nationale. S’il est démocrate, il doit sortir de ce jeu aux conséquences désastreuses et catastrophiques pour notre pays. AQMI, ANÇARDINE, MNLA ou encore MUJAO ne sont-ils pas la même clique ? Alors, au prince de Sébénicoro de s’assumer pour pouvoir relever le défi. Pour pouvoir bénéficier du soutien populaire qu’il a tant besoin. Sinon, gare à lui !
Enfin, les terroristes comme le MNLA. L’heure n’est plus à la carotte, le monde entier a connu la vérité et en est vraiment conscience. C’est vrai que nous sommes dans une dynamique de réconciliation mais cela ne veut pas dire de manquer du respect aux représentants de l’Etat. IBK, alors doit agir, sévir en tenant le langage de la vérité à la France bien qu’elle soit à nos côtés. Car, il faut que la France sache que nos hommes ont la capacité de lui donner satisfaction avec des moyens adéquats. Le problème français se situant à deux niveaux majeurs, la richesse de notre sous sol et la libération des otages. Alors, la gestion du Nord notamment Kidal ne doit plus être complaisante.
Quoi qu’il en soit, nous estimons qu’en parvenant à gérer ces trois défis, IBK pourra redonner confiance aux maliens, il pourra réhabiliter le Mali pour des lendemains meilleurs. Mais, en restant sous coupole de l’un ou l’autre de ces entités, il risque de se mordre le doigt. Et dans un bref délai.
Boubacar DABO
Source: Zénith Balé