Crée le 30 juin 2001, au stade Modibo KEITA en présence de 15 000militants et sympathisants, le nouveau parti appelé Rassemblement Pour le Mali (RPM) est né avec ses trente deux dents. Au départ, il a compté 32 Députés, des centaines de Maires, des cadres valeureux à l’image du Dr TRETA, malgré la chasse aux sorcières menées par Alpha Oumar KONARE, Soumaila CISSE, Soumeylou Boubeye MAIGA contre ces partants du parti présidentiel qui était l’ADEMA.
En un an, le RPM a envahi les coins et recoins du Mali en s’implantant fortement. La raison évoquée par ce regain spontané de la classe politique était qu’Alpha Oumar avait promis à IBK d’être son dauphin, et il l’a trahi par la suite, alors que tous les Maliens pensaient que c’est IBK qui a stabilisé son régime contre les assauts répétés de l’opposition, des élèves et surtout des mouvements armés de l’époque.
Pendant douze ans ces cadres ont mis entre parenthèse leur carrière pour sauver celle de leur leader c’est-à-dire IBK. Avec le soutien du RPM IBK est devenu le président de l’Assemblée Nationale avec l’appui de la cour constitutionnelle, puis président provisoire du parlement Panafricain dont le siège provisoire était à ADDIS-ABEBA. Pendant huit ans, il a été membre de ce parlement Panafricain. Les circonstances aidant en 2013, il est devenu le président de la République alors qu’il n’avait que neuf députés à l’Assemblée Nationale du Mali.
Une fois élu, son langage a été de dire dru que sa victoire n’était pas due au RPM, mais au peuple Malien tout entier avec un score de 78,79 %. Plus tard, il précisera que sa victoire était due au vote des religieux. La formation du gouvernement en Septembre 2013 a été une autre occasion pour le président IBK de tacler encore une fois son parti. Son premier-Premier ministre était un novice en politique. Il n’avait aucune considération pour le parti qui a cheminé avec IBK afin qu’il soit à Koulouba. Le président IBK et son tout nouveau Premier-premier ministre ont couramment ignoré le parti RPM dans les faits et gestes politiques.
En réalité, la victoire d’IBK est d’abord l’œuvre du RPM avant d’être sa victoire, sans nul doute. Comme le dit un proverbe : « On ne traite pas de petit homme, un chasseur auprès de son défunt gibier ». Au cours des élections présidentielle de 2013, le chasseur a été bien le RPM et le gibier est bien le poste de président de la République.
En démocratie, il y a des règles qu’on ne viole pas si on veut faire un résultat positif. L’une de ses règles est de ne pas ignorer le fait majoritaire dans la gouvernance. Il y a tout juste deux semaines qu’il confirmait avec fierté que son parti est bien le RPM. Mais qu’il ne rentrera pas dans une gestion partisane avec son parti a-t-il précisé. Un fait rare dans la démocratie moderne, c’est la nomination d’un Premier ministre en dehors du parti qui détient une majorité absolue et confortable à l’Assemblée Nationale.
On peut même se poser la question de savoir, pourquoi les présidents élus grâce aux principes démocratiques se débarrassent de leur parti au profit d’autres alliances ? Sur les cinq Premiers ministres du premier quinquennat d’IBK, celui issu du RPM à savoir Abdoulaye Idrissa MAIGA n’a fait que huit mois sur 60 au total soit 13% de temps de règne. Il y a dans ce comportement d’IBK, un non dit, caché quelque part dans ses relations avec le RPM. Le RPM peut-il prendre le risque d’endosser la responsabilité du bilan d’IBK ?
Nous ne le croyons pas, car le peuple RPM est très frustré, malgré les sorties hasardeuses de quelques ministres griots pour nous dire qu’IBK sera réélu sans bavure. Sa dernière rencontre avec le RPM nous a révélé que le ver est déjà dans le fruit, lorsqu’on se réfère aux paroles qu’il leur a tenu en ces termes : « Pensez-vous me détruire, non, détrompez-vous, IBK est un homme humble avec une carrière bien remplie. Je n’ai plus rien à perdre. J’aime le Mali, je l’ai servi en toute humilité avec toutes mes forces et tous mes moyens. Au lieu de me soutenir vous vous êtes mis dans vos calculs incertains, irréfléchis oubliant comment nous avons obtenus ce pouvoir. Finalement tout est foutu.
Alors tant pis… ». C’est après qu’il dit avoir pardonné à tous, tout en demandant pardon à tous. La question qui taraude les esprits est qu’IBK a-t-il trahi son parti pour une énième fois en nommant le président d’une formation politique qui n’a que cinq députés ? Quelle sera alors la riposte de son parti ? Nous ne saurons le dire maintenant, car tous les contours du remaniement de la veille du nouvel an ne sont pas encore connus.
Seydou Diarra
Le Carréfour