En deçà du prix plafond fixé par l’Office national des produits pétroliers(ONAP), l’essence vendu par la station ‘’Yara service’’ à bon prix gagne le marché urbain. Mais la question de la qualité se pose dans ce trafic lucratif où les acteurs ne veulent piper un mot craignant gâcher leur fête.
Depuis le 18 aout dernier, date à laquelle le président de la république Ibrahim Boubacar Keita a quitté le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat militaire, le prix de l’essence connaît une baisse drastique dans certaines stations nationales notamment à Yara service, et au niveau des revendeurs détaillants.
Cédé à 600f ou même à 500 à certains endroits de la capitale, le prix de litre connait le plus bas prix à Bamako depuis plus d’une décennie. A la station Yara service, le litre d’essence est vendu à 600f de même auprès des revendeurs détaillants. A Sougounikoura, quartier populaire de la capitale, il est à 500f.
Pourtant, à la date d’aujourd’hui, à l’Office national des produits pétroliers(ONAP), organe régulateur des prix des hydrocarbures, les prix plafonds sont fixés à 608f pour le gasoil et 678f pour l’essence à la pompe. Si cette baisse est saluée par un bon nombre des citoyens, il semble dissimiler une autre réalité : un trafic ourdi ?
Ecœurés, les usagers des motos et autos s’interrogent sur l’origine de cette situation nouvelle. Autant la rédaction de L’Observatoire. Nos investigations relatives à cette situation révèlent diverses informations.
Auprès des revendeurs détaillants que nous avons rencontrés nombreux affirment avoir acheté le carburant à Yara service pour le revendre. Ils se disent, tout de même, surpris par le prix et s’interrogent sur la provenance du produit. Ensuite, dans cette affaire, il y a des gens qui soutiennent la thèse des carburants volés lors de saccages des stations Total, Shell et Oryx pendant les manifestations des 10, 11 et 12 juillet derniers, lesquels seraient remis en vente.
Alors est-ce il y a le rapport entre le carburant volé et cela vendu à bas prix par la station Yara service ? Mystère. L’explication donnée par un observateur par rapport à ce sujet est aussi pertinente. Selon lui, cela peut s’expliquer plus ou moins par la qualité du produit qui reste à désirer. Le carburant vendu à 600f le litre alors qu’il est à 678f dans les stations comme Total et Shell soulève de doute sur sa qualité.
« Le carburant vendu en deçà du prix plafond n’est pas de qualité. Il a des conséquences négatives sur les moteurs des engins », reconnaît notre interlocuteur.
Une source à l’Office national des produits pétroliers, ONAP, donne une explication parallèle. « La baisse des prix d’essence par litre dans les stations Yara et au niveau des revendeurs détaillants s’explique du fait que la société possède ses propres moyens de ravitaillement. Aussi, dans cette entreprise les employés ne sont pas bien payés », soutient la même source précisant que la station Total qui loue les citernes pour se ravitailler, paie bien ses employés ne peut pas vendre le litre en deçà du prix plafond.
Générosité ou une exploitation de l’homme
Donc, la baisse des prix d’essence à la station Yara en deçà du plafond fixé par l’ONAP trouve sa justification vraisemblablement dans l’exploitation des gens qui y travaillent en son sein. Sinon, comment dans un même pays, il peut y avoir de différence de prix sur un produit importé ?
Étant le président des fournisseurs nationaux des hydrocarbures du pays, le PDG de Yara service, selon un opérateur du secteur pétrolier sous couvert d’anonymat, bénéficie de la largesse des services des douanes pour faire passer certaines de ses marchandises sans respecter les obligations douanières. Toute chose, selon lui, qui explique la particularité des prix de litre d’essence dans les stations Yara service.
Incontestablement destiné à développer les affaires de l’un des plus grands fournisseurs nationaux des hydrocarbures, le PDG de Yara service, le trafic du carburant à bon prix dans la capitale semble être fait contre la caisse de l’Etat. Cependant, la douane de son côté ne parait pas rester en marge de ce trafic florissant, étant donné qu’elle doit veiller et dédouaner équitablement tous les produits de même nature entrant le sur territoire malien.
Dans le souci de parfaire ce travail, notre sollicitation par messagerie auprès du DG des douanes maliennes pour en savoir un peu sur le nombre des citernes Yara transités par ses services depuis la chute du régime d’IBK est restée sans réponse. Une façon de comparer cette période aux précédentes.
Ousmane Morba
Source: L’Observatoire